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EXTRAITS

DES

ECRITS de M. M. DE PORT ROYAL, Sur la Lecture de l'Ecriture Sainte.

M. DE SACI* récitoit souvent avec plaisir cette parole d'un homme d'esprit, qui lui sembloit belle, "Que tout le mal du monde venoit de ce qu'on ne pouvoit demeurer tranquille dans sa chambre." Il donnoit (aux solitaires de P. R.) en cela l'example lui même. Il ne pouvoit pas les attirer par d'autres délices que par celles qu'il trouvoit lui même dans son cabinet; c'est à dire, par les lectures de piété, mais particulièrement par la lecture de l'Ecriture Sainte. C'est à quoi il exhortoit particulièrement tous ces Messieurs. Puisant sans cesse dans cette source pure les règles de sa conduite, il recommandoit aux autres aussi d'y venir puiser, pour y désaltérer leur soif par quelques gouttes

M. de Saci l'élève de M. de St. Cyran, étoit le Directeur et Confesseur du Monastère de Port Royal des Champs.

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des eaux célestes.

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"Une goutte d'eau," nous disoit-il, qui ne suffit pas à un homme, suffit à un oiseau. Les eaux sacrées ont cela de particulier, qu'elles se proportionnent et s'accommodent à un chacun. Un agneau y marche, et elle est en même-tems assez profonde qu'un éléphant puisse y nager."

Que ne puis-je bien imprimer dans mon cœur le sacré respect avec lequel il nous exhortoit de faire cette lecture! Il nous portoit à dire comme l'Apôtre : "O altitudo divitiarum sapientiæ et scientiæ Dei!" nous contentant d'entendre cette voix céleste comme la règle qui doit redresser notre vie, et qui ensuite la jugera à

notre mort.

Quoique le soin principal de M. de Saci de se nourrir de l'Ecriture Sainte, et que cette lecture seule fût abondammant suffisante pour le rendre parfaitement instruit de tout ce qui regarde le salut, il ne conseilloit pas néanmoins â ceux qu'il conduisoit, en lisant l'Ecriture Sainte, de se servir de commentaire ou d'explication. Il exhortoit tout le monde à lire les livres de Dieu en la manière que les Saints les avoient lus. Il leur représentoit que c'étoit plus par la sainteté de la vie que les saints peres avoient autrefois entendu les livres de Dieu, que par le travail et l'étude, et par les moyens humains: que pour lui, il avoit compris par expérience que cette méthode est sans doute la meilleure de toutes, pour entendre l'Ecriture Sainte. Il faut regarder l'Ecriture comme la foi regarde les mystères, et n'y point mêler son esprit naturel. Il ne faut point sauter les mots, mais les bien peser: tàcher

sans

de concilier les passages qui semblent se contredire, et recevoir humblement ce que Dieu donne, vouloir rien davantage. La soumission et la dépendance qu'on témoigne ainsi à Dieu, lui plait plus que toutes les lumières des autres.

« C'est la manière," disoit-il, "dont en ont usé les saints, et c'est ainsi que nous devons lire l'Ecriture après eux. L'expérience nous contraindra toujours d'avouer et de reconnoître qu'l n'y a point d'autre voye pour acquérir cette lumière divine, et que ceux qui voudront y parvenir autrement, perdront leurs peines, et seront toujours dans des ténébres dont ils ne pourront jamais sortir."

Un saint évêque de ces derniers tems, disoit qu'il iroit au bout du monde avec St. Augustin, et Mor J'IROIS AVEC LA BIBLE.

M. de Saci avouoit que c'étoit de cette manière qu'il tâchoit d'apprendre à conduire les autres, puisqu'on trouvoit dans l'Ecriture Sainte la lumière qui est nécessaire pour s'acquitter de ce devoir si grand et si redoutable, et pour n'être point du nombre de ces guides aveugles qui se précipitent dans l'égarement en y précipitant les autres; non qu'ils ne soient souvent habiles, et qu'ils ne puissent avoir beaucoup de lumière, d'esprit et de science, mais parce qu'ils n'ont pas la lumière de l'Ecriture et de l'Esprit de Dieu, qui connoit seul les choses de Dieu, et sans lequel tout autre suffisance et toute autre lumière est aveugle.

M. de Saci se remplissoit ainsi dans la lecture de la

parole de Dieu, de tous ces dons et de toutes ces clartés, qu'il répandoit ensuite sur les autres.

N. FONTAINE, mem. de P. R. tom. i. pp. 385, 386, 387, 388, 389, Edit. Utrecht.

M. de St. Cyran renfermoit toute sa piété dans la lecture de l'Ecriture et des Pères.

On peut dire que sa manière de lire l'Ecriture Sainté étoit aussi toute sainte; et il remarquoit souvent que pour la bien entendre, il la falloit lire avec le même esprit avec laquelle elle avoit été écrite; c'est-à-dire avec une grande piété, accompagnée d'un respect tout particulier pour la majesté divine qui y réside plus particulièrement que'autrefois dans le propitiatoire. Aussi il avoit une estime si grande pour l'Ecriture Sainte que souvent il nous disoit que nous ne devions presque lire autre chose; que les Pères ne lisoient que cela, et que nous y trouverions tout si nous la lisions comme il faut. C'est pourquoi il vouloit qu'on en pesât toutes les paroles comme qui peseroit une pièce d'or.

Quoiqu'il honorât toute l'Ecriture, l'Evangile néanmoins faisoit sa principale dévotion. Il avoit accoutumé de dire qu'on en remportoit de fruit et de la lumière pour sa conduite à proportion de la foi avec laquelle on s'en approchoit.

Il remarquoit aussi qu'encore que St. Paul fût incomparable, l'Evangile néanmoins étoit infiniment plus relevé, parceque si les épitres de cet apôtre étoient le

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