Изображения страниц
PDF
EPUB

pris qu'eftoient deuenus leurs trois vaisseaux; affeurerent que le Roy de Portugal armoit vne puiffante & nombreuse flotte, dont partic eftoit compofée deFrançois pour enuoyer au Brefil, que nous estions proches du grand canal de France & d'Angleterre, comme en effet deux iours apres nous vifmes & paffafmes proche l'ifle de Sorlingues en Angleterre, fur le bord de laquelle eft vn fort bafti feulement pour empefcher les Pirates de s'en feruir pour retraitte, comme ils auoient fait autres fois. Dixiours durant nous nauigeafmes dans le grand canal entre la France & l'Angleterre, & auprés de l'ifle de Vvicht, où le defunt & dernier Roy d'Angleterre eftoit lors detenu prifonnier dans la tour de la ville de Nieuport au milieu de l'ifle. Apres auoir paffé Douures & Calais fe presenterent à nous huit nauires Oftendois (car l'Espagnol auoit defia perdu Dunquerque) lefquels au lieu de nous liurer combat,à quoy nous estions tous preparez, ils nous firent offre de leurs perfonnes, de leurs viures, munitions de guerre,d'argent & de leurs vaiffeaux, qu'ils auoient ordre & commandement du Roy d'Efpagne leur feigneur de ce faire. Les officiers de nos nauires fe contenterent de les remercier, fans rien vouloir accepter d'eux, horsmis vn nauiIe Hollandois pris par les Biscayens il y auoit

trois fepmaines, que le Roy d'Espagne faifoit reftituer & renuoyoit auec les hommes & tout ce qui estoit dedans lors de la capture & fans aucun dommage. Paffants deuant Oftende cen'eftoit que barques & nauires qui alloient & venoient de Zelande à Oftenderemplis de viures; & finalement nous vinsmes ancrer à la rade de cette belle & gentille ville de Fleffingues, palmez de ioye d'auoir furgi àvn port fi heureux, à l'abry de toutes les miferes que nous auions fupportées, mais ce qui nous occafionna mieux à louer & remercier le fouuerain Createur de fon affistance & de fa faueur, fut quand on nous monftra les magafins des viures de nos nauires vuides, & qu'il ne reftoit plus au noftre que pour deux ou trois iours au plus à maigrement fubfifter, de forte que fi quelque calme ou tempefte nous eut efcarté & retenu fur les eaux,la famine nous eftoit certaine & en danger d'eftre contraints à nous deuorer les vns les autres.

A cette arriuée ce fut à qui nous viendroit visiter dans des barques, pour apprendre l'eftat certain du Brefil. Nos nauires donnerent à connoiftre le trefpas de l'Admiral Baucher, par des petits drappeaux noirs attachez au haut des perroquets, & les bannieres à demy defcéduës le long des mats en forme de deuil. Le corps de ce confiderable officier fut pom

y

peufement enfeuely dans la principale Eglife de Fleffingues,où les Eftats particuliers deZelande feants à Mildebourg deputerent pour affifter. l'obmettois icy de dire que nous trouuasmes deuant Fleffingues, Rammequin & Treuers, vne groffe flotte de cinquante nauires, peuplée de fix mille hommes, équippée & mife en mer aux fraits des Eftats generaux, prefte à partir pour le Brefil, & fur le moment de cingler en mer, qui eut defia efté par chemin fans les artifices de l'Ambassadeur dePortugal, qui auoit employé toutes fes fubtilitez pour l'empefcher de partir, en tout cas de la retarder, afin de la rendre inutile. Il fit entendre aux Dix-neuf que fon maistre n'eftoit pas bien abfolu au Brefil, qu'il auoit grand defplaifir que tous ces defordres y eftoient furuenus, qu'il auoit appris que les Portugais du pays auoient telle auerfion des Hollandois, pour les indignitez & vexations qu'ils en auoient reccues, qu'ils eftoient pluftoft refolus de tout ruyner & de se perdre eux-mesmes , que de les fouffrir dominer; qu'il ne croyoit pas y auoir apparence que dans cette grande hayne fomentée par tant de fang respandu & d'actes d'hoftilité de part & d'autre, les deux nations fe peuffent iamais concilier ny reftablir en bonne paix ; qu'il falloit pourtant quelque voye d'accommodement,

par

par lequel chacun, trouuaft fa fatisfaction; que perfonne ne doutoit pas que ce n'euffent efté les Portugais qui auoient descouuert le Brefil, que c'eftoient eux qui l'auoient fait habiter par les Chreftiens, qui auoient cultiué le pays, conftruit & edifié les villes, bourgs chafteaux & fortereffes qui s'y remarquent à prefent; que le Portugal n'auoit iamais eu difficulté auec les Eftats generaux, & que tous les Portugais eftoient afferuis fous la tirannie des Caftillans alors qu'ils conquefterent vne partie du Brefil; que les Hollandois en les fubiuguants les confideroient comme appartenats au Roy de Caftille, qu'il eftoit certain que c'eftoit aux Portugais fur qui ils auoient vfurpé le Brefil, que la raifon ne vouloit pas que pour se vanger d'vn ennemi on deuft s'approprier le patrimoine de ceux qu'on fçait que notoirement il opprime; qu'il eftoit donc iufte que le Roy de Portugal fut reftitué en tous fes pays & en celuy du Brefil, qu'il s'offroit à dédommager en deniers la Compagnie des Indes de toutes les pertes, dommages & interefts qu'ils pouuoient auec iuftice pretendre & demander audire de tel Roy, Prince ouRepublique de leurs voifins & amis communs qu'il leur plairoit d'aggréer. Les Dix-neuf que cet Ambaffadeur auoit preuenus par vn notable prefent pour mieux les amadoüer, ne

A a

vifoient feulement qu'à remettre fur pied leur premiere fortune, & celle de tous les particuliers qui compofoient cette Compagnie. Ils essayerent donc par diuers moyens à porter les Eftats generaux d'accepter cette propofition, laquelle ils rebuterent aigrement autant de fois qu'on leur en penfoit faire l'ouuerture; reprocherent à la Compagnie des Indes que c'eftoit leur infatiable auarice, & pour auoir abufé du pouuoir qu'ils leur auoient donné d'eflire des magiftrats, qu'ils n'en auoiet pourueu que d'indignes & incapables de gouuerner; qu'ils ne s'estoient adonnez qu'à extorquer des biens à tort & à trauers, fans preuoir ny pouruoir aux maximes neceffaires pour fe maintenir & conferuer;qu'ils ne quitteroient iamais le pays qu'ils auoient conquis au Brefil à la pointe de l'efpée en guerre ouuerte fur leurs ennemis ; que la raifon, dont fe feruoit le Roy de Portugal,apres les auoir laschement trahis, pour se dire vray seigneur du Bresil, à caufe qu'il l'a defcouuert, & que fa nation n'a point eu de contention auec eux, ne fentoit rien moins que la chicane; que par cette mefme loy il deuoit donc totalement fe déporter d'y dominer, & laiffer ce pays-là libre aux Brefiliens & Tapoyos qui en font originaires,naturels & legitimes feigneurs, que c'eftoit leur patrie,comme aux Portugais le Portugal:quel

« ПредыдущаяПродолжить »