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mais aidé de ce puissant secours, il a mesuré le diamètre apparent de son disque devenu sensible. Ce diamètre, réduit à la moyenne distance de la terre au soleil, a été estimé de 1' 14",52, c'est-à-dire, d'environ quatre fois et un tiers celui de la terre, qui n'est que de 17′′,2, réduit à la même distance. Le volume de la nouvelle planète seroit donc, d'après cette évaluation, qui, cependant ne peut être regardée comme très-précise, environ quatre-vingts fois plus grand que celui de la terre; et cependant peu s'en est fallu que ce corps si volumineux ne soit encore resté quelque temps ignoré dans les espaces célestes. Car, si le hasard, observe Lalande, eût dirigé le télescope d'Herschel vers cet astre onze jours plutôt, il ne se seroit point apperçu de son mouvement; la planète étoit alors stationnaire.

Mais s'il est vrai qu'un hasard heureux ait avancé sa découverte, un hasard d'un genre tout opposé l'avoit aussi retardée de seize ans. Lemonnier, en 1765, avoitobservé trois fois, en moins de huit jours, la planète qu'il prenoit pour une étoile. S'il eût comparé ses trois observations, il eût sans doute enlevé à l'astronome anglois l'un des premiers titres de sa gloire. Le nouvel astre, à cette époque, étoit presque en opposition, et son mouvement en ascension droite étoit très-sensible. Il est probable, au reste, qu'il ne pouvoit plus se cacher long-temps à la terre, que s'il eût encore dérobé sa marche au télescope d'Herschel, il n'eût pas échappé aux savans qui se sont occupés dans ces derniers temps de la formation de grands catalogues d'étoiles.

Les astronomes ont varié quelque temps sur le nom qui lui devoit être donné. M. Herschel l'avoit appelé Georgium Sidus, l'astre de George, en recon

noissance des encouragemens qu'il avoit reçus du roi George. Lalande et d'autres l'appeloient Herschel, du nom de l'auteur de la découverte. On avoit aussi proposé les noms de Cybèle et de Neptune; mais le nom d'Uranus, qui lui fut donné par M. Bode, a prévalu sur tous les autres.

SATELLITES D'URANUS.

Pour ne pas interrompre la série des découvertes faites dans le monde d'Uranus, nous allons parler de celle de ses satellites.

Ce n'étoit pas un médiocre effet de la puissance du télescope de découvrir une planète située vers les extrémités de notre système; mais cette puissance devoit paroître encore plus grande dans la découverte de six petits astres qui circulent autour d'elle : cette conquête, plus difficile que la première, étoit réservée à la cons

tance de M. Herschel.

à

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Dès l'année 1782, cet habile observateur commençoit soupçonner l'existence de quelques satellites autour d'Uranus. Il reconnut par leur changement de position, que les corps qu'il appercevoit auprès de la planète n'étoient pas des étoiles, mais des astres qu'elle entraînoit avec elle dans son cours; il consacra huit années entières à les observer. Il en découvrit d'abord deux le 11 janvier 1787, environ six ans après la découverte de la planète. Ces deux satellites étoient, par leurs distances, au centre de leurs mouvemens, le second et le quatrième. En observant leur situation dans diverses oppositions successives, il trouva que la révolution

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synodique du premier étoit de 8 17" 1′ 19,"3 et celle du second de 13 1" 5' 1", 5.

Un de leurs élémens importans, qu'il s'appliqua bientôt aussi à déterminer, étoit leur distance au centre de la planète. Une seule suffisoit pour en conclure d'autres, d'après les lois de Kepler : il s'attacha donc à découvrir celle du satellite le plus éloigné; il l'observa dans un grand nombre de positions différentes. L'ellipticité de son orbite lui parut sensible, et sa distance moyenne à la planète, de 43",23; il évalua celle de l'autre à 33′′,09. En 1790, il découvrit encore deux autres satellites de sa planète; l'un le 18 janvier et l'autre le 9 février; ce sont le premier et le cinquième, en désignant toujours leurs rangs par la distance. Il trouva celle du premier, qu'il appelle intérieur, de 25",5, et sa révolution périodique de 5 21" 25'; la distance du cinquième, qu'il appelle extérieur, de 88", 4, et sa révolution périodique, de 38; 1h 49'.

Il découvrit enfin les deux derniers en 1794; l'un le 28 février, et l'autre le 26 mars; ce sont le sixième et le troisième; il évalua la distance du sixième, qu'il trouva le plus éloigné de la planète, à 176",8, et sa révolution périodique à 107 16" 40′; la distance du troisième, qu'il appelle intermédiaire, à 38",57, et sa révolution périodique de 10' 23' 4'.

Ce que les satellites d'Uranus présentent de plus remarquable, ce sont les rapports établis dans leurs distances. Celle du troisième satellite est la moitié des distances réunies du second et du quatrième; la distance du cinquième est le double de celle du quatrième, et la distance du sixième en est le quadruple. Quelles sont les causes d'une semblable régularité? Ces astres

ont-ils été dès l'origine lancés dans l'espace à de pareilles distances, et comment s'y sont-ils maintenus?

Une loi générale dans la Physique céleste est celle de la conformité des mouvemens des planètes et des satellites du système solaire; tous paroissent se diriger dans le même sens, c'est-à-dire, d'Occident en Orient, ou suivant l'ordre des signes; nulle exception à cette loi n'avoit encore été observée. Deux des satellites de la planète d'Herschel en ont présenté le phénomène aux yeux de cet observateur; ils s'avancent vers l'Occident à partir de leur conjonction supérieure, différens en cela des autres qui marchent tous dans un sens contraire; mais on peut observer que leurs orbites sont presque perpendiculaires à celle de la planète; ceux dont l'inclinaison des orbites surpasse le quart de la circonférence, doivent nous paroître rétrogrades.

On demandera peut-être si la découverte d'Uranus et de ses satellites est un objet bien important pour les progrès de l'Astronomie. Sous quel rapport, dira-t-on peut nous intéresser un astre à peine visible à la vue simple, marchant à pas lents dans sa route elliptique à plus de six cent millions de lieues de notre planète. Que ils ne nous importe la découverte de ses satellites ; présentent pas, comme ceux de Jupiter, des ressources aux navigateurs; ils ne peuvent être apperçus avec des instrumens ordinaires; ne semblent-ils pas devoir être mis au nombre de ces astres qui se perdent pour nous dans l'immensité de l'espace?

On peut répondre, que dans le système du monde rien n'est indifférent pour l'astronome, que les satellites d'Uranus, quoiqu'ils ne soient pas probablement moindres que ceux de Jupiter, ne peuvent, à la vérité, servir

de

de guides aux navigateurs, mais qu'ils peuvent par leurs révolutions et leurs distances, faire connoître la masse de la planète, sa force attractive et les dérangemens que pour sa part elle occasionne dans les mouvemens de Satúrne et ceux des autres planètes, connoissances qui concourent, avec tant d'autres, au perfectionnement des tables astronomiques.

C'est d'après la distance du second satellite, sa révolution et le diamètre de sa planète, que M. Herschel a calculé sa masse (1), qu'il a trouvée près de 18 fois plus grande que celle de la terre.

NOUVEAUX SATELLITES

DE SATURNE, SES BANDES, SA ROTATION ET CELLE DE SON ANNEAU.

Descendons maintenant d'Uranus vers Saturne, nous y trouverons encore des traces de l'infatigable activité de M. Herschel; deux nouveaux satellites échappés aux regards des astronomes, la rotation de l'anneau merveilleux qui l'environne, confirmée par ses observations, celle de la planète elle-même, et les cinq bandes qui paroissent recouvrir sa surface.

Dans le mois de septembre 1789, M. Herschel découvrit, par le moyen de son grand télescope, qu'il venoit de terminer, un sixième satellite de Saturne, plus voisin de cette planète et plus petit que les cinq derniers décou

(1) D'après les calculs de M. Herschel, la masse d'Uranus est à celle de la terre, comme 17,7 est à 1. Son volume est à 80,49, sa densité, 0,22.

Le rapport de la masse d'Uranus à celle de la terre, est, d'après les calculs de M. Laplace, de 16,90 à 1.

(Phil. transact. 1788, pag. 378 et Mécan. cél. tom. 3, pag. 61.

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