ces de gens de guerre eftoient partis de la Baye, & trauerfoient le pays pour la commencer. Il ne faut pas demander de quelles tranfes & efmotions fut furpris ce confeil Hollandois à fafcheufes nouuelles,mais comme s'ils euffent efté aueugles en vne fi preffante occafion, au lieu d'enuoyer prendre fur le champ Iohan Fernandes Diera, ils luy manderent feulemét par le Iuif Abraham Coing de les venir trouuer pour paracheuer vn contract qu'il auoit commencé auec la Compagnie, auec intentio pourtant de l'arrefter s'il fut venu : Il s'en douta incontinent, renuoya le meffager leur dire qu'ils le verroient fur le foir; ce qu'il fe donna bien garde de faire, & fans dauantage confulter en vn tournemain fir fçauoir aux autres qu'il falloit déloger, s'enfuit auec eux dans les bois où ils emporterent leurs armes: Le lendemain comme il n'eftoit pas arriué au Recif on enuoya chez luy main forte pour l'emmener, & tous les peres de famille Portugais pareillement, ils ne rencontrerent dans les maifons que les pauures vieillards qui furent en apres relafchez. De Ligne Politique & Dire&teur de Parayba, craignant qu'il n'y arriuast quelque furprife, s'y achemina en diligence du Recifoù il eftoit,& à fon arriuée fit defembarquer tous les foldats eftans dans sept vaiffeaux chargez de fucre & prefts à partir pour Hollande, qui n'attendoient que le vent: il les logea dans les forts & redoutes, monta à la ville Frederich à trois lieues de la mer, fur la riuiere de Parayba, y fit retirer tous les Brefi liens & abandonner leurs Aldées, à caufe que les Portugais auoient quitté ; il ordonna que quatre des vaiffeauxreuiendroient au Recif, mais le vent contraire les ierta en Riogrande, à foixanté lieuës en deçà du cofté du North! Nos Portugais ayant appris que leur entreprife fur le Recif,Parayba & Riogrande eftoit découuerte, faillirent d'en creuer de defpit, la populace s'efcrioit qu'elle eftoit perdue, ne pouuoit efuiter de deuenir miferable: pour tant de s'endédire il n'y auoit plus moyen, la chofe cftoit trop auancée; leurs chefs & prin cipaux, qui auoiet ioué de leurrefte,promet toient victoire dans trois mois, dépefcherent des hommes àCamarron & Henricquez Dicz pour les preffer de fe rendre à Fernambourg, pendant qu'ils s'allerent recacher eux & leurs efclaues dans les bois. Le lieu où premieremet ces Portugais fe foûleuerent ouvertement, & refpandirent du fang, fut au bourg de Poibu gue à fix lieues du Recif, & vne du cap fainct Auguftin,que le zo. Iuin 1643.le peuple affemblé à la place & parmy eux vn ieune luif, ils l'attaquerent de paroles, luy dirent que cel ftoiét les Juifs qui auoient feméqu'ils fe vou loient reuolter: luy qui connut d'abord qu'il n'y auroit pas du bon pour luy, fans plus s'amufer à les efcouter ny à leur refpondre, se recommanda à fes iambes,euxle pourfuiuirent, criants viue le Roy de Portugal: les foldats d'vne redoute qui eftoit au bout du bourg s'amufants à iouer au deuant, s'effrayerent & fe fauuerent au cap faint Auguftin auec le Iuif,& fur l'heure mefme tous ceux de Poiougue prirent les armes & marcherent en troupe par la campagne,commandez par Amador d'Aragoufe,pourucu par Vidal. Leur premier exploict fut de tuer fept matelots Hollandois nouuellement arriuez en vne barque qu'ils pillerents poignarderent trois luifs qui demeuroient parmi eux, & leur vendoient de petires denrées, erigerent plufieurs gibets & potences, afin,difoient-ils d'y attacher ceux qui refuferoient de prendre les armes pour le feruice du Roy de Portugal. Ce fut alors que le Confeil du Recifn'eut plus le temps de remedier comme ils euffent defiré, au malheur qui alloit accabler leur conquefte, & trop de loifir de fe repentir du mefpris qu'ils auoient témoigné des aduis qu'on leur auoit donné de la raifon n'eftoit plus de mife, Comte Maurice arme il falloit chaftier les rebelles par les armes. Le Hollandois. fieur Hous Lieutenant Colonel du Comte Maurice fut nommé general de la milice: Il Le fieur Hous Lieutenant Colonel du pour la defenfe des toutes parts, affembla affembla habilement cinq cents hommes,tant de ceux qui estoient à la folde, que d'autres qui auoient porté les armes, parmy lefquels il entremefla des Brefiliens, & auec eux battit la campagne & prit fon chemin à Poiougue, pour y deffaire les mutins: arriué à Talbatingue, hameau à demy-lieuë de là, le nommé Godigno Portugais contrefaifant le fidelle,& feignant eftre efperdu, vint luy demander où il alloit: à quoy Hous refpondit que c'estoit pour mettre en piece les rebelles: ce Portugais qui tafchoit de l'empefcher d'auancer, le pria de pluftoft rebrouffer, qu'ils eftoient en plus grand nombre & le mettroient en déroute: n'importe, dit ce General, ie les veux voir, & toi qui parles il faut que tu y viennes auffi; puis fe rendità Poiougue, où ceux qui le virent approcher fonnerent le tocfin pour faire prendre les armes à chacun, qui au lieu de l'attendre & de tenir bon, s'enfuirent par les bois & buiffons: Godigno fut eftranglé en vne potence de celles qu'il auoit fait luy-mefme dreffer, pour y pendre ceux qui refuferoient de prendre les armes pour le Roy de Portugal, à caufe que le confeil qu'il donnoit, n'eftoit que pour faire auoir du temps aux ennemis de former vn gros, pendant que Hous fe retireroit, lequel entré à Poiougue, auffi-toft qu'il eut logé fes gens, comme fon dessein n'eftoit que de tuer ceux qu'il trouueroit les armes au poing, il deffendit aux foldats de courir chercher les femmes, enfans & autres qui s'eftoient cachez, tafchant à les ramener par la douceur. Il fit afficher dans le bourg (& les feigneurs du Confeil enuoyerent auffi par tout) des placarts d'abolition generale à tous ceux qui auoient trempé, adheré ou consenti à la rebellion, fors Iohan Fernandes Diera, Antonio Caualgante, & Amador d'Aragoufe, autheurs, fi dans huit iours ils reuenoient en leurs maisons, & preftaffent de nouueau ferment de fidelité. Quelques Portugais fugitifs connoiffans que le foufleuement eftoit trop precipité, & qu'il falloit auparauant attendre la flotte & du fecours de la Baye de tous les Saincts, qui n'eftoit retardée que pour les grandes pluyes, reuindrent chez eux, & en furent quittes en promettant de n'y plus retourner. Hous enuoya de tous coftez des partis pour defcouurir le gros des Portugais armez: cependant les trois nauires des fept qui eftoient en Parayba, allerent porter en Hollande nouuelles du peril de leur conquefte du Brefil. Diera, Caualgante & d'Aragoufe, principaux autheurs de la fedition, ayants fçeu qu'ils eftoient exceptez de l'abolition generalle par les placarts, en firent publier à Malliapes, bourg où ils s'eftoient defia forti |