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à ce que celui-ci eût à délibérer deux fois sur l'état de santé de Sa Majesté; ni à ce que Pitt, lors de la première maladie du roi, pour empêcher Fox et le prince de Galles d'arriver aux affaires, revendiquât pour le parlement le pouvoir absolu de nommer un régent de son choix, même sans la sanction de la couronne; ni, enfin, à ce que le règne de George III se terminât par une régence prolongée du prince de Galles. George IV, malgré toutes les prétentions qu'il affectait, n'était pas homme à maintenir la dignité de la couronne (1). Le portrait méprisant que Thackeray (2) a tracé de ce prince, surnommé, par ses flatteurs, le premier gentleman de l'Europe, n'est malheureusement que trop conforme au jugement de l'équitable postérité. Le procès contre sa femme surtout n'était pas fait pour rehausser le prestige de la royauté (3). Il était, cependant, très-jaloux de sa prérogative et affectait, notamment en tout ce qui regardait le militaire, des prétentions despotiques auxquelles on n'était plus habitué depuis longtemps, de la part des rois de la GrandeBretagne. Suivant l'observation de Hughes (4), faite à

(1) La lettre virulente que la reine Caroline lui écrivit, pendant son procès, fut dictée à cette princesse par des démagogues. Elle n'en est pas moins très-caractéristique, chargée, mais pourtant vraie au fond. La reine écrivait à son royal époux : «Votre cour offrait l'image, non des nobles manières et d'un commerce poli, mais de la basse intrigue et du dévergondage. C'était une cour hantée par des mouchards, des conteurs d'histoires obscènes et des conspirateurs sans foi ni loi. » (Hughes, ch. LX.)

(2) Loco citato, 106, etc.

(3) Le 29 décembre 1820, M. Freemantle écrivait au marquis de Buckingham : « Ses invectives (celles du roi) contre lord Grey étaient d'une véhémence telle que je ne saurais les répéter. Il tempêtait de même contre toute l'opposition. » (May, Histoire constitutionnelle, I, 111.)

(4) Histoire d'Angleterre, éd. Baudry, en un volume, 512, 513,

l'occasion d'un blâme exprimé en 1812, par M. Whitbread, au sujet des changements dans l'uniforme anglais, tels que le remplacement partiel des habits rouges par des habits d'autres couleurs, « se mêler d'uniformes, c'était boucher la source de la plus grande jouissance que procurât au régent sa haute position, du vivant de son père encore. Adonné depuis la première jeunesse à cette passion, que flattaient ses courtisans, il la choya toujours et n'en démordit jamais. Aussi, les réunions de Carleton House, ce paradis des tailleurs, n'étaient-elles pas seulement le théâtre animé de savantes dissertations sur le costume et l'uniforme, mais y consacrait-on même une partie de chaque matinée à de brillants essais dans le noble art de la coupe. » George IV fut, comme George III, un adversaire déclaré de l'émancipation des catholiques. Mais, dans cette question et d'autres, son opposition ne pouvait être d'un grand poids, en face d'hommes tels que Canning et Wellington.

Guillaume IV était un marin loyal, franc, et qui ne manquait pas d'intelligence. D'abord contraire au bill de réforme (1), il s'appliqua de son mieux à le faire passer, quand il eut reconnu cette mesure nécessaire pour le repos du pays. C'est pour en favoriser l'adoption qu'il prononça la dissolution du parlement, et détermina, le 18 mai 1832, par la fameuse circulaire de Taylor, les lords de l'opposition à s'abstenir du vote (2). Quoi que l'on pense du bill de réforme, c'était là faire de la prérogative royale un usage aussi louable que salutaire, et qui préserva l'Angleterre d'une révolution. Mais, pour diriger avec initia(1) May, Histoire constitutionnelle, I, 115. (2) Ibid., 117, 119.

tive le navire de l'État dans de nouvelles eaux, pour cela Guillaume IV était trop âgé et son règne fut trop

court.

A l'avènement d'une princesse aussi jeune que la reine Victoria, la domination des partis qui alternent au pouvoir était assurée d'avance. Le rôle d'une femme de dix-huit ans, sans expérience, ne pouvait être que de suivre patiemment la routine de la vie politique anglaise, non d'exercer sur le gouvernement une influence active. Cependant, il faut reconnaître que la reine Victoria a su, nous ne dirons pas seulement maintenir, mais relever, à bien des égards, le prestige de son trône; qu'elle s'est toujours montrée aussi pénétrée de l'importance qu'attentive à l'étendue de ses devoirs et bien résolue à faire de ses droits le meilleur, usage possible, dans l'intérêt du pays.

L'état de dépendance de la jeune reine, vis-à-vis des partis qui dominent au parlement, parut compromis par son mariage avec un prince étranger intelligent. Le droit du défunt prince Albert, son devoir même, en sa double qualité d'époux et de conseiller privé, de donner des conseils à la reine sur les affaires de l'État, a été reconnu par lord Aberdeen, lord Campbell et lord John Russell. Lord Melbourne déjà avait approuvé l'entente politique de la reine avec le prince (1). Mais, afin que les conseils de ce dernier ne pussent en rien porter atteinte à la puissance des coteries dominantes, la presse s'est employée à propager dans les masses, et souvent avec succès, l'épouvantail d'un accroissement de la prérogative, le fan

(1) Annual Register, 1854, p. 10.

tôme d'une influence allemande. Il faut ajouter que la nation entière a, depuis, rendu pleinement justice, sur une tombe, à la sagesse et à l'esprit libéral du prince Albert, de mémoire à jamais regrettable.

Si la prérogative royale a été de plus en plus diminuée par les fautes d'une lignée de tyrans comme les Stuarts, de pauvres têtes comme les premiers Georges, ou d'un roi aussi peu digne que Georges IV, et par suite de la faiblesse naturelle du sexe d'une femme, s'il n'y a même, dans les rapports donnés, rien d'étonnant à ce résultat, il n'en faut pas moins admirer l'esprit conservateur des Anglais, en considérant, chez eux, l'intégrité parfaite du prestige extérieur de la couronne, qui est restée, de nos jours comme autrefois, l'ornement principal de leur édifice politique. En droit, les prérogatives de cette couronne ne sont pas ensevelies dans l'oubli du passé; elles n'ont été que transférées au parlement et au cabinet. Elles pourraient même, dans certaines circonstances, se ranimer un jour, en Angleterre, sous la main puissante d'un véritable monarque.

<< Le pouvoir exécutif, quoique privé de son éclat,>> dit Hallam, «< avait, par suite de la Révolution, moins perdu, en puissance réelle, qu'on ne l'admet communément. Il n'est pas facile de prédire tout ce que pourrait atteindre dans ce pays, un roi prudent, actif, populaire et ambitieux, si, par malheur, il devait jamais en surgir un parmi nous (1).

Finalement, il est un point qu'il ne faut pas perdre de vue, dans l'appréciation de la position faite à la royauté anglaise. Celle-ci s'est, comme nous l'avons

(1) Hallam, Histoire constitutionnelle, III, 210.

vu, développée comme un produit de la nécessité historique, un produit de la réaction d'un peuple libre, en état de légitime défense, contre ses oppresseurs royaux. Elle n'est point le produit de la spéculation politique, non plus que celui de la domination d'une classe. L'histoire du Danemark au dix-septième siècle et de la Suède au dix-huitième, ainsi que celle de la ré– publique de Pologne, nous montre ce que des castes nobiliaires peuvent faire de la royauté. Ce n'est pas de la condition actuelle de la royauté anglaise, mais des forfaits des Stuarts que doivent se défendre et s'épouvanter les princes. Les rois d'Angleterre ont systématiquement travaillé à la dépression du pouvoir royal, depuis deux siècles. Si Anne, George III et George IV avaient eu plus de pouvoir qu'ils n'en eurent, ils en auraient certainement abusé. Ou s'imaginerait-on que le gouvernement personnel de tels princes eût été plus avantageux pour l'Angleterre que l'administration de Godolphin, du second Pitt et de Canning?

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§ 2.

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Le sou

Déjà le long parlement aspire à gouverner par lui-même. verain ne peut choisir ses conseillers à sa guise. Probabilité du sort de tout cabinet non aristocratique. - La couronne peut refuser de dissoudre le parlement. Droit de congédier les ministres. Lettre de la reine à lord John Russell. Lord Palmerston et le coup d'État en France. Lord John Russell sur la conduite de lord Palmerston. Communications orales du ministre avec les ambassadeurs étrangers. L'affaire de la chambre à coucher. - Plus de secrétaire politique depuis sir Herbert Taylor. Initiative du ministère. Le veto tombe en désuétude. - Impuissance de la chambre haute contre la couronne, les ministres et la chambre des communes.-Contre-seing des actes royaux.- Proclamations - Droit de faire la guerre. — Troupes étrangères en Angleterre. La prérogative passe au cabinet. - Droit de faire grâce. Manque de délicatesse chez le parlement. L'étendue de la prérogative varie constamment.

Quand éclata la guerre civile, les communes demandèrent à Charles Ier de ne plus créer aucun ministre

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