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calculé que le courant ne devait pas avoir moins de quinze cents pieds de profondeur, puisque jusqu'à cette hauteur on trouve, dans les montagnes, des traces de son passage. La théorie de M. Elie de Beaumont explique assez bien l'origine de ces immenses courants, en supposant qu'à l'époque du déluge, plusieurs montagnes ont été soulevées, et ont chassé avec violence les mers dont elles sont venues prendre la place, les Andes et les montagnes polaires, par exemple. Une autre preuve se tire aussi d'une découverte assez récente, c'est celle des cavernes à ossements on appelle ainsi des cavités naturelles dans lesquelles on rencontre un mélange confus d'ossements fossiles de toutes sortes d'animaux, dont la plupart appartiennent à des espèces existantes. Puis dans les terrains qu'on est convenu d'appeler diluviens, parce qu'on les suppose déposés par les eaux du déluge, on trouve une immense quantité de fossiles de toute espèce, même des oiseaux. Enfin une dernière preuve, ce sont des animaux entiers, des éléphants trouvés dans la glace sur les bords de la Lena, et d'autres rivières de la mer Glaciale, animaux tellement bien conservés, que les chiens en ont mangé la chair lorsqu'on a rompu les glacons, il y a peu d'années. L'uniformité des effets produits par le déluge est une preuve de son universalité; car les lignes de blocs erratiques et les traces du monstrueux courant qui a sillonné les flancs des montagnes s'étendent à de si grandes distances, qu'on ne peut s'empêcher d'y assigner une cause unique et générale. Quant à la date du déluge, l'aspect général de la terre semble indiquer une organisation comparativement récente; mais il y a un moyen d'arriver à une plus grande précision, c'est en examinant le produit des causes dont l'action n'a pas cessé. Ainsi, par exemple, la formation des deltas, ou accumulation des alluvions à l'embouchure des rivières. Le Nil offre un des cas les plus généralement cités, ainsi que l'embouchure du Pô dans l'Adriatique. Eh bien! en calculant les dépôts annuels de ces alluvions, on ne trouve pas qu'il faille plus de temps pour atteindre le niveau actuel que l'histoire n'en comporte depuis le temps du déluge. Une autre observation peut aussi mettre sur la voie pour déterminer la date en question: c'est le chemin que parcourent, dans un temps donné, les dunes de sable que l'on rencontre sur nos côtes et sur celles de l'Angleterre. Bremontier, dont le nom est pour ainsi dire iden

tifié avec celui de dunes, à cause de la persévérance avec laquelle il les a étudiées pendant une longue suite d'années, est d'avis qu'il n'y a pas plus de quatre mille ans qu'elles ont commencé à cheminer vers l'intérieur. De Luc arrive à la même conclusion, en mesurant les progrès de celles de la Hollande, où la date des digues lui a permis de donner à cette recherche l'exactitude historique. Et enfin G. Cuvier, d'accord avec de Luc et Dolomieu, « pense que s'il y a quelque chose de constaté en géologie, c'est que la surface de notre globe a été victime d'une grande et subite révo– lution dont la date ne peut remonter beaucoup au-delà de cinq ou six mille ans. >>

Nous terminons ici l'énumération des preuves que les sciences d'observation nous ont fournies, pour démontrer la coïncidence parfaite qui existe entre les narrations de l'écrivain sacré et l'explication des phénomènes de la nature. Nous verrons dans le second volume que les sciences intellectuelles ont également concouru à ce grand but, et les monuments littéraires ont servi à prouver que, sur ce point, les opinions des hommes s'accordent avec les faits, pour proclamer la puissance de Dieu.

SECONDE PARTIE.

Dans la première partie, nous avons démontré que les faits de la science, convenablement étudiés, étaient autant de témoignages qui venaient corroborer le récit de la Genèse. Dans cette seconde partie, notre tâche ne sera pas aussi facile. Nous allons passer en revue l'histoire primitive et les monuments des peuples. Quand on interroge la nature, ses réponses ne peuvent être que claires, précises, et surtout sincères; il n'en est pas de même quand on interroge les nations. Il semble que la vanité soit un penchant si naturel à l'homme, qu'il égare les meilleurs esprits, et même dans les circonstances les plus graves. En effet, interrogez les peuples sur leur origine, tous se prétendent les plus anciens, de véritables autocthones enfin. Mais la nation dont les prétentions à cet égard sont surtout extravagantes, c'est sans comparaison celle qui habite l'Inde ses connaissances réelles en philosophie, science qu'elle a enseignée aux nations de l'Europe et peut-être de l'Asie, ont pendant longtemps fait admettre comme également

I

certaines les conséquences de ses calculs astronomiques. Or, ces conséquences ne tendraient pas à moins qu'à établir une antiquité de 4,320,000 ans. (Nous verrons bientôt l'origine de ce nombre.) Le malheureux Bailly fut le premier en Europe qui, presqu'à la fin du dix-huitième siècle, prit la défense de l'antiquité indienne; il citait, entre autres, des observations astronomiques faites 1,491 ans,et même 3,192 ans avant notre ère. Montucla et Delambre qui, comme Bailly, n'étaient pas des astronomes beaux-esprits, mais qui s'occupaient sérieusement de la science, attaquèrent vivement le système établi par leur compatriote. Le premier démontra que ce fameux nombre dont nous venons de parler (4,320,000 ans) n'est que l'expression d'une grande période, à la fin de laquelle le monde se renouvelle, selon les Indiens. Ils avaient calculé, comme les Arabes, que les étoiles fixes accomplissent leur révolution entière dans un espace d'environ 24,000 ans (c'est la grande année platonique ), et regardant cette révolution comme un jour de Brahma, 360 de ses révolutions formeront une année dont la moitié compose un joug, ou 4,320,000 ans. Les astronomes anglais ne restèrent pas en arrière des attaques dirigées contre cet absurde système d'antiquité, mais celui d'entre eux qui a employé le moyen le plus efficace pour le combattre est sans contredit le docteur Bentley. Il est allé s'établir dans l'Inde pour étudier le sanskrit et le système astronomique des brahmes. Il s'est procuré leur ouvrage classique et sacré sur l'astronomie, le fameux Surrya-Siddhanta (ouvrage qui a fait faire de si curieuses bévues à Dupuis). Ce livre, auquel les Brahmes accordent plus de deux millions d'années d'antiquité, contient des calculs sur les positions et les mouvements moyens des planètes. C'est en comparant ces calculs avec ceux qu'on a tirés des tables européennes les plus exactes, pour les mêmes positions, que M. Bentley est arrivé à la démonstration que cet ouvrage ne peut pas avoir plus de 800 ans d'antiquité. Il l'attribue à Varaha, fameux astronome indien, dont on sait que le disciple Sotanund vivait il y a environ 700 ans.

Un des mythes favoris des Indiens est l'histoire de Rama, dont

Qui est plus exactement d'environ 25,000 ans, à cause de la pré. cession des équinoxes.

les exploits sont célébrés dans le Ramayana, poëme sacré, et tenu parmi les Indiens dans la plus haute vénération. Dans ce poëme, on donne une description minutieuse de la position des planètes à la naissance du héros, et lorsqu'il atteignit sa vingtunième année. L'indication ici est précise, et on a pu avec facilité démontrer que l'état du ciel donné par la description répond à l'année 961 avant notre ère.

Un personnage non moins célèbre dans la mythologie indienne est Krishna, connu depuis longtemps en Europe par la publication du Bhaguat-Geta, où se trouve le fameux colloque avec Arjoon, au moment de la bataille de Kooroo-Kshetra, dans les plaines de Delhy; ce nom de Krishna, écrit quelquefois Kristna, a fourni aux philosophes du dix-huitième siècle l'occasion d'établir quelque similitude avec le nom de Christ; et comme à cette époque personne ne révoquait en doute la haute antiquité du livre et du personnage, l'analogie qui se trouvait entre les principaux événements de la vie de Jésus et celle du héros indien n'a pas manqué d'être interprétée toute en faveur de ce dernier, regardé par les Indiens comme une incarnation de la Divinité. M. Bentley éprouva beaucoup de difficultés pour déterminer l'époque de l'existence de ce demi-dieu; le livre ne contenait aucune indication astronomique, mais il fut assez heurenx pour se procurer le Janampatra de Krishna, espèce de thème généthliaque, contenant la position des planètes à la naissance du héros. D'après la supputation basée sur des tables européennes, réduites au méridien d'Oujein, il paraît que le ciel ne peut avoir offert l'état décrit dans le Janampatra que le 7 août de l'an 600 de notre ère. « Cette légende, dit M. Bentley, n'est donc qu'une habile imitation du Christianisme, imaginée par les brahmes, afin d'empêcher les naturels du pays d'embrasser la nouvelle religion qui avait commencé à pénétrer jusqu'aux limites les plus reculées de l'Orient. »> Si à des faits aussi positifs on ajoute les opinions d'astronomes distingués, tels que Laplace, Delambre et Schaubach, dont le premier va même jusqu'à nier que les observations datées de 1,491 ans et 3,192 ans avant l'ère chrétienne aient été réellement faites, et qui les croit seulement calculées par rétrogradation ; si à de telles autorités, disons-nous, on ajoute les témoignages de Moskelque, d'Heeren et de Cuvier, on ne pourra s'empêcher de con

clure avec Klaproth que « les tables astronomiques des Hindous auxquelles on avait attribué une antiquité prodigieuse ont été dressées dans le septième siècle de l'ère vulgaire, et furent postérieurement reportées par le calcul à une époque antérieure. »

Si nous passons maintenant à l'histoire de ce singulier peuple, nous trouverons, comme dit Heeren, que sa chronologie et son histoire sont aussi fabuleuses que sa géographie et son astronomie. Chez cette nation, l'imagination l'emporte sur toute autre faculté.

Quand on veut remonter à l'origine des dynasties qui ont régné dans l'Inde, on arrive à deux races royales distinguées par les nom de surya et de chandra; c'est-à-dire le soleil et la lune. Mais ces dynasties ne font pas plus autorité parmi les Indiens que les générations des héros et des rois parmi les Hellènes : c'est l'histoire poétique du pays. L'auteur que nous venons de citer, après un long travail sur ce sujet, finit par conclure que la région du Gange a été le siége de royaumes puissants et de villes florissantes, plusieurs siècles, et probablement 2,000 ans avant Jésus-Christ. Et au lieu de 6,000 ans avant Alexandre, date donnée par Arrien; au lieu des millions d'années supputées d'après les fables des brahmes, nous trouvons, avec William Jones et d'autres, que le temps d'Abraham est l'époque historique la plus ancienne d'une organisation politique dans l'Inde. En étudiant d'autres documents, le colonel Tod est arrivé à des conclusions à peu près semblables; il fait coïncider l'établissement de la monarchie dans l'Inde avec l'époque où se sont fondées celles des Egyptiens, des Chinois et des Assyriens. Il faut placer cette époque environ un siècle et demi après le déluge, et plus tard, si nous adoptons la chronologie des Septante, que plusieurs savants sont disposés à admettre.

Les recherches de Heeren et du colonel Tod ont également éclairci deux points très-importants de l'histoire primitive des Hindous, savoir: l'origine de la nation en général, et celle des brahmes en particulier. Heeren n'hésite pas à croire, d'après ses scrupuleuses investigations, que ces derniers sont une race distincte venue du nord; race de réformateurs religieux qui combattaient le bouddhisme, et dont la route est marquée par la li

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