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lefquels n'estoient deftinez pour laditte habi tatio, le chargerent de cuirs,de cire, gommes & bois d'ebene pour repaffer en France,tou res lefquelles chofes ils auoient amassées en plufieurs endroits de laditte ifle, notamment és ports des Madegaffes, & autres, iufques à la prouince des Matatanes. D'ou retours nans, le nauire fut furpris d'vn coup de vent, rompu par le milieu, n'y ayant que le doublage de deffus les bordages qui empeschaft qu'ils ne periffent tous, en fin auec beau¬ coup de peine ils prirent terre au port des Gallions, où ayant dechargé ce qui eftoit dedans, & laiffé leurdit nauire( apres l'auoir defpoüillé de ce qu'il y auoit de meilleur,en canons, cordages, & voiles) à la difcretion des habitans du lieu, ils fe hutterent auec leurs voiles fouftenus de fourches, pour-attendre leur barque, qui eftoit à quatorze lieuës plus bas dans le port de fainte Luce; Où arriua en ce temps, qui eftoit le pres mier iour de May mil fix cent quarante deux, vn autre vaisseau François appartenant à noftre compagnie, ayant commandement, de fe charger de ce qu'il trouueroit auoir esté achepté, ou pris par efchange par ceux qu'on auoit enuoyé auparauant dans le vaisseau Sj Louis, & de tout ce qui feroit de marchandife en l'habitation nouuelle de fainct Pier

re, acquis par ceux qu'on auoit enuoyé pour habiter en icelle, audit port de faincte Luce.

Ce vaiffeau nouuellement arriué, bafti dans Dieppe à deffein d'amener vnc noudelle habitation dans l'ifle de Madagascar, que nous appellons faint Laurent, futba ptifé de ce nom, portant derriere la poupe Timage decefaint. Le Capitaine auoit nom Gilles Regimond, Liegeois de nation, & habitant de Dieppe, le maiftre eftoit Gilles Regimond fon fils, il eftoit armé de vingtdeux pieces de canon, chargé de foixante hommes pour demeurer dans l'ifle, fans fon equipage, anec toute forte d'outils pour baAir & pour cultiuer la terre.

-Eftant arrivé, & pris terre, ie fus au denant auec les autres de l'habitation,nous ra contafines le mal-heur qui eftoit arriué au vaiffeau faint Louis, & inuitafmes les deux Reginonds pere & fils de venir fouper auec: nous dans la hutte de lacques Proni, qui nous vouloit faire fa fefte, ce qui fut fait. Ledit Gilles Regimont pere pendant le repas s'ine forma de moy de Feftat de l'ifle, & ce qu'il y auoit à faire pour les marchans, luy eftant interoffé pour quelque portion dans la com pagnie, ayant fçeu auparavant, que pendant mon feiour, l'auois efté par tout, & remar qué ce qui pourroit feruir au trafic. Ic luy

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dis, que dans la Prouince de Matatan voifine des Mallegaffes, ou Madegaffes, chezi lefquels nous eftions, il y auoit fept cent pieds d'arbres d'ebene, que le Prince de cé païs auoit nom Andianpalola, auec lequel l'eftois en bonne intelligence. Que delà l'e ftois paffé par le pais des Antavvarres,com mandé par Andiantalac, qu'il y auoit auffi de l'ebene, mais qui ne fe pouuoit facilement porter à la mer. Qu'hors les rafraichif femens ie ne fçauois rien,qui meritaft d'eftre enleué de l'ifle. Pour les ports & riuieres qui pouuoient porter barques, que ie n'en auois connu que deux du cofté de l'Eft, allant depuis où nous eftions à la baie d'Antongil. Que la premiere qu'il trouueroit faifant ce mefme voyage,s'appelloit par les habitans Itolanhare, & que n'ayant pû apprendre le nom de l'autre,nous l'appellafmes la riuiere aux prunes,& le port aux prunes, à cause du nombre des pruniers qui y font.

Le lendemain le pere Regimond enuoya Sebaftien Droüard chargé de mes memoires, contenans la fituation des lieux, & les noms de ceux qui y commandoient, pour faire couper l'ebene, & traitter de marchandifes chez les Matatanes. Pour moy ie fus en uoyé auec fix hommes aux Tapates,pour efchanger des bœufs,vollailles, & autres rafrai

chiffemens, contre de la marchandise, qu'il me fit deliurer. le paffay en ma maison, ou Andianmachicore ayant fçeu mon deffein, me donna dix hommes des fiens pour m'efcorter iufques aux Tapates, chez lefquels ie fus 3.fepmaines, pendant lefquelles i'enuoiay à Regimond,par plufieurs conuoys,conduits par ceux qu'il m'auoit donné, & par des Negres, plus de deux cent boeufs, grand nombre de moutons & de cheures. Retournant auec quatre vingt grands bœufs, & repaffant par Mannhale, ie demeuray deux iours en ma maison, où l'apris qu'vn vaiffeau estoir fous voile à la prochaine rade. l'enuoiay mon beftail deuant à faincte Luce, & auffi toft ie partis, pour aller decouurir ce vaiffeau, ce que ie fis, m'eftant mis dans vne canoë auec quelques Negres, fortant par l'embouchure de la riuiere de Ranne-fouche, l'en tray dans le port des Gallions, d'où ayant fait vne lieue en mer, ie me mis au bord du vaiffeau auec parole d'affeurance de celuy qui y commandoit, qui m'ayant reconnu François, me fit monter versluy. Ce vaiffeau por toit en pouppe les armes de Dannemark fouftenues de deux lyons; les pauillons ftoient arborez & eftendus,le rouge, quieft celuy de guerre, fur la poupe : le blanc, qui eft celui de paix,au coupeau dumaft de hune,

& celuy de Dannemark fur le bout du Beaupré. S'eftant informé de moy du païs, dans lequel il craignoit d'entrer quoy qu'il cust grand befoin de fe rafraichir, fon nauure ayant relaché du Cap de Bonne-Efperance, d'où il y a fix cent licues, iufques au licu où il eftoit. Etayant appris que le port voi fin des Gallions, que les infulairesappellent Frolangare,eftoit à l'abry de tous les vents, fors de celuy de mer, il y vint anchrer, & y feiourna deux jours en attendant qu'il cuft trouué vn meilleur port. Ces gens ayanstodé autour des rades voifines dans vne chaloupe, luy vindrent dire, qu'à deux lieuës plus haut tirant du cofté du Nord, ils auoient trouué vn port abbrié de deux Caps, où le vaiffeau feroit en affurance de tous vents, finon de celuy du Sud-eft, qui eft le moins dangereux de tous les vents, où il y auoit bon fond auec huict braffes d'eau. Aufli soft le nauire leua l'anchre, & y alla aborder, & depuis y feiourna fix mois, pour y attendre la faifon de partir, qui eft en lanuier, Fevrier, & Mars.

L'eftois dans ce vaiffeau d'où ie fus mis à terre incontinent apres qu'il y fue abordé, ic couchay à demye lieuë delà dans vn village, dit Rompré ou deux Negres d'Andianmachicore, fuiuant que ie leur auois com→

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