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conclave se réunit, sous peine d'excommunication en cas de manquement à ce devoir. En somme, ces trois constitutions de Nicolas II (1059), d'Alexandre III (1179) et de Grégoire X (1271) contiennent tous les ressorts essentiels du mécanisme qui fonctionne encore à l'élection d'un pape. Dès le dernier quart du treizième siècle, la cour pontificale avait définitivement reçu son organisation actuelle et s'était engagée sur la pente qu'elle n'a plus cessé de suivre.

Les principes ainsi consacrés ne se sont trouvés qu'une seule fois en défaut. Ce fut à l'élection qui eut lieu en vertu des résolutions prises au concile de Constance. L'Eglise de Rome a passé depuis par de rudes épreuves, mais qui lui étaient toutes suscitées du dehors, tandis qu'elle était alors agitée par des convulsions intérieures et presque mortelles. Tant que l'Eglise n'aura point répudié et annulé ce précédent par une sentence en forme, nous devons estimer qu'elle s'y conformerait encore dans une crise analogue. Le concile de Constance se distingue de tous les autres en ce que la convocation ne fut point due à l'initiative d'un pape, mais à un élan spontané de la société entière, épuisée par les maux dont l'accablait le grand schisme, lasse de confusion et de querelles, soupirant après le repos. Nulle marque de légitimité, un monde plongé dans des ténèbres aussi profondes que l'Egypte de Moïse, des papes rivaux qui vont et viennent sans qu'il soit possible de distinguer le vrai souverain spirituel des usurpateurs..... la conscience de l'Eglise se souleva d'instinct contre cet affreux désordre, et le concile de Constance est l'expression de cette révolte des plus pieux docteurs, empressés de sauver l'institution qu'ils chérissaient et apportant à des maux extraordinaires un remède exceptionnel. Deux papes, Jean XXIII et Grégoire XII, divisaient alors le monde, et nous ne devons pas oublier qu'ils tenaient l'un et l'autre leur titre d'une élection si irréprochable dans la forme, qu'ils continuent toujours à figurer sur la liste officielle des papes, dressée par l'Eglise romaine. L'assemblée, qui voulait rendre la paix à l'Eglise, et dont l'Eglise a reconnu sans protestation les actes légitimes, les obligea tous deux à une abdication solennelle (1415). Un nouveau pape, Martin V, fut nommé à leur place par un corps spécial de commettants, créé

tout exprès afin de lui conférer un titre plus solide que n'eussent fait les cardinaux seuls, qui avaient tous trempé plus ou moins dans le schisme. Sous ce rapport, comme aveu et reconnaissance de la nécessité des mesures exceptionnelles pour des situations exceptionnelles, comme dérogation à l'observance pédantesque des formes quand les formes nuisent à un intérêt vital, comme expédient consenti et approuvé sans hésiter par l'Eglise, l'élection de Martin V est un fait très-remarquable. A cette date, les cardinaux étaient, depuis près de quatre siècles, en possession du privilége exclusif de faire les papes. Les peuples avaient perdu le souvenir de leurs anciens droits. Aucune réminiscence historique ne vint peser sur les théologiens réunis. Ils n'avaient que le simple, mais vif sentiment de ce que demandait la gravité des circonstances, et ils sacrifièrent les vaines formes à un intérêt sérieux. En conséquence, le concile nomma un collége électoral extraordinaire, composé de cardinaux et de trente docteurs, choisis dans son sein, à raison de cinq membres pour chaque nation présente; cardinaux et docteurs étaient appelés à représenter la chrétienté et à lui donner un pape capable de mettre fin à cette longue série de troubles. On proclama que la mesure était exceptionnelle, prise exclusivement en vue d'un cas particulier. C'est ce qui fait l'importance de ce précédent; car c'est supposer en principe que l'Eglise est libre et se considère comme libre d'adopter des innovations de prudence et de nécessité. On trouvera au Bullaire romain une série de bulles postérieures aux trois que nous avons citées et relatives à l'élection des papes; mais quand elles ne se bornent pas à confirmer solennellement les trois précédentes, elles touchent à des questions tout à fait secondaires et ne modifient que des points de détail. Depuis les jours de Grégoire X, aucun nouveau principe organique ne s'est introduit dans le mécanisme des élections. Le seul décret pontifical sur la matière qui offre encore de l'intérêt est la bulle publiée par Grégoire XV en 1621, et suivie, en 1622, d'un règlement détaillé, qui est celui qu'on observe encore sur le cérémonial. Analyser toutes ces bulles par ordre chronologique, serait parcourir un catalogue qui ne peut avoir d'attrait que pour les antiquaires. Nous ne nous proposons pas, en effet, de

rechercher quelles ont été les formes et les pratiques en usage à la cour de Rome aux différentes époques; mais quels sont les ressorts et les agents encore actifs dans l'organisation actuelle: tel sera le sujet d'une étude dont ce qui précède n'est que l'in troduction historique,

(La suite en mars.)

ÉCONOMIE POLITIQUE. INDUSTRIE.-MÉTALLURGIE.

SITUATIONS RESPECTIVES

DES INDUSTRIES DE LA HOUILLE ET DU FER

EN ANGLETERRE ET EN BELGIQUE.

I

Dans un de nos précédents articles relatifs à la Belgique, article que la presse belge nous a fait l'honneur de reproduire, - nous avons appelé l'attention de nos lecteurs sur l'état de prospérité commerciale et industrielle de ce royaume né d'hier à l'indépendance, et, les documents officiels en main, nous avons essayé de démontrer les progrès merveilleux réalisés par l'activité belge dans la sphère des intérêts matériels comme dans celle du développement intellectuel et moral'. La matière n'est pas épuisée. Ce mouvement ascensionnel constant qui se révèle dans toutes les forces vives de la Belgique depuis un certain nombre d'années est une étude curieuse, pleine d'enseignements dont pourrait profiter plus d'une grande nation.

Cette étude, les Anglais ne l'ont point négligée; leurs enquêtes parlementaires en font foi. L'extraction de la houille, entre autres choses, et la production métallurgique en Belgique se lient, pour eux, aux questions pendantes très-complexes de la concurrence, des salaires et des grèves. Toutefois les blue books

'Voir, Revue Britannique, septembre 1865, l'Industrie belge et ses progrès.

n'ont pas réussi, paraît-il, à éclaircir tous les points obscurs en discussion. L'extrême développement de l'industrie métallurgique belge a ému les maîtres de forges de la Grande-Bretagne, et, tout récemment, MM. Creed et Williams, désireux de se renseigner par eux-mêmes et de visu, se sont donné la mission d'aller examiner dans leurs détails et tout à la fois au point de vue industriel et économique, l'exploitation des vastes bassins houillers des provinces de Hainaut, de Liége et de Namur. Le Times a ouvert ses colonnes aux deux explorateurs ; ils viennent d'y faire connaître, dans une série de lettres, le résultat de leurs observations.

La Revue Britannique ne pouvait rester indifférente aux questions que ces lettres soulèvent, et qu'elle-même a plus d'une fois abordées. Nous étions en Belgique occupé à réunir les éléments d'un travail destiné à la publicité, au moment où cette correspondance achevait de paraître. L'occasion était belle pour nous de vérifier sur place les assertions de MM. Creed et Williams; nous en avons profité, aidé dans cette entreprise par cet accueil courtois dont les Belges ont le secret en toute circonstance, et qu'ils prodiguent à qui sait apprécier leurs patriotiques efforts pour le développement de la prospérité nationale.

Les deux sols houillers d'Angleterre et de Belgique, avec leur population propre, sont en pleine concurrence, et, en continuant de peser d'une façon si désastreuse sur l'industrie des fers dans la Grande-Bretagne, les Trades' Unions, à moins qu'elles ne réussissent à enrôler sous leur bannière toutes les populations des bassins houillers qui traversent la Belgique, en poussant en Prusse d'un côté et en France de l'autre, ne feront qu'étouffer le commerce anglais à l'immense profit des autres pays et particulièrement de la Belgique. La production belge du fer est déjà d'un quart de la production anglaise par tête de l'ensemble de la population, et cette production se double en quinze années, alors que la production anglaise demeure stationnaire. Dans la fabrication du fer pour les machines et les constructions, les Belges ont gagné considérablement de terrain; ils ont marché d'un pas plus rapide que les Anglais, et il n'est pas probable qu'ils se laissent distancer de sitôt, attendu que leur fer est plus propre à ces usages que le fer anglais. On dit

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