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ne fi detestable seruitude, veu que s'ils penfoient s'échapper, au lieu de trouuer du refuge, reconnus à la marque de leurs maistres qu'ils leur imprimoient en diuers endroits de leurs corps auec vn fer chaud, ils y eftoient ramenez & traittez comme il a efté dit. Ez lieux auffi où ils ont pû fe foûleuer,il n'y auoit point de cruauté comparable à la leur, & il eft impoffible de bien reprefenter de quel genre de langueur ils faifoient finir la vie à ceux qui les auoient ainfi tourmentez de la forte, comme on l'a veu arriuer plufieurs fois.

pas

Il eft vray que les Hollandois n'exerçoient cette forte de barbarie, mais leur auarice y contribuoit indirectement: car cette grande cherté où ils auoient mis toutes chofes, au moyen de leurs impofts, obligeoit les marchands & particuliers qui vouloient beaucoup profiter, d'en hauffer exceffiuement le prix aux Portugais, qui de neceffité paffoient par leurs mains,& ausquels il eut esté impossible de fubfifter ny fe conferuer dans leur condition ordinaire, tant pour l'entretien de leurs familles, que pour les prefents & les gros payemens qu'il falloit faire, fans redoubler leur rigueur à leurs efclaues, dont ils eftoient obligez de groffir le nombre,ce qui ne fe pou uoit faire qu'en s'endebtant,afin que leur trauail pût fuffire à les acquitter. Durant quelque

temps pour fe maintenir en bonne odeur, ils fournirent fi grande quantité de fucre au Recif,pour la compagnie & à leurs autres creanciers, que les magafins n'eftoient pas plustost vuides qu'on les voyoit remplis, & dont on chargeoit les nauires qui eftoient menez en Hollande, d'où on en enuoyoit d'autres pleins de denrées qu'on debitoit confusemét toufiours à credit; en forte qu'il fe trouua que les feuls interefts abforboient tout le reuenu qui pouuoit prouenir du labeur des Portugais & de leurs efclaues, confideré que la liure de fucre noir fut mife à fi vil prix, qu'on la donnoit à vn fol, & celle de blanc à trois, au lieu que s'il eut fallu payer les efclaues de leurs iournées, & les nourrir, comme l'on fait les mercenaires en ce pays, elle reuiendroit à bien plus grand prix.

C'eftoit ce que le Roy Dóm Ican souhaittoit le plus que de voir les Portugais de la conquefte fort engagez aux Hollandois, il leur auoit fait mefme confeiller de ne point craindre de s'endebter, & toufiours prendre ce qu'o leur voudroit donner à credit, afin d'alliener toufiours dauantage les debteurs de leur creaciers, quand pour l'acheminement de fes intentions, il leur propoferoit non feulement l'exemption de tout payement,mais qu'il leur. abandonneroit les moyens de ceux qui auoiết

Iohan Fernandes Diera.

Richeffe du Brefil.

droit de leur demander. Il n'y auoit encore
que quelques affidez qui fçauoient le fecret &
donnoient des aduis en cachette de tout ce
qui fe paffoit chez les Hollandois, nommé-
ment Iohan Fernandes Diera Molate,qui exa-
geroit iufques aux moindres choses. Par luy
on fçeut en Portugal la puniffable negligen-
ce de ces feigneurs du haut Confeil qui laif-
foient déperir les bastions & bouleuards des
fortereffes dégarnies de foldats, admettoient
les Portugais aux charges & offices de iudica-
ture dans le plat pays,qui n'eftoit peuplé d'au-
tres gens, ne parloient plus de s'enquerir sils
auoient des armes, diftribuoient les facultez
de la Compagnie fur des cedulles, viuoient
comme dans vne fecurité, & fans autre pre-
uoyance que de faire courir les fergents leur
demander de l'argent ; estoient facilement
charmez & tous les autres magiftrats par des
dons & presents. Le Roy de Portugal iugea
que c'eftoit là le vray temps dont il fe falloit
preualoir pour les fupplanter & s'en faire ab-
folu. Il eftoit tres-bien informé que le Brefil
n'eftoit pas peu de chofe, qu'il fe pouuoit esti-
mer autant que fon Royaume, sil en eftoit
le feul feigneur, qu'il rendoit autresfois à
Dom Sebastien Roy de Portugal
ducats clair & net annuellement dans fes
coffres, fans les dons gratuits, & ce nom-

***

brede fes fubiets qui en retournoient chargez de richeffes: Que la Compagnie des Indes retiroit tout le profit, efteignoit le negoce de fes fubjets. Il'auoit des memoires qu'elle chargeoit au Recif& dans fes autres havres quatre-vingt à cent nauires par an, remplis de fucre & bois de Brefil, creut qu'il eftoit facile de les en fortir pour iamais, que cela fait il y auroit mille raifons pour iuftifier ce procedé, auffi bien que les Hollandois auoient fceu faire leur prife d'Angola', que c'eftoit la faifon de s'en fouuenir & leur rendre le change,& qu'on feriroit encore de ces marchands, & que les habitans, qu'il nom moit fon vray peuple, feroient toufiours prefts de viure & mourir à soferuice, auffitoft qu'il auroit parlé, ce dont il ne doutoitpoint.

Cette refolution prife parle Roy de Portugal de s'approprier ce que les Hollandois auoient au Brefil,nonobftant la paix, il en comit l'execution à fon Viceroy de la Baye de tous les Saints, grand zelateur de fanation, & qui en donna des preuues en l'extinction des Caftillans: Il eftoit fur les lieux, en auoit para faite connoissance, & feul mieux qu'homme du monde pouuoit inuenter les moyens d'y bien reüffir, on luy en efcriuit, il promit de s'en emparer,mais qu'il falloit vn peu temporifer,& qu'on ne manquât pas de lui dépefcher

fecrettement des nauires auec des hommes de guerre & quantité de bonnes armes & munitions auparavant que d'efclateer. L'Ambassadeur des Eftats generaux à la cour de Portugal eut le vent de cet armement & du départ deces carauelles pour la Baye, il l'efcriuit à la Hayes mais comme on ne fçauoit deuiner à quel fujet, les Dixneufmanderent au Conseil du Recif(cela eftoit fur la fin de l'an 1644.) de s'en enquerir. Les rufez Portugais connurent bien que bela donnoit de l'ombrage aux Hollandois, lefquels à ce bruit les regardoiết d'vn œil de méfiance, & eftoient toufiours à leur demander à quoy faire ces hommes & ces armes, & s'ils fe vouloient reuolter. Les principaux fe trouubient à tous momens chez les magiftrats, fe plaignoient & prenoient à háute offence qu'on les foupçonnaft, & auec d'horribles fermens protestoient n'en auoir iamais ouy parler, ne reconnoissoient point d'autres fuperieurs que la Compagnie des Indes, & ceux qu'elle leur enuoyoit pour leur commander, n'espouseroient de leur vie au→ tres interefts que celuy-là, que s'ils appre noient le moindre mauuais deffein, ils seroient les premiers à le reueler, tueroient de leur propre main celuy d'entr'eux qui en couRufes & artifices des ueroit la penfée: Comment, difoient-ils, oferions-nous pretendre de troubler cet eftat?

Portugais.

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