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à

debtes, acquitter leurs creanciers & faire ceffer leurs pourfuittes, qu'ils obligeroient leurs perfonnes, leurs biens & la recolte generalle de leur fucre, lors prochaine, fous telles autres conditions qu'on defireroit. Les feigneurs du Confeil firent affembler les creanciers aufquels ils communiquerent cette propofition, qu'il y auroit de l'inconuenient fe faire payer tout d'vn tout d'vn coup, ioint que la chofe eftoit impoffible, puis qu'il n'y auoit point d'argent, & que le fucre n'eftoit pas preft à cueillir, que s'ils vouloient perdre quelque chofe,ils leur affeureroiét leurs fommes: ces marchands bongré, malgré donnerent leur confentement au contract qui en fut paffé, par lequel les feigneurs du Confeil, au nom de la Compagnie, & fe faifants forts pour elle, s'obligerent de payer les debtes des Portugais àleurs creanciers, qui fe contenteroient de feptante-deux pour cent des debtes vieilles qui eftoient au delà d'vn an, & de cinquante-huict pour cent des debtes nouuelles, lefquelles entreroient en compenfation auec les fommes dont ces creanciers fe trouueroient redeuables àla Compagnie, & pour le regard de ceux qui n'eftoient point debteurs à la Compagnie, qu'on ne leur payeroit que cinqante-huict pour cent,generallement pour les debtes vieilles & nouuelles. Ce paye

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ment leur fut fait en ordonnances & mandats fur les treforiers & receueurs de la Compagnie, qui au lieu de leur donner de l'argent, comme on leur auoit fait efperer, eftoient contraints d'accepter des Negres & efclaues d'Angola pour le prix qu'ils eftoient eftimez en public. Ques'ilarriuoit à quelques-vns de vouloir auoir de l'argent, ils ne trouuoient en vendant ou cedant leurs mandats à d'autres, que vingt liures pour cent, argent.comptant, & par ainfi les marchands perdoient quatre-vingt liures pour cent, & encore demeuroient les vendeurs, cautions & obligez de reftituer aux achepteurs les fommes qu'ils en receuoient, au cas qu'ils ne peuffent rien recouurer de la Compagnie.

Les Portugais de leur part affecterent particulierement la recolte de leur fucre à la Cópagnie, promirent de n'en vendre ny liurer à perfonne, qu'ils ne fe fuffent entierement dégagez enuers elle, fans aucun rabais. Ces feigneurs du Confeil s'imaginerent par là de faire vn gain inestimable fur les vns & fur les autres, & ils n'eurent rien du tout, pour n'auoit fceu penetrer l'intention des Portugais, de toutes les actions defquels ils auoient fujet de fe deffier: car enfin s'eftans mis à couuert pour quelque temps, le delay leur feruit, non pas pour payer auec plus de facilité; mais pour

entierement fruftrer la Compagnie, comme nous allons voir.

Auffi-toft que le Viceroy eut nouuelles de la teneur de cette conuention, & que les Portugais n'eftoient plus en crainte d'eftre molestez ny visitez par les fergents, il leur enuoya parterre des foldats qui fe difperferent deçà & delà, pour encourager ces habitans & les preparer au complot. Vn feigneur d'Engin de Serinhan, tout Portugais qu'il eftoit, n'ayant pas l'efprit factieux, vint exprés au Recifaduertir les feigneurs du Confeil, que chez luy eftoient paffez plufieurs hommes armez, venants de la Baye de tous les Saincts, qui fe vantoient qu'en peu de temps ils efperoient de voir le Brefil fous vn feul maiftre. Ce fut ceux-là mémes qui porteret à Iohan de Pontes,qui les eftoit allé trouuer, l'ordre concerté par le Viceroy & André Vidal qu'il falloit obferuer pour s'emparer du Recif,de Parayba & Riogrande, lefquels pris ils tenoient les autres places & le pays à eux: A cet effect il eftoit refolu de marier la fille d'Antonio Caualgante, homme tres-riche, au fils d'vn homme de fa condition, que les nopces fe feroient le iour de faint Iean Baptifte de l'an 1645. en la maifon de Iohan Fernandes Diera, que le banquet feroit celebre & des plus magnifiques, où tous les gens de marque des

Portugais deuoient venir, que les feigneurs du Confeil ou Politiques & autres officiers Hollandois feroient inuitez, qu'apres auoir fait bonne chere, & à l'iffue du repas on empoigneroit les maiftres & les valets, & qu'on les efgorgeroit, que fur le foir quelques-vns iroient au Recifdire que les feigneurs reuenoient, & qu'on les attendift, que comme on n'y faifoit pas bonne garde, les vns de ceuxcy entreroient & les autres demeureroient à la porte pour receuoir le gros qui deuoit suiure vn quart d'heure apres, puis comme en furfaut se saisir de la porte, des ramparts de Mauritstad, & des places d'armes ; qu'à la mefme heure quantité de barques qu'on feindroit venir de Barrette chargées de fucre, comme il fe voit à l'ordinaire,feprefenteroiết au havre, & incontinent qu'ils feroient à terre fe feroient maistres du port, donneroient la charge, gaigneroient les places & bastions de la digue,& main baffe par tout iufqu'au lendemain. Et quát à Parayba & Riogrande;qu'à cette mefme fefte l'on conuoqueroit par paffe-temps desieux de tournois publics aupres des fortereffes,que les Hollandois, felon leur couftume ne manqueroient de venir voir, là que chacun fourny de poignards & piftolets fous leurs veftements, le faifiroit de fon pareil & le tueroit, fans pardonner à femmes

&

ny enfans qu'ils ne fuffent maistres des places, & que tout feroit abandonné au pillage, cependant que la flotte promise par Vidal s'approcheroit. Iohan Fernandes Diera receutle pacquet, ille communiqua aux principaux qui firent d'execrables ferments fur les Autels de le tenir fecret. Pourtant comme la vertu loge par tout, & que parmy les peuples les plus vicieux & corrompus, il s'y rencontre toufiours quelques gens de bien, deux feigneurs d'Engins Portugais,& de grande reputation, pouffez d'vn mouueiment de bonne confcience eurent horreur d'vn fi barbare projet, & exagerants combien il deuoit apporter de mal heurs, tafcherent à le diuertir, l'efcriuirent dans vne lettre non fignée qu'ils donnerent à vn Iuif qui la porta aux feigneurs du Confeil, auec aduis que tous les habitans du plat pays eftoient secretement enroollez:Cinq autres Iuifs fecrets, &, qui paffoient pour Chreftiens chez les Portugais, quitterent leur demeure des champs pour venir confirmer la mefme chose au Recif: mais quafi àl'inftant le Politique Moucheron & le Capitaine Aduocat en garnifon à la Goüe, enuoyerent en diligence dire aux feigneurs duConfeil, qu'ils auoient aduis certain que les nommez Camarron & Henric-; quez Diez Colonels Portugais auec nombre

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