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fondeur atteint près de 600 mètres. Ça été un bonheur pour nous de l'avoir choisi pour notre visite, car il présente un des grands caractères distinctifs du bassin houiller de la Belgique : la stratification perpendiculaire et la stratification oblique, cette dernière formant un angle de 45 degrés environ. Nous avons eu en outre l'avantage de voir l'extraction des deux stratifications dans le même puits. Les mineurs expérimentés font seuls le travail à la pioche, tandis que d'autres hommes et les jeunes garçons chargent le charbon, et que les jeunes filles poussent les chariots chargés jusqu'à l'ouverture du puits. Dans la portion perpendiculaire est d'ordinaire un ventilateur de 20 à 30 pieds qui, en manœuvrant, fait les fonctions d'un escalier, le chargeur jetant toujours, à mesure qu'il avance, la houille derrière lui jusqu'à ce qu'elle finisse par tomber au fond. Dans quelques cas, le charbon est porté de la galerie la plus élevée par de jeunes garçons, puis jeté par une ouverture jusqu'au niveau du chemin de fer, où il est chargé. L'épaisseur de cette couche de charbon, en certains endroits, n'excède guère trente pouces. La quantité transportée chaque jour de ce puits à la surface est de 200 tonnes environ, et le nombre d'ouvriers employés est de cent cinquante.

Les hommes se servaient d'une lampe de sûreté de construction nouvelle, appelée lampe Moeler, et dont on vante le mérite. La flamme, protégée par trois rideaux de gaze, s'éteint d'elle-même si la lampe est renversée. Les heures de travail sont de sept du matin à sept du soir, avec un intervalle d'une heure pour les repas. Dans la mine, les ouvriers en général prennent du café; hors de la mine, ils boivent de la bière et du genièvre; et les jours de solennité et de grande fête, hommes et femmes se donnent le luxe du champagne.

Les maisons qu'habitent les mineurs forment une longue rangée partant du bâtiment par lequel on entre dans le puits; elles ont extérieurement un aspect assez convenable, mais il ne faut pas pousser l'examen plus avant. Nous avons visité les habitants d'un de ces logis et nous avons été reçus avec une grande politesse. Cet intérieur, disons-le, était incommode et malpropre. La première pièce, qui était assez grande, servait de cuisine et de salle aux usages communs. Du centre à la che

minée, et supportée sur une espèce de trépied, s'étendait une plaque de fer d'environ deux pieds de large, ayant à chaque bout un trou rond, et sous chaque trou une espèce de chaudière de cuivre en partie remplie de charbon incandescent. C'était la seule disposition qu'il y eût pour chauffer la maison et cuire les aliments. L'intervalle entre les deux trous servait de table. Après cette pièce, on arrivait, en descendant deux marches, à la chambre à coucher, véritable tanière misérable et sans air. Ces deux pièces constituaient tout le logis. Il n'y avait pas d'autres aménagements. Nous avons causé avec l'homme et la femme. Ils avaient de fort bonnes manières et ne manquaient pas d'intelligence. Les salaires des ouvriers houilleurs, creuseurs ou piocheurs, varient de 3 fr. 60 c. à 5 fr. 20 c. par jour; hommes exceptionnels, de 6 fr. 25 c. à 7 fr. 50 c.; poseurs d'étais, de 3 fr. 85 c. à 6 fr. 25 c.; charpentiers ou scieurs, de 3 fr. 10 c. à 3 fr. 60 c.; chargeurs de charbon, de 3 fr. 10 c. à 3 fr. 60 c.; divers, de 1 fr. 85 c. à 3 fr. 10 c.

Le gouvernement belge a établi dans toutes les régions houillères des caisses de prévoyance et des caisses de secours, administrées par des commissions mixtes, composées d'exploitants et de maîtres ouvriers, mais assujetties à la surveillance des gouverneurs des provinces respectives, auxquels elles doivent rendre des comptes annuels, et organisées en vertu de statuts approuvés par la Couronne. Chaque caisse est formée d'une contribution forcée des ouvriers, réalisée au moyen d'un prélèvement de 1/2 pour 100 sur leurs salaires, et complétée par une contribution de somme égale payée par les propriétaires de la mine, et par d'autres sommes votées tous les ans par la législature ou par le conseil provincial. Les fonds sont consacrés en partie à faire des pensions aux veuves et aux orphelins et à donner des soins aux malades, et en partie à développer l'instruction primaire parmi les enfants de la population minière. Ces institutions, qui fonctionnent, paraît-il, avec un succès remarquable, ont obtenu l'approbation cordiale des compagnies et des mineurs.

On s'occupe d'expériences dans plusieurs parties de la province, en vue de substituer la vapeur ou l'air comprimé comme force motrice et force de traction dans les galeries des mines;

mais jusqu'ici les essais n'ont pas été heureux. Les Belges ont aussi, comme nous, tenté d'introduire une invention pour détacher le charbon à l'aide de machines, au lieu de se servir de la main et de la pioche, mais ils ne l'ont pas trouvée susceptible d'application.

Il ne nous reste plus grand'chose à dire de l'industrie houillère, en ce qui la distingue des industries manufacturières, mais nous ne saurions abandonner cette partie de la question sans appeler l'attention sur le mode d'après lequel se fait l'inspection des mines en Belgique, et sur la différence qui existe sous ce rapport entre l'administration belge et l'administration anglaise.

En Belgique, le gouvernement ne suppose jamais que les différentes classes qui travaillent à la production aient des sentiments d'antagonisme entre elles ou puissent avoir des intérêts opposés ou divergents. Il n'agit jamais dans le sens d'une pareille présomption. Il ne se mêle jamais des affaires d'une classe ou de l'autre. Il coopère avec toutes les deux, et toutes les deux coopèrent avec lui. Nous avons été très-vivement frappés de l'existence manifeste de ces relations si précieuses entre les trois grandes fractions qui prennent part au développement des ressources du pays : le gouvernement, le capitaliste et l'ouvrier. Cet état de choses n'est aucunement le résultat d'une absence d'énergie de la part du gouvernement ou de ses employés. Au contraire, l'inspection des mines en Belgique est beaucoup plus réelle, beaucoup plus efficace et beaucoup plus constante qu'en Angleterre. L'inspecteur belge est requis de descendre dans chaque mine quatre fois par an; mais, de fait, il y descend bien plus souvent, et nous ne sommes que justes en disant qu'il consacre au moins deux jours par semaine à une inspection personnelle sous terre dans son district.

L'inspection de l'inspecteur anglais est généralement indirecte. Comme il reste à la surface, les ouvriers lui soumettent tous les sujets de plainte qu'ils peuvent avoir à faire. En réalité, ils le regardent principalement comme un intermédiaire de passage pour entendre leurs griefs; en outre, la loi l'autorise à recueillir les dénonciations intéressées de gens qui

font métier de parcourir les districts miniers pour y chercher matière à chicane et à procès contre les propriétaires de mines. Ce mode de procéder à l'inspection produit naturellement les résultats qu'on peut en attendre. L'inspecteur porte dans son district, non pas la paix, mais la discorde. Il ne crée pas la coopération, mais l'antagonisme, et il apprend à toutes les parties intéressées à le regarder non pas comme un coopérateur contrôlant les éléments de mal et de préjudice dont ne sont pas exemptes les œuvres les plus utiles, mais comme un arbitre entre des parties que son attitude met réciproquement en défiance. Nous ne prétendons pas dire que cette situation soit générale, mais il y a beaucoup d'inspections de ce genre dans toute l'Angleterre. Nous ne blâmons pas particulièrement les inspecteurs. Ce n'est pas tant leur faute que celle des déclamateurs qui trônent au sein de la société et du Parlement, qui se font de l'ouvrier un instrument politique, et qui ont pour doctrine avouée que le pays est occupé par deux nations distinctes : les maîtres et les salariés. Il est assez naturel que ce soit en quelque sorte à la remorque de ces gens-là que se placent dans leur manière d'envisager les choses les inspecteurs chargés de soumettre nominalement à la Couronne, mais en réalité au Parlement, les rapports qui concernent la classe des travailleurs manuels.

L'esprit qui préside à l'inspection de l'inspecteur belge est différent, parce que le public et le gouvernement auxquels il a affaire sont différents. L'intervention du gouvernement en Belgique a pour objet de prêter un contrôle protecteur à l'ensemble de toutes les classes qui concourent au développement des ressources nationales, et non pas de les diviser en catégories se faisant la guerre les unes aux autres; elle a pour objet d'écarter toutes les entraves qui s'opposent au développement progressif des richesses du pays, et d'assurer à chacun, maître ou ouvrier, une liberté d'action compatible avec la justice et la vraie liberté. Lorsque le gouvernement belge parle du peuple, il n'entend pas parler seulement d'une portion de la population, mais bien de la population tout entière. Les serviteurs de l'Etat comprennent cela, et la manière dont ils remplissent leurs fonctions est d'accord avec l'esprit qu'ils discernent dans leurs supérieurs; tandis que le roi lui-même, ainsi que nous en

avons été témoins, est généralement considéré non pas simplement comme le souverain, mais comme le meilleur mandataire que la constitution ait procuré à la nation.

H. HERRIES CREED,

WALTER WILLIAMS, jun.

V

West-Bromwich, décembre 1866.

Après avoir consacré à la houille le temps et l'espace dont nous pouvons disposer, nous allons maintenant examiner les industries que la houille alimente. Nous prions, en conséquence, le lecteur de vouloir bien nous accompagner de la mine où gît le noir combustible aux usines où se traite le fer.

Les districts à fer de la Belgique comptent en ce moment 105 hauts fourneaux au coke et au charbon de bois, dont 52 seulement sont en activité; 150 fonderies, 71 usines à ouvrer le fer, 82 fabriques de fer divisées en 56 affineries au charbon de bois, 20 chaufferies au charbon de bois, et 3 fineries; 499 usines à puddler, 229 à réchauffer, 32 squezers, 79 marteaux frontaux, 24 martinets, 147 cisailles et scies circulaires, 50 laminoirs ébaucheurs, 37 à gros fer marchand, 11 à rails, 29 à tôle et 16 fonderies pour articles divers.

La production des hauts fournaux belges est très-considérable; elle excède parfois 200 tonnes par semaine. Les belges ne soumettent pas, comme les Anglais, leur minerai à l'opération préparatoire du grillage. Ils l'emploient brut et le brisent en fragments très-menus. Ils le coulent dans des moules de fonte au lieu de moules de sable, ce qui donne au résultat un aspect moins gris et plus blanc. La cassure de leur fer en gueuse ne vaut pas la nôtre; en général, elle offre une surface lisse au lieu d'être granuleuse. Leur fer de bandage a moins de souplesse que le nôtre, et leur fer marchand n'est pas, pour le moment, d'une qualité bien régulière. Il ne faudrait pas pourtant que nos fabricants comptassent trop là-dessus. Une expérience plus longue ne manquera pas de profiter à l'habileté des Belges, que les mattres de forge avec qui nous nous sommes

bien

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