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ces barrières que ses conseils prévoyants avaient déterminé, l'œuvre de ruine fut suspendue, jusqu'au jour d'un plus grand désastre; et la terre demeura dans cet état d'inertie et de mort dont elle fut délivrée par la reproduction de la lumière et l'œuvre subséquente des six jours de la création.

Mais nous pouvons bien dire, je pense, que même sur ce premier point de notre investigation géologique, la science est allée plus loin que je n'ai indiqué. Car je pense que nous sommes en bonne voie pour découvrir dans les causes qui ont produit la forme présente de la terre, et en même temps ont fait approcher de plus près de la méthode progressive, manifestée dans l'ordre connu des œuvres de Dieu, une si belle simplicité d'action, qu'elle confirme, si on peut employer cette expression, tout ce que le Seigneur a exposé dans sa parole sacrée.

Car, lorsque j'ai parlé de révolutions successives, de destructions et de reproductions, je n'ai pas entendu une simple série de changements sans liaison entre eux, mais au contraire l'action constante d'une cause unique, produisant les plus complètes variations, suivant des lois établies. Et ceci, je puis le dire, est ce que la géologie moderne tend à démontrer. J'ai précédemment touché en passant le sujet de la chaleur centrale, ou l'existence dans l'intérieur de la terre d'un principe de cet ordre; soit qu'il provienne de l'état primitif du globe ou de quelque autre source, peu importe. La plupart d'entre vous, à qui les scènes d'action volcaniques sont familières, savent que cette chaleur centrale n'a plus assez d'intensité pour effectuer de violentes révolutions sur notre globe; son action actuelle peut être grande, comparée à des contrées particulières; mais elle est très-faible, si on la compare aux efforts primitifs. De nos jours des îles ont été formées et englouties ensuite, des collines se sont soulevées, les cônes des montagnes ont été rompus et renversés; la mer a changé ses limites, et des champs fertiles ont été convertis en lieux de stérilité et de désolation. Supposons que cette force agisse sur une échelle gigantesque, non plus sur un district, mais sur le monde entier, faisant éruption tantôt d'un côté et tantôt d'un autre; d'effrayantes convulsions ont dû en être l'effet; les fractures ont dû être bien plus épouvantables, et des montagnes ont été soulevées au lieu de collines, de la même manière que le Monte-Rosso que l'Etna a

fait élever en 1669, et la mer peut avoir envahi des pays entiers au lieu de quelques portions de côtes.

Les observations des géologues sont assez nombreuses pour prouver l'action de quelque force semblable de la manière que je l'ai décrite. Léopold de Buch a le premier prouvé que les montagnes, au lieu d'être les portions les plus immuables et les plus solides de la structure du globe, et existant antérieurement aux matériaux qui reposent sur leurs flancs, les ont au contraire traversés en s'élevant, poussées par l'action d'une force venant d'en bas. M. Elie de Beaumont a généralisé l'observation à un tel degré, qu'on peut le considérer comme le fondateur de la théorie. Vous en comprendrez facilement une simple démonstration. Si les diverses couches placées sur le flanc d'une montagne, et qui sont nécessairement le résultat de précipitations d'une solution aqueuse, au lieu de reposer horizontalement, comme de pareilles précipitations doivent se faire, et conséquemment coupant les côtés de la montagne par un angle, comme dans la figure (a étant la section de la montagne, et bb les couches environnantes),

se trouvaient au contraire placées parallèlement à ces mêmes côtés, de cette manière :

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il est évident que la montagne doit avoir été poussée de bas en haut à travers les couches déjà déposées. M. de Beaumont, comparant les diverses couches ainsi perforées en quelque sorte par chaque chaîne de montagnes, avec celles qui reposent dans l'ordre horizontal, comme si elles avaient été précipitées aprês l'immersion de la montagne, essaie de déterminer, dans la série des révolutions des premiers temps, la période où chacune de ces montagnes fut soulevée. Chaque système de montagnes, comme il les appelle, a produit ou accompagné quelque grande catastrophe, qui, jusqu'à un certain degré, a détruit l'ordre existant alors 1. Ce système des géologues français a été confirmé et adopté par les hommes de science de notre pays. Le professeur Sedgwick et M. Murchison remarquent, sur les phénomènes qu'on observe dans l'ile d'Arran, qu'il semble prouvé que les grandes dislocations des couches secondaires ont été produites par lèvement du granit, dans lequel cas les forces soulevantes doivent avoir agi quelque temps après la précipitation et la consolidation du nouveau grès rouge 2. Mais De la Bèche est clairement d'opinion que ces soulèvements successifs qui indiquent les convulsions qui ont troublé l'action tranquille des dépôts de sédiment peuvent être encore simplifiés en les rapportant à une seule cause, qui est la force d'une grande chaleur centrale, rompant diversement la croûte de la terre, soit par le progrès de la réfrigération, comme il le suppose 3, ou par l'action volcanique, comme l'imagine l'auteur de la théorie.

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Or, il me semble que cette théorie, par son admirable unité de cause et d'action, est dans une parfaite harmonie avec tout ce que nous connaissons des méthodes mises en usage par la divine Providence, qui établit une loi, puis la laisse agir; tellement que

1 Revue française, mai 1830, p. 55. Voyez aussi ses communications manuscrites à De la Bèche, dans son Manuel, p. 481 et suiv. Carlo Gemmelaro nous informe qu'au congrès scientifique de Stuttgard, en 1834, il lut une note pour proposer une modification à cette théorie, en restreignant le soulèvement des chaînes à de petits espaces. Relazione sul di lui viaggio a Stuttgard; Cataniæ 1835, p. 12.

2 Geolog. transactions, vol. III, p. 34.

3 Researches, p. 39.

le boursoufflement d'une chaîne de montagnes est l'effet, en temps prescrit, de causes constantes dans leur loi, quoique irrégulières dans leur action; exactement de la même manière que la germination nouvelle est la conséquence annuelle de la même action de la chaleur sur la plante. Mais cette théorie semble en outre s'accorder de la manière la plus précise avec l'exposition expresse ou les explications des phénomènes de la création, telles qu'elles sont contenues dans les livres saints. D'après ces livres, nous apprenons que, pour renfermer l'Océan dans son lit, « les montagnes s'élèvent et les vallées s'abaissent dans le lieu que Dieu leur a destiné ; il les placées comme une barrière qu'elles (les eaux) ne franchiront pas, et elles ne reviendront pas pour couvrir la terre. » Il est parlé encore de la formation des montagnes comme distincte de celle de la terre : « Avant que les montagnes fussent produites ou que la terre fût née. 2. » Un autre passage remarquable semble décrire graphiquement les effets de ce principe dévorant : « Le feu sera allumé dans ma colère, et il brûlera jusqu'au plus bas de l'abîme (le fond de l'enfer); il dévorera la terre et tout ce qu'elle produit, et consumera les fondements des montagnes 3. » Dans cette description, comme dans la plupart de celles qui exaltent soit la gloire, la puissance, la magnificence ou la justice de l'Etre-Suprême, les figures sont probablement tirées de ses œuvres réelles, comme l'évêque Lowth l'a amplement démontré.

Mais les découvertes des géologues modernes ont aussi, comme je l'ai déjà fait entendre, établi une série progressive dans la production de différentes races d'animaux, qui se trouve évidemment en accord avec le plan manifesté dans les six jours de la création. Et, en vérité, ce rapprochement entre la géologie et la création a paru tellement frappant à quelques personnes, qu'elles ont abandonné la méthode que j'ai employée pour concilier le récit des livres saints avec la science moderne, et elles ont soutenu que l'harmonie entre les faits et la description inspirée est beaucoup plus parfaite que je ne l'ai assuré. Si vous n'admettez pas leur hypothèse, vous aurez au moins l'occasion de voir que « la géologie

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étrangère » n'a aucun désir de détruire ou de contester la narration de Moïse.

Le docteur Buckland observe avec vérité que de savants hommes, d'après des bases tout-à-fait distinctes de la géologie, ont soutenu que les jours de la création signifiaient de longues périodes indéfinies. Sur la vraisemblance de cette supposition, je n'ai rien à dire; philologiquement ou critiquement parlant, je n'aperçois aucune objection à faire; mais je ne la crois pas absolument nécessaire. Cependant, en admettant cette hypothèse, que tout ce que la science moderne exige lui est accordé dans l'espace intermédiaire entre la création et l'organisation actuelle de la terre, toujours est-il que quelque période plus longue qu'un jour pourrait être nécessaire, si nous supposons que les lois de la nature ont été abandonnées à leur cours ordinaire; car alors il aurait fallu un plus long intervalle, pour que les plantes aient pu se couvrir de fleurs et de fruits, et croître jusqu'à leur parfait développement, lorsque l'homme a été placé au milieu d'elles. Mais il a pu plaire à Dieu de les faire paraître tout-à-coup, dès le premier instant de leur naissance, dans toute leur grandeur et leur beauté.

Cuvier a remarqué le premier que, dans les animaux fossiles du monde primitif, il y a un développement graduel d'organisation, tellement que les strates les plus inférieurs contiennent les animaux les plus imparfaits, mollusques et testacés; puis ensuite viennent les crocodiles, les sauriens et les poissons; et les derniers de tous, les quadrupèdes, commençant par les espèces éteintes dont j'ai parlé 2. M. Lyell, peut-être justement, nie l'exactitude de la conséquence que l'on a souvent tirée de ce résultat, « qu'il y a un développement progressif de la vie organique depuis les formes les plus simples jusqu'aux plus compliquées 3; » d'autant plus que la découverte d'un poisson ou des ossements d'un saurien parmi les coquilles suffit pour déranger l'échelle. Mais cette observation ne blesse en rien ce que je vais vous exposer, puisque chaque examen subséquent tend à confir

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Vindicia geologicæ. Oxford 1820, p. 32.

2 Discours préliminaire, p. 63.

3 Principes de Géologie, vol. I, p. 145.

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