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l'on peut dire qu'il en eft comme de certains lieux fur la terre qu'on ne fçauroit bonnement fortifier, non pas par le deffaut de l'art, difent les Architectes, mais pour le mauuais endroit de leur fituation. S'il n'a pas efté poffible à cette adorable fille du Ciel & fidelle tutrice de la felicité des hommes de trouuer vne ferme demeure en cette belle & fertile contrée, ce n'eft pas le manquement de connoiffance combien elle eft preticufe & importante pour le faire viure en perpetuel bon heur; mais plutoft quelque fecrette & maligne difpofition de l'air qu'on y refpire, infecté des demons qui corrompt le naturel de fes habitans: car cetre riche partie d'Amerique au lieu de faire regner chez foy la tranquillité, femble n'eftre deftinée qu'au carnage & à la cruauté, qu'elle y a toûjours veu exercer, & par fes originaires & par ceux que noftre Europe luy a produit, que l'on diroit n'eftre attirez dans fon fein que pour l'arroufer de leur fang. Les liures de ceux qui ont descouuert cet autre hemisphere, nous enfeignent affez quel eft ce Brefil, fous quel parallelle il est afsis,

de quelle manie les Brefiliens, Topinam bous & Tapoyos qui font les peuples de ce pays-là, fe faifoient la guerre autres fois & deuoroient les vaincus;come les Portugais en fubjuguant ces miferables s'y font fignalez par d'horribles effufions de fang; comme auffi les François s'eftans rendus maiftres d'vne partie du pays auec de fanglants exploits, les Portugais le leur firent quitter auec la vie, & lefquels en apres furent fupplantez par les Caftillans, où vn grand nombre des leurs pafferent par le fer, lors que leur fouuerain annexa à fa domination leur Royaume.Les Eftats generaux des Pays-bas y porterent leurs armes du depuis & en conquirent la meil leure partie, où les rauages & faccagemens qui accompagnent la guerre, ne furent pas efpargnez, En ces derniers temps que les Portugais fe font remis en leur premiere liberté, les anciens de cette race de Portugal tirerent raifon des Caftillans qui les maiftrifoient, & les enuoyerent en l'autre monde; & finalement ces mefmes Portugais apres auoir traitté la paix auec. les Hollandois de ce Brefil, tant les fub

jets de Dom lean quatriefme Roy dePortugal, que les autres qui reconnoiffoient les Eftats generaux pour fouuerains & viuoient fous leur protection, fe font foùleuez contre eux, & apres plufieurs meurtres, maffacres & efgorgements des Hollandois, fe font emparez d'vne bonne éténdue du pays & de prefque toutes les places,ont ruiné, deftruit & defolé celuy dont ils n'ont peu gagner les fortereffes: deforte que quelque effort & refiftance qu'ayent fait les Hollandois, ils ont toujours eu du pire fur la terre,mais de grands auantages fur la mer, où ils font beaucoup plus vaillans & adroits que leurs ennemis, qu'ils traittent tres-mal quand ils tombent entre leurs mains. Or c'eft de cette guerre & derniers troubles, de leurs caufes & tragiques fucceż dont j'entreprends particulierement de difcourir dans la fincerité, autant que nous a pû fournir ce que i ay veu,ouy asseurer, appris par experience & memoires à moy donnez, que par les inftructions queray leues dans les regiftres de la Compagnie des Indes d'Occident, pretentions à mon aduis affez receuables pour fonder mon dire.

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Extrait du Priuilege du Roy.

Ar grace & Priuilege du Roy, Donné à Paris, le 28. iour d'Aouft 1651. Signe par le Roy en fon Confeil CONRAT. Il eft permis à Augustin Courbé Marchand Libraire à Paris, d'imprimer ou faire imprimer,vendre & debiter, Hiftoire des derniers troubles du Brefil entre les Hollandois & les Portugais, & ce durant le temps & cfpace de dix ans, à compter du iour qu'il fera acheué d'imprimer: Et deffences font faites à tous Imprimeurs, Libraires & autres de contrefaire ledit liure, à peine de trois mil liures d'amande & de tous defpens, dommages & interests, aïnfi qu'il eft plus amplement porté par lefdites Lettres, qui font en vertu du prefent Extraict tenues pour bien & deuëment fignifiées, à ce qu'aucun n'en pretende cau Le d'ignorance.

Les exemplaires ont efté fournis.

Acheué d'imprimer pour la premiere fois le 10. iour de
Septembre 1651.

Fautes furuenues en la Relation de la guerre du Brefil.

Age 5.ligne 13. plus auant appellé, lifez plus anant en un plus grand prix, lif. Elle reviendroit à plus de vingt liures chacune.ibidem, mercenaires,lis. maneuures.pag.44 fin de la page apres ces mots Roy de Portugal, faut adioulter quatre millions quatre cents mille ducats, &c. lohan Fernandez Diera, par tout où fe trouue ce nom faut lire lohan Fernandez Viera. p. 192. lig. 5. defa nue, faut lire de fa venuë.

DESCRIPTION DV RECIF

ETTE place fe peut dire la plus forte du Brefil & l'vne des plus fortes du monde, auffi les Gouuerneurs & hauts Magiftrats de la Compagnie des Indes d'Occident pour les Eftats generaux y font leur refidence & y tiennent leurs magafins, là abordent tous les nauires, comme au lieu où fleurit le commerce. Elle eft fituée à huit degrez par delà l'Equateur, fur le bord de la mer Oceane, qu'elle a pour fon Orient, à l'Occident la Terre-ferme, du Septentrion la ville d'Ollinde, Goyanne, Parayba & Riogrande, & fes coftes tirant à l'Equateur; de midi le Cap faint Auguftin & les coftes de Rio San Francifco, tirant à la Baye de todos los Santos. Cette fortereffe en a plufieurs autres qui en dépendent, leurs affiettes font merueilleufes & ne fe pouuoient mieux choifir. Pour fe les bien reprefenter à l'imagination il faut obferuer que le Brefil de l'vne à l'autre extremité, que l'on dit eftre de mille cinquante lieues, eft entierement bordé d'vnegroffe, longue & platte roche, large com

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munement

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