A Chafteau de pierre munement de' dixà vingt pas dans la mer, & Roche du Brefif. à vne moufquetade plus ou moins, diftante du riuage de la hauteur d'vne pique ou plus, que l'on apperçoit lors que la mer fe retire & non autrement, parce qu'elle en est toute couuerte. Cene seroit qu'vn perpetuel écüeil le long des coftes du Brefil, n'eftoient les ruptures de cette roche en diuers lieux, qui feruent de paffage aux nauires pour entrer&fortir.Le Recifeft bafti non pas vis à vis de l'vne. de ces ruptures, mais à cinq cếts pas par delà, àl'vn des bords de ce paffage, large de cent pas & furla roche mefme du cofté du midi. Il ya vn chasteau de pierre tout rond, de cent pas de circuit, que la mer léche de toutes du Recif. parts, muny de vingt groffes pieces de fonte & d'vne garnifon ordinaire de cinquante hōmes, & duquel il faut que les vaiffeaux en arriuant, se donnent bien garde d'approcher de trop prés, auffi n'ancrent-ils qu'à demye lieuë, puis fe viennent faire connoiftre dans des efqu'ifs auec les lettres qu'ils portent au Recif: ce fait on depute vers ces nauires pour les confiderer, premier que leur accorder l'entrée du havre. Au pied de la montagne fur laquelle est bastie la ville d'Ollinde au riuage dela mer, vne ifle ou pluftoft digue naturelle prend fon commencement; elle eft de quel- relle du Recif. ques deux cents pas de largeur & d'vne lieue B cif. D Le Recif. E F de longueur du cofté du midy, entre la Terre-ferme & cette grande & fpatieuse roche, au moyen de l'eau de la mer qui fe diuife deçà & delà au pied de la montagne, & fait vn petit trajet que l'on paffe librement quand la mer eft baffe : l'eau qui eft entre le riuage de Riuiere falée du Re la terre & la digue s'appelle la riuiere falée, à caufe que la riuiere douce eft à vne lieuë auant dans la terre, & celle qui eft entre cette mefme digue & la grande roche fe nomme le Havre du Recif. havre du Recif. Or c'est sur la pointe, autre bout ou extremité de cette digue, que l'on a edifié le Recif, compofé de quelques mille maisons. Il n'a aucunes deffenfes deçà ny delà le havre & la riuiere falée, finon de trois bouleuards reueftus de pierre, & deffus deux bateries de chacune trois pieces de fon*te, l'vne fur l'auenuë de la ville d'Ollinde par la digue; l'autre commande fur la riuiere falée,& l'autre fur le havre. Mille pas plus auant fur la digue il y a auffi vn bon fort de pierre que l'on fait feruir d'hofpital, & où neantmoins il y a toufiours vne compagnie en garde, trois batteries de quatre pieces de canon commandans fur la digue,le havre & la riuieLe grand fort de la re falée. Plus par delà encore il y a encore vn grand & vn petit fort, tous deux quarrez auec Le petit fort de la doubles fraifes & de bons foffez bié pourucus d'hommes & de munitions de guerre & de Bouleuards du Recif. L'Hofpital. digue. digue. K I bouche, à vne cannonade l'vn de l'autre. Les Hollan Hollandois. tugais fur la digue? M dois auoient fait faire encore vne redoute au pied de Redoute faite par les la montagne, qui fut venduë & liurée par vn des leurs L aux Portugais, comme l'on trouuera dans l'histoire; lefquels de leur part pour fe contregarder des Hol- Grand fort des Porlandois ont fait faire deux autres forts de leur cofté, fur cette digue de conuenable distance. A la pointe gais fur la digue. du Recifcette riuiere falée fe diuise; vne partie fe red dans le havre, & l'autre fend la terre & en embraffe vne licue & demie de circuit, quafi en ouale, dont el- ville Maurice. le forme vne ifle du cofté le plus prochain, & qui a fon afpect fur le Recif, il n'y a que le trajet à paffer fur le N Trajet du Recif à la cif. P Q R. quel on a fait vn pont de bois, & fur le bord eft baftie Pont de bois du Re. vne autre ville appellée autresfois par les Portugais faint Anthoniuas, & à prefent par les Hollandois Ile de Mauritstad Mauristad ou la ville Maurice, enceinte de bons baftions de terre, auec fraises en bas & en haut, fauffes ftad. brayés, demie lune & rauelins, doubles foffez & leurs contrefcarpes, & bien autant de maifons qu'au Recif, & auec trois places d'armes beaucoup plus belles,grades & larges qu'au Recif, & où l'on entretient toûjours mille hommes en garnifon. Vn peu en deçà, à cofté & tout ioignant, il y a vn autre fort à cinq baftios appellé le Cloitre, parce que c'a efté autresfois vn Fort appellé le CloiConuent de Cordeliers, & encore vn peu plus auant ftre. S T fur le riuage eft la belle maiso qu'a fait baftir le Com- Maifon du Comte te lean Maurice de Naffau, dans laquelle l'on a fait Maurice de Nafiau. th corps de garde pour la coferuer& les auenues auf fi, parce qu'on y pourroit venir à guay du cofté & par la riuiere falée quand la mer eft baffe CeCloitre & la maifon du Comte Maurice de Naffau font feparez de Mauritstad par vn canal, où l'on fait paffer cette riuiere faléce dans le havre, fur lequel il y a vn pont leuis. Auant dans les traiets il y a encore vn petit fort en Triangle qui eft dans triangle, également éloigné de la Terre-ferme, de la les traicts. ville Maurice & du Recif, où vingt hommes font or rifftad. X Le petit fort. Les Y Z dinairement garde auec de petits brigantins pour découurir les Portugais, s'ils entreprenoient de paroiftre fur l'eau, & en venir donner aduis dans les forts. Maintenant au delà de la ville Maurice dans la mefme Grand fort de Mau ifle font encore deux forts, I'vn a cinq angles & l'autre quarré, diftants d'vne canonnade I'vn de l'autre, pourueus de munitions de guerre & de bouche, remparez de fraifes & bons foffez, auec de bonnes garnifons. A vne demic lieuë par delà encore & à vn quart de licue du pont qui fepare l'isle de la Terre-ferme, il Affogades. y a vn autre fort dit les Affogades à fix bastions, gardé par quatre copagnies; en delà encore & à demic licue de ce fort fur le bord de la mer & à trois quarts de lieuë du Recif dans la Terre-ferme, à vne moufquetade de Le fort de Barrette. La roche eft encore bafti vn autre fort appellé Barrette, de forme quarrée, bien retranché par de bons foffez reueftus de doubles fraifes, qui commande fur les aducnuës de la mer & de la terre, du cofté du Cap S.Auguftin pour contregarder le Recif. D'où le lecteur peut voir que parmi toutes les circonfpections dont les Hollandois fc font aduifez pour le rendre impreFort que les Hollan pable, ils fe font oubliez, outre les douze forts cy defdois deuoient faire & fus, d'en faire baftir vn treiziefme vis à vis du Řecif, que les Portugais ont fur le bord de la riuiere falée, afin d'auoir toufiours.refaid. & Aa la traitte en la Terre. ferme, & de l'eau douce pour leur ་ |