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Recif eft la capitale

ville & la Cour du

pays poffedée par

au Brofil.

inuiolablement de pointen point, s'entrevifiterent à la Baye & au Recif; ce ne fut alors qu'acclamations, feux de ioye, que feftins & Meffiuis les Eftars paffetemps. Mais la prife d'Angola fit du murmure, & le Viceroy fe contenta d'en faire uertir incontinent le Roy de Portugal fon maistre qui eftoit occupé à s'eftablir: Les feigneurs du Recifenuoyerent pareillement des deputez aux Eftats generaux & à la Compagnie des Indes pour les inftruire de leurs raifons: Dom Iean quatriefme ne manqua pas d'en faire faire plainte à fa Majefté TresChreftienne, laquelle en fit faire des remonftrences par fon Ambaffadeur ordinaire en Hollande, aux Etats generaux, où celuy de Portugal prefent allegua que ces places auoiết efté prifes côtre leur traitté de paix, duquel les Hollandois & Portugais eftoient aduertis au Brefil; qu'on en auoit efcript à ceux d'Angola qui fe laifferent aborder par les troupes de la Compagnie, & fans resistance lesy laifferent entrer pour les accueillir comme amis, & qu'au mefme inftant ils s'en virent gencralement maffacrez, & leur pays & places perdues; & en demandant la reftitution auec interefts, comme pareillement iuftice de cet attentat: Les deputez du Recifdirent que ce difcours eftoit fuppofé & calomnieux, qu'ils n'eftoient aduertis de la paix,& que leur flotte

eftoit

eftoit partie & defia en Angola quad les lettres arriuerent: que quoy que les Portugais diffent qu'il y auoit paix, elle ne leur eftoit pas certaine, qu'ils n'eftoient pas tenus, ny ne deuoient adiouster foy qu'aux lettres de leurs fuperieurs, qu'incontinent la paix sceuë & publiée ils le manderent à la flotte,qu'on trouua auoir defia conquis les pays & places, qu'ils mirent auffi toft les armes bas & demeurerent feulement dans la deffenfiue, que les Portugais s'eftoient bien deffendus, & valeureusement employez pour les empefcher de leur deffein, que plufieurs Hollandois y estoient demeurez morts, & qu'on ne pouuoit pas dire que ceux du Recif euffent enfraint la fufpenfion d'armes accordée pour Brefil, & non pour l'Afrique:que la conqueste qu'ils y auoient faite eftoit de bonne guerre, leur appartenoit legitimemet par le droit des armes, & qu'ils ne deuoient hy ne pouuoiết la rendre.Les Eftats generaux firent fçauoir que cette affaire eftoit de quelques particuliers, & qu'il eftoit neceffaire qu'ils fufset informez de la verité auparauat que de répondre:mais par prouifion lesHollandois garderet les places & le pays, y mirent vn directeur auec quelques officiers de plume,pour le regir par leur ordre, & portant le pouuoir de iuger fouuerainement à mort, excepté les officiers, dont les

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Politiques fe retindrent la cognoiffance, rechercherent l'alliance des Roys de Congo & Reyne d'Angola, qui leur permirent de baftir & habiter à deux ou trois lieues le long de leurs coftes & non plus, & tirerent plufieurs richeffes du trafic qu'ils faifoient auec leurs fubjets.

Encore que leRoy de Portugal ne peuft digerer cette perte qu'il appelloit vne vfurpation, il n'ofa pas toutesfois renouueller la guerre, parce qu'il ne fe fentoit pas aflez puiffant, outre que le Brefil n'eftant peuplé & cultiué que par fes fubjets naturels, il creut qu'il ne luy feroit pasimpoffible vniour de s'en faire feul poffeffeur par vne autre voye quecelle des armes:qu'il falloit diffimuler& ne point faire esclatter fon reffentiment, ne plus parler d'Angola & paffer cela fous filence, fe preualoir de cette paix & s'en feruir autant qu'il le verroit propre à difpofer fes deffeins. Et en effet cette prife d'Angola n'apporta aucune alteration, & demeura en apparence comme affoupie. Les Portugais du Roy femblerent pluftoft ietter les fondemés d'vne perdurable concorde, pour nous apprendre combien il eft dangereux de se fier aux ames doubles, & qu'il vaut bien mieux auoir vne perpetuelle guerre auec les perfides & diffimulez, que de leur donner la paix, puis qu'elle ne leur eft

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qu'vne couuerture & vn voile pour mieux deceuoir & tromper ceux qui s'y fient. Ainsi ces nouueaux reconciliez diligents à preuenir lesHollandois par compliments & ciuilitez, qu'ils accompagnoient de curieufes & riches liberalitez, passans dans l'estime des feigneurs du Recif, pour les plus finceres des homes, les aucuglerent par leurs caiolleries,& pendant ce temps ils eftudioient auec les Portugais du pays les moyés de les fuplanter, animez de l'enuie qu'ils auoient de ne fe voir que fous vn mefme maiftre; fi bien qu'ils fe monAtroient fort foupples aux magiftrats,qu'ils ne les approchoient qu'auec de profods refpects & fi humbles foubmiffions, qu'il eut fallu lire dans leurs cœurs pour mal prefumer de tant d'accortifes; mefmes ils ne vouloient point de procez, paffoient au mot des Hollandois, &les faifoient iuges de leur caufe propre. Les Portugais affez fobres à leur table fe contraignoient à faire de fplendides banquets, aufquels ils inuitoient les Hollandois, pour s'infinuer infenfiblement en leur bien-veillance; de forte qu'ils fçeurent fi bien les endormir par ces agreables artifices,aufquels fe ioignoit l'affluence de l'or & de l'argent, que les Portugais du Roy apportoient expres au Recif, pour l'achapt de toute forte de denrées, qu'ils feignoient de venir rechercher, quoy qu'on

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Cherté extraordinaire.

leur en fournissoit affez de Portugal & d'auffi bonnes, que les piastres y deuindrent fi communes, que les merciers & reuendeurs en rempliffoient les caffettes. Les chofes eftoient montées à vn prix incroyable,la liure de mouton ou de veau quarente fols, celle de porc, qui eft en ce lieu-là la plus faine & la plus delicate, troisliures, vn œuf frais dix fols, vne poule dix liures, vn cochon de laict quinze liures,& vn cocq d'Inde vingt-cinq liures, la paire de pigeons trois liures, le vin d'Espagne, de France, & la bonne biere cinq liures la pinte mesure d'Amfterdam, qui n'eft que la chopine de Dijon, la groffe toile cinquante fols ou trois liures, la moindre monnoye étoit vn fol; vne piftole par tefte dans les hoftelleries aux gens de mediocre condition étoit l'ordinaire. Les facteurs des feigneurs d'Engins auoient des trois à quatre mille liures de gage, tellement que qui eftoit libre, auec vn peu d'industrie amafsoit beaucoup de biens. Toutes marques que la colonie Hollandoife imputoit à la grandeur de fes conqueftes: mais pluftoft fi elle l'euft pû connoiftre, des augures finiftres de fon prochain ncantiffement, femblable à ces flambeaux qui ne rendent iamais vne plus lumineufe clarté, que lors qu'ils font prefts à s'efteindre.

La compagnie des Indes, aupres de laquel

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