103 RELATION D' VN VOY A GE DE P E R S E FAICT ES ANNEES 1598. & 1599. PAR V N GENTIL-HOMME DE la fuitte du Seigneur Saierley Ambassadeur du Roy d'Angleterre. OVS feiournásmes à Halep enuiron deux mois, d'où nous partismes le second iour de Septem bre l'an' mil cinq cens nonantehuict apres soupper, pour prendrele chemin vers Babylone,& arriuasmes enuiron minuict en vn village appellé Gibrin loing d'Ha lep cinq mille. Le troisiesme dudit mois nous vinsmes en vn autre village appelle BAB, aupres duquel il y a vne fontaine de fres-bonne eau. Le quatriesme iour, ou pour mieux dire la quatriesme nuict, d'autant que tousiours nous marchions la nuict, nous paffasmes par vn village tout ruiné & desert, prés de BAB d'vn mille , & delà à un autre qui est habité elloigné de B A B de trois mille, qui s'appelle l'ABISSIN, Le cinquiesme nous vinsmes à BřL E,qui est sur le Aeuue Euphrate. En tout l'espace qu'il y a d'Alep iusques à Byle, l'on ne voit que des campagnes tres-belles, & tres-fertiles: mais qui sont subiectes à estre rauagées par de certains voleurs Arabe, qui ne laiffent passer homme du monde sans le detroulfer , s'ils fe voyent estre les plus forts. BVLE est vne villc fermée, qui a vn chasteau assez fort, suiuant la couftume de fortifier qu'ont les Turcs. Nous y seiournasmes cinq ou six jours, y faisano prouifion de ce que nous auions affaire, & calfeucrant nostre vaisseau, acheptant bifcuir, fromage, beurre, chair, poulos & autres choses, que nous pouuion's recouures en ce quartier-bà. Puisle dixiefme Septembre nous nous en barquafnes de fort bon matin: fur l'Eufrate .' cstans treize barques de compagnie, entre Le douziesme iour encore parurent quct ques-vns de cette canaille, qui alloient abbreuuer leurs troupeaux , lesquels nous disoient force iniures : mais entendant quelques escoupeteries, que nous tirasmes en l'air, ils se retirerent. Ce mesne iour nous visines yn troupeau de ieunes chameaux, lesquels estoient en si grande abondance , que c'est . chose incroyable. Sur le soir nous vismes trois bourgs l'un desquels s'appelloit ARBORERA, l'autre GIABAR , ie ne pûs apprendre le nom du troisiesme. Leiour precedent nous auions passé par vn autre appellé BEL IS. Nous vismes en ce lieu cinq Lyons , deux tres-grands, & trois moindres,& certains oyseaux qui ont les aisles rouges, qui estoient beaucoup plus grands qu'vne oye, là fe trouuent des melons d'eau. Les Arabes nous en apportoient la nuict dans nos vaisseaux à la nage, les changeant contre du pain, ou bien en prenoient de l'argent , ils appellent telle sorte de melons Angurie. Le quartorziesme iour furent encore veus sur le bord de la riuiere trois Lyons, non loing de-là vn seruiteur du Difendar susnommé, tua saus y penser vn Turc en tirant vne arquebuze, dequoy nous faillismes à auoir beaucoup de peine à RACCH A ville fort ancienne, pource que les Turcs du licu en vouloient donner la coulpe aux Chre stiens. 1 |