. . . . . . PAGES. Essai biographique et littéraire Notices sur les drames de Shak- speare, tirés de l'histoire de la Grèce et de Rome. . . M. O'SULLIVAN. 83 Troïlus et Cressida. Portrait de Coriolan, Antoine et Cléopâtre. M. O'SULLIVAN. 101 et 122 Notice sur Jules César. M. O'SULLIVAN. Porcia, et imitations en vers. Mme TASTU. Jules César, texte et traduction, précédés d'un avertissement. M. JAY. Notes sur Jules César. . M. O'SULLIVAN. Notices sur les pièces fantasti- Imitations en vers. Mme Tastu. 332, 352 et 353 Portrait de Titania, imitations. M. É. DESCHAMPS. 335 Analyse et portrait de Miranda. M. DE PONGERVILLE. 357 Analyse raisonnée des pièces de . . . . Constance et imitation en vers. Mme LOUISE COLET. 517 ri IV, ire partie ; Henri IV, 534 Henri VI, įre parlie ; Hen- M. O'SULLIVAN. 544. et 559 Lady Grey et imitations. M. C. DELAVIGNE. 572 Henri VIII. Portrait de ce roi. M. DE CHATEAUBRIAND. 574. Le Roi Léar. Cordelia.-. M. LEROUX DE LINCY. 593 pour rien, portrait de Héro. M. CASIMIR BONJOUR. 630 La douzième Nuit. Olivia. Mlle ELISE VOÏART. 643 linde, imitations en vers. M. E. DESCHAMPS. 654 Le Succès justifie lout. Hélène. M.J. DE FONTENELLE. 667 Les joyeuses Commères de Wind- Pièces attribuées à Shakspeare. M. O'SULLIVAN. 684 Notice sur Périclès de Tyr. Le même . Les générations se succèdent, les nations passent, les plus beaux monuments des arts ont péri, et cependant Homère est encore à la tête de tous les génies; sa lyre d'or a triomphé des ravages du temps. De même, depuis trois siècles, le grand nom de Shakspeare domine la littérature dramatique, et voit accroître sa popularité. L'Italie et l'Allemagne se sont inspirées de ses auvres; l'Amérique et la péninsule de l'Inde, comme l'a fort bien fait remarquer un illustre écrivain (1), n'ont d'autre théâtre que ses productions; là, il est admiré comme sur le sol natal. Enfin la France, tout entière à ses poëtes, a compris que les talents n'ont point de patrie, que les rivalités sont un aliment fécond pour les progrès; dès lors elle n'a plus hésité à partager cette admiration universelle. Pourquoi faut-il qu'au milieu de ces éloges qui s'élèvent de toutes parts, nous ayons à consigner ici une exception, unique à la vérité, mais qui est de nature à donner de fausses idées sur le poëte anglais aux admirateurs passionnés de l'illustre auteur des Martyrs, qui, marchant sur les traces erronées de Voltaire, cherche à enlever à la statue de Shakspeare une partie des lauriers qui lui ont été décernés aux acclamations de tous les peuples. Quel que soit le plaisir qu'on éprouve à venger la réputation d'un auteur injustement attaquée, ce plaisir est cependant moins vif, quand on est forcé de mettre au grand jour les crreurs de ses antagonistes : mais il faut, avant tout, prouver l'injustice de l'agresseur, avant de pouvoir la combattre. M. de Chateaubriand dit qu'il n'y a rien de plus facile que de remplir un cadre qui permette de faire agir de nombreux personnages, et de broder des histoires ; « pas de petite fille, » dit-il, « qui, sur ce point, n'en remontre aux plus habiles. » D'accord. Mais rien n'est plus difficile que d'harmoniser et de poéliser le langage des personnages qui doivent figurer dans une charpente aussi compliquée. (1) M. Villemain. Analysant les ouvrages des critiques anglais, M. de Châteaubriand a choisi et réuni les fragments et les citations qu'il a crus favorables au jugement qu'il portait contre Shakspeare. Nous voudrions savoir ce qu'il répondrait au critique allemand qui, après avoir démontré l'absurdité des trois unités, et combien elles sont défavorables au progrès de l'art, a dit : « Otons de Nicomède les dix scènes de Laodice; d'OEdipe, les dix scènes de Dirce; de Polyeucte, les scènes d'amour de Sévère; de la Phèdre de Racine, les six scènes d'Aricie; et nous verrons que non-seulement l'action ne sera point in terrompue, mais qu'elle en sera plus vive: en sorte que l'on s'apercevra manifestement que ces scènes de tendresse n'ont servi qu'à ralentir l'action de la pièce, à refroidir, et à rendre les héros moins grands. Si, après ces tragédies françaises, on examine toutes les autres, on connaitra mieux encore cette vérité. Lorsque l'amour fait le sujet de la tragédie, ce sentiment, si intéressant par lui-même, occupe la scène avec raison: j'aime l'amour de Phèdre, mais de Phèdre seule. » Le talent européen du patriarche de la littérature française, l'auréole de gloire que ses malheurs, son génie, sa noble indépendance, ont répandus sur lui, non moins que sa bienveillance à notre égard, nous font un devoir de restreindre ici nos réflexions. Ses belles productions ont fait le sujet de nos études et excité notre admiration pour l'auteur du Génie du Christianisme, qui , aussi bien que Cuvier, opposant ses travaux impérissables à cette fausse philosophie qui dessèche l'àme, a si victorieusement défendu la religion de ses pères, la foi antique qui a eprolé sous ses bannières sacrées Newton, Milton, Bossuet, Pascal, en un mot les plus beaux génies de tous les peuples et de tous les siècles. Qui n'a plaint l'homme célèbre réduit , à la fin d'une brillante carrière, à se livrer à de rapides travaux , afin de subvenir à d'impérieux besoins ? C'est pourtant ainsi que l'on a vu sir Walter Scott, victime d'une spéculation mercantile, méconnaître, dans sa marche précipitée, les hauts faits de Napoléon, et M. de Chateaubriand se briser contre le génie colossal de l’Eschyle anglais; l'un et l'autre nous offrent d'éclatants mais tristes exemples, que les talents les plus transcendants ne sauraient impunément porter atteinte à ces renommées qui font la gloire des nations et leur plus brillant héritage. |