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pas du moins le présumer avec beaucoup de fondement d'après la nouvelle mesure (1) d'un arc de près de trois degrés exécutée en Angleterre, où le degré méridional est d'environ quatre-vingts toises plus grand que le degré boréal, mesure qui renverseroit les théories de la figure de la terre, s'il ne restoit aucun doute sur son exactitude. Nous cherchons à pénétrer dans le sein de la nature; elle nous présente sans cesse des exceptions à ses lois générales; c'est Protée qui nous échappe sous la multitude infinie de ses formes variées.

Cependant c'est par le grand nombre de faits accumulés que sont connues les causes des exceptions et dissipées les incertitudes qu'elles ont produites; c'est par eux que triomphent toujours les principes de toute saine théorie. Il est donc à desirer que plusieurs grands arcs terrestres soient mesurés sur différentes parties du globe, avec les nouveaux moyens d'exécution découverts en France. Embrassée ainsi dans son contour par des portions de méridien exactement déterminées et même par des arcs de parallèle à l'équateur, la terre se trouveroit, pour ainsi dire, placée dans la main du géomètre et plus immédiatement soumise à ses calculs.

Les Français viennent de faire sur cet objet tout ce

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(1) M. Mudge vient de mesurer en Angleterre un arc de 2° 50′ 23′′, 38, qu'il

a partagé en deux autres, l'un de 1° 36′ 19′′, 98 et l'autre de 1° 14' 3", 40. Il a trouvé 60864 fathoms ou toises anglaises pour le degré dont la latitude moyenne est de 51° 36′ 18′′, et seulement 60776 pour le degré dans la latitude moyenne est de 52° 50' 30".

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Base du Système métrique, etc., tome 2, page 619.

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que pouvoit comporter leur position géographique; ils ont même prolongé leurs opérations bien loin au-delà des limites de leur territoire; les Pyrénées se sont abaissées devant eux. D'autres peuples pourront former des entreprises de cette nature. De grandes chaînes de triangles pourroient s'étendre du golfe de Riga au golfe de Lépante, de celui de Finlande à la mer de Marmara, de la mer Blanche à la mer Noire. Il seroit d'un grand intérêt pour les sciences de pouvoir comparer les degrés des méridiens sous le même parallèle, et de résoudre par le fait la question de leur ressemblance ou de leur dissimilitude. Il seroit aussi d'un égal intérêt de mesurer de grands arcs terrestres dans l'hémisphère austral; mais ces vastes entreprises présentent de grands obstacles dans l'exécution; elles exigent le concours de plusieurs souverains. La Russie seule pourroit, sans l'accession d'aucune autre puissance, étendre dans ses vastes domaines, ainsi que l'avoit proposé de L'isle en 1737 à l'Académie de Pétersbourg, trois grandes méridiennes, dont chacune seroit à peu près égale au quart de la distance du pôle à l'équateur.

Ces projets qu'ont arrêtés sans doute de grands intérêts politiques et des guerres continuelles, peuvent être aujourd'hui renouvelés avec quelque apparence de succès. Une grande impulsion est donnée à l'Europe par l'homme de génie qui préside aux destinées de la France, et le souverain qui règne sur la Russie est ami des sciences et de la gloire des entreprises qui caractérisent unea me élevée. Cependant si ces immenses travaux doivent honorer le siècle présent, ce ne peut être qu'au sein d'une profonde paix, lorsque l'Europe, sous des auspices plus

favorables, se sera reposée quelques temps de ses longues dissentions.

ARTICLE IV.

OPÉRATIONS FAITES EN LAPONIE

POUR LA DÉTERMINATION D'UN ARC DU MÉRIDIEN.

Après les opérations faites en France et en Espagne, pour la mesure de l'arc du méridien compris entre les parallèles de Dunkerque et de Formentera, celles qui viennent d'être faites en Laponie par des astronomes suédois, dans les premières années du dix-neuvième siècle, méritent une attention particulière, autant par leur exactitude que par les rapports qu'elles ont avec les mesures déterminées dans les mêmes lieux, en 1736, par des astronomes français.

En comparant les différens degrés de latitude mesurés sur le globe terrestre, M. Melanderhjelm, habile géomètre suédois, ancien professeur d'astronomie à l'Université d'Upsal et secrétaire de l'Académie de Stockholm, frappé de l'accroissement brusque et rapide de celui du nord, conçut des doutes sur la validité de sa mesure, non pas qu'il rejetât les erreurs dont il la croyait affectée sur un défaut de lumières et de soins de la part des hommes qui l'ont exécutée, mais sur l'âpreté du climat auquel ils n'étoient point habitués, sur les dérangemens possibles de leurs instrumens qu'ils étoient obligés de transporter sur des montagnes, au milieu des neiges, dans des temps horribles, sur quelque légère inflexion occasionnée par les voyages, dans le grand secteur employé pour les observations des latitudes, sur quelque défaut insen

sible qu'il pouvoit avoir dans sa construction; car à cette époque l'on n'avoit pas encore atteint dans cette partie le même degré de perfection qu'aujourd'hui.

Il pensa même que le fil à-plomb du secteur pouvoit avoir été dérangé dans les observations par les attractions de quelques chaînes de Montagnes situées vers les extrémités de l'arc mesuré.

Après avoir réfléchi quelque temps sur les causes des erreurs présumées du degré de Laponie, il conçut l'idée de proposer une nouvelle mesure, qui seroit exécutée avec des instrumens plus parfaits que les anciens, et dans laquelle seroient mises en usage toutes les méthodes que l'expérience et le temps avoient perfectionnées; il commença donc par engager M. Svanberg, directeur de l'Observatoire de l'Académie des sciences de Stockholm, qui devoit, en 1799, faire un voyage à Torneo sa patrie, à retrouver, s'il étoit possible, quelques vestiges de la mesure de 1736, à reconnoître les stations choisies par les astronomes français, à calculer enfin l'influence qu'ont pu exercer les montagnes situées aux extrémités de l'arc mesuré sur la déviation du fil à-plomb dans le secteur.

M. Svanberg, plein de zèle pour tout ce qui pouvoit contribuer aux progrès de l'Astronomie, s'engagea volontiers à suivre les idées de M. Mélanderhjelm. Il partit vers le commencement du printemps de l'année 1799, avec les instrumens dont il avoit besoin pour le nouvel objet de son voyage.

Ce savant transplanté des confins d'un pays à demisauvage dans une capitale, la résidence des rois de Suède, revit sans doute avec plaisir les contrées presque désertes qui l'avoient vu naître, et parcourut avec l'intérêt qu'ins

pire l'amour des sciences, ces lieux célèbres où d'illustres géomètres du midi n'avoient pas craint, pour mesurer la terre, de venir affronter les glaces du nord : c'étoient ces mêmes lieux qu'il interrogeoit sur leur ancienne opération; il y cherchoit les pas de ces savans dont les noms immortels sont parvenus au-delà du cercle polaire. D'après les observations et les calculs de M. Svanberg, il fut démontré que le fil à-plomb du grand secteur employé par les astronomes français, n'avoit pu dévier sensiblement de sa position verticale par les attractions des montagnes situées dans le voisinage des lieux où se sont exécutées les opérations, et qu'ainsi les erreurs de la mesure de 1736, s'il en existoit, ne pouvoient leur être attribuées; qu'il avoit à la vérité trouvé quelque différence entre les hauteurs des signaux, tels qu'ils sont sur les lieux, et ceux qui sont décrits dans l'ouvrage de Maupertuis, sur la figure de la terre; que cette différence pouvoit dans les réductions à l'horizon influer sur la grandeur de la mesure terrestre, mais qu'elle étoit insuffisante pour expliquer des erreurs considérables dans

cette mesure.

Ces premiers résultats affermirent M. Mélanderhjelm dans son idée d'une nouvelle mesure; il se proposoit même d'en solliciter l'exécution auprès du roi ; mais avant cette dernière démarche, il demanda les conseils de ses collègues de l'Académie des sciences de Stocholm, ceux des savans étrangers avec lesquels il entretenoit une correspondance habituelle; tous partagèrent son opinion sur l'importance du projet, et lui témoignèrent le plus grand desir de le voir s'exécuter. Une nouvelle opération de laquelle on attendoit sans doute encore quelques lumières sur la détermination de la vraie figure de la terre, com

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