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Ainsi, en 1719, le ministère ne se retira pas, bien que la loi présentée par lui, sur la pairie, eût été rejetée avec deux cent soixante-neuf voix contre cent soixante dix-sept. En 1742 Walpole essaya, vainement, il est vrai, de gouverner avec une seule voix de majorité. Pitt, qui avait, en 1784, le roi et le pays pour lui, brava cinq résolutions de la chambre des communes, qui passèrent d'abord avec une majorité de cent soixante voix. La chambre des communes déclara inconstitutionnel le maintien d'un ministre qui n'avait pas sa confiance et demanda, par des adresses réitérées, à la couronne de le renvoyer; mais ce fut en vain. Puis, du 12 janvier au 1 mars, l'opposition se trouva réduite de cent soixante voix à une seule, par les moyens que l'on sait, il est vrai (1).

La dissolution du parlement, en 1841, amena à Westminster une formidable majorité hostile au cabinet Melbourne. Lors de la discussion de l'adresse, un amendement de l'opposition fut adopté, à la chambre haute avec soixante douze, et à la chambre des communes avec quatre-vingt onze voix de majorité. Bien que les membres de l'ancien cabinet fussent personnellement agréables à la reine, elle déclara que, << toujours pleine d'égards pour l'avis du parlement, elle allait immédiatement s'appliquer à la formation d'un nouveau ministère. »

Dans l'état de désorganisation auquel sont arrivés de nos jours les anciens partis, il est devenu commun de voir des ministères continuant à gouverner, de défaite en défaite, jusqu'à ce qu'un vote de défiance direct les élimine de leurs charges. C'est ainsi qu'en 1851

(1) Anstey, 295.

le cabinet Russell se trouva presque constamment en minorité. Il résigna, enfin, à la suite d'une motion de Locke-King sur la réforme électorale; mais, un nouveau ministère n'ayant pu se constituer, on rétablit encore pour quelque temps l'ancienne administration, jusqu'à ce qu'en 1852 lord Palmerston la renversa, avec l'aide des tories. L'administration de lord Derby, de 1858 à 1859, ne se soutint aussi qu'avec des minorités. Elle provoqua la dissolution du parlement et fut ensuite renvoyée par la nouvelle chambre des communes, non que ses actes lui déplussent, car le cabinet s'était complétement accommodé aux exigences de la majorité, mais parce que les ministres personnellement, n'étant point du parti de celle-ci, ne lui convenaient pas. Le cabinet actuel non plus ne dispose d'une majorité sûre et active (working majority) comme celle qu'avait fini par avoir Peel. Il est même douteux qu'aucun gouvernement parvienne à en reconstituer une semblable, tant que la décomposition des partis, en Angleterre, suivra son cours. C'est, à beaucoup d'égards, la désorganisation de l'ancien régime parlementaire.

CHAPITRE XII.

LES PARTIS ET L'OPINION PUBLIQUE.

Whigs et To

Déviations ob

Bon et mauvais côté de l'influence de parti. La nation entière animée d'esprit de parti. Procès de la reine Caroline. Procès de Walpole. Cavaliers et têtes rondes. Addressers et abhorrers. ries. Différence de principes entre ces deux partis. servées dans leur antagonisme. Les Jacobites se font démocrates. Forces du bord de la maison de Hanovre. Whigs républicains. — Opposition contre Walpole. Les partis de 1762 à 1789. Prépondérance

-

Les

des tories depuis cette dernière époque. Les whigs et le bill de réforme. - Les tories partisan's de la politique des puritains. - Sir Robert Peel. Protectionistes.-Peelites.- Whigs du bord de lord Palmerston.- Grands seigneurs radicaux. Partisans des idées de Bentham. - M. Hume et sa petite charte. Parti de Manchester. - La brigade irlandaise. chartistes. L'opinion publique. - Besoin de renseignement. - L'influence de la presse sur l'opinion publique réagissant à son tour sur la presse. Le Times. Son attitude lors de la discussion de la nouvelle loi sur les pauvres. - Sa grande puissance. Le parlementarisme compromis par l'opinion publique.

Une des conséquences du gouvernement parlementaire, c'est, dans les partis existants, la formation de groupes serrés qui se disputent la possession du banc de la trésorerie. Avant le trouble que le bill de réforme apporta dans l'harmonie du parlementarisme, les deux grands partis des whigs et des tories y comptaient seuls. On a beaucoup discuté sur la valeur comme sur les inconvénients de cette organisation en partis. Il est certain que le régime parlementaire a besoin de partis fortement organisés. A ce point de vue, Burke, lord John Russell et lord Brougham ont eu raison de se prononcer pour le système du gouvernement de parti (1). On ne saurait pourtant, d'autre part, nier les défauts de ce mode de gouvernement, que Cox a si bien fait ressortir, en disant (p. 123) que sous ce régime on était arrivé à regarder comme tout naturel que la retraite du ministre des finances le plus capable et du plus savant lord chancelier accompagnât toujours celle d'un secrétaire d'État de l'intérieur ou des colonies inhabile et d'un directeur général des postes incapable, et que le rôle du parlement fût abaissé à celui d'une cour d'enregistrement des mesures du cabinet. Lord Brougham lui-même, qui accepte le gouvernement de parti, avec un certain

(1) Cox, 122.

air de résignation, comme une nécessité, ne ménage pas les couleurs, quand il vient à en dépeindre les conséquences. << Le gibier, dit-il, « qu'immole l'esprit de parti, ce sont les principes les plus nobles. On trompe le peuple, et ses maîtres aristocratiques lui prêtent leurs propres opinions (1). Le peuple est ainsi réduit à n'être lui-même que le jouet et l'instrument de l'aristocratie (2). ›

L'esprit de parti a gagné toute la nation anglaise, dans laquelle il se manifeste par l'engouement pour certaines mesures ou certaines personnes, et souvent pour les unes et les autres en même temps. L'esprit de parti est toujours en éveil. Tel qui se pique d'être un homme indépendant prouve, par la vivacité même de ses déclamations contre les partis, que cet esprit a tellement passé dans le sang des Anglais, qu'il déteint même sur ceux qui voudraient rester neutres. L'esprit de parti fausse les jugements, empêche de considérer l'état réel des choses, fait rompre d'anciennes relations, et rapproche les éléments les plus hétérogènes, dans la circonstance. Le Times dit, avec beaucoup de justesse, en 1854 : « Si le hasard avait voulu qu'en 1848 les whigs ne fussent pas au pouvoir, on aurait vu lord John Russell haranguer la multitude excitée à Penenden Heath et M. Tuffnell casser des vitres à Trafalgar Square. >> « Y a-t-il, » dit lord Brougham (3), « personne d'assez aveugle pour s'ima– giner que Burke et Fox, s'ils avaient été ministres de George III, eussent résigné plutôt que de tenter la soumission des provinces d'Amérique ?» Non, avait

(1) Brougham, Const., 381.

(2) Ibid., 382. (3) Ibid., 375.

déjà fait observer Junius, « Pitt et lord Camden devaient être les avocats des droits de l'Amérique du Nord, parce qu'ils étaient dans l'opposition. »

L'esprit de parti s'empare de toutes les occasions qu'il peut saisir. C'est ainsi que les whigs essayèrent de se faire du procès de la reine Caroline un marchepied, pour arriver au pouvoir. Cobbet, le démagogue, de son côté, travaillait pour la reine dans l'intérêt des radicaux, afin de rendre impossible tout compromis entre elle et le roi, ce qui lui réussit (1). George IV étant encore prince de Galles et whig, Eldon, Percival et Canning étaient les amis de la princesse ; mais, quand ils virent que le régent laissait les tories au ministère, Eldon et Percival la renièrent (2). A l'époque où lord Melbourne était premier ministre, certains tories exclusifs, afin de le faire sauter, poussèrent le mari de mistress Norton à le poursuivre en dommages et intérêts, pour de prétendues relations d'adultère avec elle (3). Dans le procès contre Walpole, Pitt présenta entre autres la motion d'un bill tendant à faire indemniser, c'est-à-dire récompenser tous les témoins qui déposeraient contre le ministre, et ce bill fut même adopté par la chambre des communes, mais rejeté ensuite par la chambre haute (4).

Encore aujourd'hui, les alliances de famille des whigs et des tories exercent ordinairement l'influence principale, en politique, sur la scène comme dans les coulisses, bien qu'aujourd'hui ces partis représentent beaucoup moins des principes que des personnes.

(1) Cobbet, Histoire de George IV, §§ 425, 428, 454. (2) Brougham, Hommes d'État, II, George IV.

(3) Lettre de Mtrs Norton à la reine, 65, 66.

(4) Macaulay, Essais, vol. II. Le comte de Chatham.

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