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à diuers temps, fans qu'on ayt iamais fçeu ny ouy dire comment, ny de quelle façon. Les habitans du Recif qui s'eftoient prefentez pour partir, benirent le refus qu'on leur en auoit fait, fans fçauoir que la fuite du refte de leurs iours ne feroit qu'amertume, & que leur fin alloit eftre autant digne de compaffion, que la mort de leurs compatriotes eftoit déplorable.

André Vidal affeuré par fes efpions que les Hollandois ne remuoient rien, accompagné d'vn officier de la Baye appellé Nicolas Oraigne, fe rendit au Recifen vne carauelle; dit aux feigneurs qu'allant rendre ses deuoirs à fon pere en Parayba, il leur venoit faire la reuerence,& porter les baise-mains du Viceroy, & les affeurer de fa part de ne point prendre d'ombrage des nauires venus de Portugal, qu'il n'y auoit dedans que de petites recreues pour mettre dans la Baye & enuoyer 3 Rio genero, à la place de ceux qui feruoient depuis quatre ou cinq ans, & qu'ils ne pouuoient retenir par force: Il fut merueilleufement bien traitté & accueilly, receut plufieurs vifites des feigneurs d'Engins des enuirons; d'où il prit occafion de demander permissiõ, felon les loix de la ciuilité, de leur en donner reuanche; cela accordé il alla loger chez ce Johan Fernandes Diera où il fit venir les prin

cipaux de la Vergue, nom du plat pays aux enuirons du Recif, les examina les vns apres les autres, & apres les auoir fait iurer de viure & mourir pour Dom Iean quatriefme Roy de Porugal leur legitime Prince, il leur decouurit qu'il auoit ordre exprés de sa Majesté & du Viceroy de les deliurer du ioug des eftrangers, qu'ils deuoient eftre portez à le feconder, que cela regardoit leur liberté, afin que la nation entiere ne fuft affujettie qu'à ce fouuerain : qu'ils connoiffoient bien que les loix des Hollandois eftoient infupportables, que c'eftoient gens de qui ils eftoient differens en mœurs, langage, religion & façon de faire, que le Brefil eftoit leur patrie, qu'ils l'auoient eu en partage par l'induftrie de leurs ayeux, que c'eftoient leurs peres qui l'auoient peuplé, & que les Hollandois ne le poffedoiét que par vfurpation & tiranniquement; qu'il voyoit à leur front que l'inclination naturelle de n'obeyr qu'à leur Roy, n'eftoit pas efteinte en leurs cœurs, qu'ils eftoient pour eftre miserables fans refource par leurs debres, s'ils ne fe feruoient de bonne heure du pouuoir de leurs creanciers, & que mefme il y auoit lieu de s'approprier de leurs richeffes, qui ne prouer noient que de leur fueur; que s'ils fepouuoiết rendre maiftres de trois ou quatre placés, tour le refte feroit fans refiftance,qu'il falloit trait

Johan Fernandes au

thear de la conspira

sion contre les Hol

landois.

terces beuueurs de bierre, comme on auoit fait les Caftillans. Que quant au ferment de fidelité qu'ils leur auoiet iuré, cela ne leur deuoit point caufer de fcrupule; qu'ils y auoient esté forcez par les armes, & les en feroit abfoudre par le Pape, qu'ils n'auoient qu'à fe fouuenir d'Angola. Il n'eftoit pas befoin de tat de propos choifis pour les émouuoir à promettre de faire tout ce qu'il leur commanderoit;il coula dans fon difcours des remerciements de leur affection, les pria de ne s'en point départir, leur promettant qu'il efcriroit au Roy qu'il n'auoit point de plus fidelles fubjets, & leur feroit accorder de grands priuileges, immunitez & recompenfes. Eleur pour chef de ce deffein Iolian Fernandes Diera, & pour fes Lieutenans: Antonio Caualgante & Amador d'Aragoufe, feigneurs d'Engins de la Capitanie de Fernambourg, les fupplia de les reconnoiftre, deferer à leurs ordres, prendre les armes quand il faudroit marcher en campagne, & pour l'execution de fes entreprifes, fors qu'ils en auroient aduis. Cela concerté, Vidal's'en reuint au Recif, où il eut paffeport pour paffer en Parayba:eftant en vne maison champeftre de fon pere il conuoqua auffi sous ombre de refiouyffance les chefs & princi*paux de la Capitanie, leur tint de semblables difcours, & refolut auec eux la mefme chofe

qu'il auoit fait en Fernambourgh: fi bien que ceux-cy promirent d'obeyr en tout & par tout à Iohan Fernandes Diera, Anthonio Ĉa ualgante & Amador d'Aragoufe, & de plus en leurs abfences à Francifco Gomes Morres beau-frere de Vidal, Loppes Coriadero, & Ieronimo Cadexa, auffi feigneurs d'Engins de la Capitanie de Parayba,& au ColonelManuel de Heyros Sequeira, que Vidal choifit pour leurs conducteurs. Puis apres il alla au fort de Parayba, dit de fainte Marguerite, pluftoft pour le confiderer que pour falüerle commandeur Blaubech,lequel ayant leu fon paffeport, portant de l'honorer comme l'vn des feigneurs, il luy fitvn feftin, luy enuoya l'ordre par vn fergent & quatre moufquetaires,& à fort embarquement fit lafcher trois coups de canon : Vidal & Nicolas Oraigne de retour à la Baye auec leur carauelle, s'allerent conjoüir auec le Viceroy, de leur heureux voyage, il ne reftoit plus qu'à deliberer de quelle façon ils executeroient leur deffein, ̧ & quel ftratageme il falloit ioüer.

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L'or & l'argent eftoit deuenu rare dans la conquefte des Hollandois,à caufe de celuy qu'on auoit forty du pays, pour mettre dans ces nauires qui perirent, & de ce que peu à peu efpuifé, qui en auoit le refferrbit,& ceux mefmes qui en auoient le moins, he fe vane

toient que de leurs facultez, vingt & trente mille lures eftoient les baffes & vulgaires fortunes: mais à la verité & grandes & petites n'auoient autre affignat que fur des papiers & obligations que leur deuoient les Portugais, de qui à la fin ils voulurent eftre payez & du principal & des interefts, pour faire valloir & entretenir leur negoce, qui diminuoit de fa fplendeur; difoient que les Portugais engageoient leur fucre à d'autres fur des auances, & qu'eux qui estoient les anciens creanciers reftoient en arrierre,& nefçauoient comme fe pouruoir;tellemét que fur le refus de payer, les marchands & particuliers Hollandois faifoient faifir & fequeftrer les Canauia ou chaps de fucre, leurs efclaues & tous leurs meubles. Ces Portugais curent de cecy vne rude efpouuante, ils voyoient bien qu'ils n'auoient autre garantie qu'en vne mutation, mais la faifon de ce faire n'eftoit pas encore à propos: Suiuant donc l'aduis que leur fit donner là deffus André Vidal, parfes lieutenans, ils preuindret par prefens les feigneurs du Confeil,&les Politiques, leur remonftrerent auec vne contenance effrayée, qu'ils eftoient tous perdus & reduits au defefpoir, fi on les traittoit àla rigueur, demanderent vn répit, en payant les interefts, fi mieux ilne plaifoit à la Compagnie des Indes de fe charger de toutes leurs debtes,

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