Le Caffif de Cattia n'eft pas qualifié Caffif dans le Diuan, & pour cette raison l'on ne le met pas au nombre, n'eftant estably que pour la garde des chafteaux ; le terroir n'eft aucunement fertile. Le gouuerneur ne porte point le titre de Caffif quoy que fes amis luy baillent. Il paye au Baffa quatre bourses, & deux de despense aux officiers. Le reuenu n'eft que des peages des Carauanes qui paffent par Hierufalem, & toute la Palestine, & auffi des dattes, le territoire n'estant que de fablon. Il y a trois chafteaux à garder, les foldats font payez par le Roy de tois en trois mois, & en chacun d'eux, il y a foixante mortes payes.

Tout le terroir de l'Egypte eft au Roy, quelques terres exceptées qui font Vacouf, ou Vouaf; c'eft à dire affectées aux Mofquées, à la Mecka,& à Medina,y ayant quatre grands legats, ou benefices appellez Dechiches, qui font obligez d'entretenir à la Mecke les Cherifs, & les Eunuches, qui feruent au lieu, où ils difent que Mohamed a efté enfeucli, & qui font tenus encore de fournir certain nombre de Chameaux pour les pauures pelerins, & leur donner prouifion d'eau,& de pain pendant tout le voyage. Ces legats, benefices, ou Dechiches font.1. La Suleimanie,2.La Mamodie, 3. La Moradic 4. La Hoffeinie. Ces

Bexir.

quatre ont grands terrains, dans lefquels le Grand Seigneur ne prend aucuns droits, il donne neantmoins ces benefices & les chan ge à fa volonté.

Il faut maintenant defcrire les doüanes & doüaniers.

La premiere douane eft celle Delbonar, qui eft à dire de l'efpicerie, & droguerie,& generalement de toutes les marchandifes qui vien nent de la Mecke, du Mocal, & des Indes, defquels le douanier prend la disme en argent,& non en efpeces,felon l'eftimation ordinaire qui eft quinze pour cent, & plus. Il doit au Baffa quarante-cinq bourfes, au Thaia 15. Il paye au Roy cent vingt bourses en quatre quartiers: & en outre le douanier eft obligé de fournir toutes les efpiceries, drogues, toiles, & ainbre gris pour le Serrail du Grand Seigneur.

La feconde doüane eft celle d'Alexandric qui comprent Roffette, & Blixier. Le doüanier donne de prefent au Baffa trente bourses, & dix aux Agas du Baffa. Il paye au Roy cent vingt bourses tous les ans, & enuiron douze mille piaftres pour l'entretien de la garde des forteresses d'Alexandrie,Bekir, & Roffette. Il doit auffi trois cens vingthuict quintaux d'huile d'oliue pour la Mecke, & douze à quinze mille piaftres en draps

de foye, & de laine pour veftement vne fois l'année au Bassa, & à fes gens à leurs Pasques de Ramadzán. Les fix vingt fe payent au Roy de quatre mois en quatre mois. Ce douanier prend de toutes les marchandises qui viennent de Chreftienté vingt-&-vn pour cent; de celles des terres du Grand Seigneur dix pour cent. Du bois qui vient de la mer noire, il prend vingt pour cent. Ce douanier est encore maiftre de la police touchant les poids, & mefures, dont il tire douze à quinze bourses tous les ans.

aú

Le troifiefme douanier eft celuy de Damiete, qui paye tous les ans au Roy deux caiffes d'or, qui font vingt mille Cherifs, il paye au Baffa quinze bourfes, & quatre Tihaia: il paye les foldats des deux chasteaux qui font à l'emboucheure, dans lesquels ily a cent quatre-vingts mortes payes à fix medins chacune. Le reuenu de cette douane confifte és entrées des marchandises de Turquie, comme des grains, huiles, fauon,amandes, & autres marchandifes qui viennent de Gaza, de Seïde, & Damas, qui payent toutes dix pour cent. Le reuenú eft auffi à Sunde fur les champs qui font au tour de Damiete: Il vient aufli force Saïques de Turquie, & Cypre lefquelles chargent la pluspart de ris, legumes, & quelque peu de lin,

fucre, & cannes. Les droits de ces marchapdifes font de peu de valeur.

Le quatriesme est le doüanier de Burles, dont le reuenu confifte fur les arbres des dattes, & autres fruits, fon plus grand reuenu eft à la pefche du poiffon, qui fe prend en tresgrande quantité, & eftant falé s'enuoye en Candie, & par tous les autres lieux de la Grece, où il s'en confume beaucoup. Il paye au Baffa deux bourses, & demie bourfe au Tihaia. Il doit au Roy quatre bourfes tous les ans. Le territoire de ce lieu est tout fablonneux. Le Baffa enuoye pour la garde de la ville vn capitaine qui s'appelle Sobaffi, qui chemine nuict & iour. Le plus fouuent le Baffa luy donne l'efpée franche, il commande enuiron deux cens hommes. Dans cette ville auffi, il y avn Metafsoup qui eft celuy qui met le prix aux viures, & qui a intendance fur le prix de toutes les chofes qui feruent au mefnage, & par ce moyen il exige beaucoup de ces pauures habitans. Il donne de present au Baffa dix bourses, & trois autres qui s'en vont en despense.

La cinquiefme eft la douane de Boulac,qu' 'ils appellent la Caddara. Le douanier doit de prefent au Baffa quinze bourfes, & cinq au Tihaia, & Agas. Il doit au Roy foixante & quatre bourfes, payables de trois en trois mois.

Le reuenu de cette doüane confiste en plufieurs chofes, à fçauoir la doüane du lin qu'il fous-afferme douze bourfes, le lin doit cinq medins, duquel en vne année fertile il s'en pefera à Boulac plus de deux cent mille quintaux, fans comprendre ce qui va à Roffette qui arriue à cent mille quintaux. Il fe prend auffi pour cette douane vn droict fur les grains qui viennent au Caire vieux, dont le doüanier tire fix bourfes, & autres fix bourfes fur les herbages, cannes à miel, melon d'eau & autres:ce qui fait en tout vingt-quatre bourses. Le reste du reuenu eft fur le tabac, & autres marchandises qui viennent de Turquie, dont il y en a qui doiuent dix pour cent, autres moins. Il tire auffi quatre piaftres pour chameau chargé de marchandises, qui vont aux Indes,& à la Mecke; Et des carauanes qui viennent de Damas,Gaze,& autres lieux, il tire auffi vn droit.

Sous le gouuernement de Girgio, il y en a vn petit nommé Ebrin, duquel le Roy ne tire aucun reuenu, celuy qui le prend fait despense de deux ou trois bourfes. Le reuenu confifte en quelques arbres de dattes, en Senneh, & bois à brufler. Ce lieu eft fort aspre, & rude, & fascheux pour le chaud. Lors que quelques Genitzaires, Spahis, Chiaoux, ou Motaferagas ont fait quelque mal qui ne