Изображения страниц
PDF
EPUB

Royal ont-ils enrichi l'Eglise! Grace à Messieurs de Port Royal, la Bible, le Missal, et le Bréviaire, tout fut traduit de nouveau; et les fruits abondans que les fidèles ont retiré de ces traductions, ont justifié pleinement ceux qui les leur ont mis entre les mains. Louis XIV. fit distribuer aux nouveaux convertis cent mille exemplaires d'heures, cent mille exemplaires séparés du même ordinaire, et cinquante mille Nouveaux Testa

mens.*

• Histoire Ecclésiastique, tom. xiii. pp. 781, 782.

EXTRAITS

DES

ECRITS de M. M. de PORT ROYAL, sur la Justification, et de la Nécessité de la Foi en Jesus Christ pour être sauvé.

Le vrai usage de la vérité écrite est qu'elle nous mêne à la vérité vivante, qui est Dieu même, pour y trouver la force de faire ce que nous lisons. Elle nous fortifie et nous guérit de même que la vue du serpent d'airain guérissoit les plaies des serpens de feu.

Plus vous vous attacherez ainsi à Jesus Christ sur la croix figuré par ce serpent, et à ses plaies qui sont devenues la guérison des nôtres, plus vous tirerez du fruit de ces vérités saintes qui ne coulent de lui jusqu'à nous, que pour les faire passer de nous jusqu'à lui, afin d'y trouver notre force et notre repos.* (Jesus Christ) étant Dieu et un seul Dieu avec son père, et n'étant venu au monde que pour satisfaire à sa justice offensée, il (Dieu) a vengé sur sa personne les péchés de tous les hommes dont il s'étoit chargét. Si on regarde Jesus Christ seulement en sa personne, il n'y a point d'autre voye pour retirer l'homme de sa misère. Il faut par nécessité que cet Homme Dieu meure pour

*Lettres Spirituelles de Saci, ii. p. 649.

† Rel. Parf. par la Mère Agnes Arnauld, Abbesse de Port Royal, p. 386.

le peuple: et selon l'ordre immuable de la providence divine, si le Christ ne souffre la mort, et la mort de la croix, il ne peut entrer dans sa gloire, ni nous y ner entrée.*

don

Mais si l'on regarde tous les hommes en lui comme il les a portés véritablement jusques sur la croix, il n'est pas moins nécessaire d'être dans le même désir pour chacun d'eux, puisque la croix est l'unique espérance de tous. Car les pécheurs ne peuvent trouver ailleurs le pardon de leurs crimes.† Les souffrances de Jesus Christ font tous nos mérites. C'est par elles que nous sommes les membres vivans de Jesus Christ. Nous voyons dans l'Ecriture et les ouvrages des Pères la justice chrétienne representée comme l'œuvre du toutpuissant, (et non du libre arbitre), comme l'effet du sang de Jesus Christ.§ Il a voulu mourir par un supplice également honteux et cruel, pour nous apprendre à ne pas vouloir guérir nos propres plaies par un remede qui n'y ait point de rapport. C'est lui qui est par conséquence, et à proprement parler, (notre) appui, notre force, notre sauveur, et notre Dieu.

Tout ennemi de la grace est conduit naturellement à méconnoître le culte que nous devons à Dieu, à prendre l'ombre de la piéte pour ce qui en est le fond et la réalité. Un tel homme n'a point de Dieu des idées

[blocks in formation]

grossières comme les Payens; il parlera de ses attributs, et même de sa puissance avec des expressions magnifiques, mais il ôte à Jesus Christ sa fonction éminente de SAUVEUR. Il a dans la bouche les termes de grace, de charité, de culte intérieur. Ainsi il unit ce double

charactère, de laisser subsister en apparence toutes vérités, en detruisant les plus importantes, et en les altérant presque toutes; de conserver l'écorce du dogme catholique, en lui ôtant toute sa force et son effi

cace.*

Jesus Christ sera lui même votre lumière et votre soutien. Je suis bien aise que vous conserviez toujours la vue et le souvenir de Jesus Christ. C'est la force de ceux qui n'en ont point. Jérémie témoigne Ego non sum turbatus te pastorem sequens." "Je n'ai point été troublé en vous suivant comme une brébis suit son pasteur." Ces brébis raisonnables et spirituelles doivent avoir une confiance d'autant plus grande en suivant ce souverain pasteur, que lui même s'est fait agneau pour souffrir et mourir pour elles. C'est pourquoi il faut le révérer tout ensemble comme agneau et comme pasteur: comme agneau en lui disant avec toute l'église: "Agnus Dei, qui tollis peccata mundi miserere nobis ;" et comme pasteur, en lui disant comme l'église chante après Paques: "Pastor bone, qui posuisti animam tuam pro ovibus tuis, et pro grege tuo mori dignatus es, miserere nobis."+

* Racine, Hist. Eccles. xii. pp. 66, 61, 62..

+ Saci's Letters, ii. p. 681.

Ibid. i. pp. 75, 76.

Jesus Christ est mort pour nous, et se donne à nous:* Il y a un principe stable; il faut tâcher de s'y rendre sincèrement, et d'établir l'édifice de notre salut sur la vérité de Jesus Christ, et sur l'immobilité de la pièrre, et non sur le sable mouvant des pensées, des craintes, et des imaginations humaines. Notre confiance est très ferme, comme dit St. Paul, parcequ'elle est humble. Elle est humble parcequ'elle est fondée sur l'anéantissement de l'homme, et sur l'infinité de la miséricorde de Dieu, et de la vertu du sang de Jesus Christ, qui sont infinies. Votre espérance doit être ferme, parce qu'elle est appuyée sur la vertu du sang de Jesus Christ, qui est infinie, et qui purifie ces infidélités et ces négligences.§

L'Ecriture appelle la présomption d'une foi ferme et humble, lorsque l'ame présume de la miséricorde infinie du Père, du mérite infini du sang de son fils, et de la vertu toute puissante de son saint esprit. Judith, qui étoit si humble, avoit cette divine présomption, lorsqu'elle dit à Dieu, en s'anéantissant devant lui: "Exaucez moi dans la prière que je vous offre, moi qui ne suis pleine que de misère, mais qui présume de votre miséricorde infinie." C'est être humble, dit Saint Augustin, de présumer de cette sorte, et ce n'est pas la témérité, c'est la foi, qui nous inspire cette confiance. Nous espérons parce que Dieu nous commande d'espérer. Nous espérons parceque Jesus Christ lui-même est notre espérance, qui nous apprend que notre salut est sa gloire,

Saci's Letters, ii. p. 654.
Ibid. 704, 705.

+ Ibid. 652. § Ibid. 708.

« ПредыдущаяПродолжить »