Изображения страниц
PDF
EPUB

d'vne heure d'vne demie lieuë. le trouuay par le chemin deux des noftres bleffez par les ennemis, I'vn au bras, & l'autre au ventre qui auoit toute la peau coupée, de forte qu'on luy voyoit les boiaux: ie les panfay tous deux, ayant coufu leurs playes, & mis vn aftringent deffus, attendant la commodité de les foulager à loifir. Ceux-cy me dirent, que les Machicores ayans fait aduancer leur auant-garde qui emmenoient les bœufs defrobez, fors foixante qu'ils auoient laissé à ceux de leur arriere-garde,qui n'eftoit que de trente hommes, ayans efté atteins par les noftres, auoient faict alte, & fouftenu l'attaque, iusques à ce qu'ayant eslancé contre nous toutes leurs lances & dardilles, ils auroient pris la fuitte, & qu'eux eftoient demeurez blessez, au lieu où ie les voyois.

Ayant apris ces nouuelles, ie fuiuis l'armée à la pilte, par des lieux prefques inacceffibles. Enuiron vne heure auant le coucher du Soleil, ie fis rencontre de huict domestiques d'Andianmachicore, qui eftoient chargez d'vn petit brancard pour me porter fur leurs efpaules par le commandement de leur maistre, au lieu où il eftoit. Ie refufay cette courtoifie, quoy que ie fuffe extremement las, & les fuiuis par les bois, iufques à ce qu'eftant arriué au faifte d'vne petite mon

tagne, ie trouuay noftre armée foible & recrue. Ayant donné le bon-foir à Andianmachicore, il m'embraffa, & me dit, en pleu rant, qu'il auoit plus de confiance en moy, qu'aux fiens, qui ne vouloient aller au combat, s'il n'eftoit toufiours à la tefte. Cela dit, il me fit affeqir vers luy, & me fit presenter de l'eau pour me rafraichir.En me repofant, ie dis aux maiftres des villages, qui eftoient auffi affis proche de nous, que les François ne faifoient pas comme eux, que pour con feruer leur Roy & le rendre tefmoin de la valeur de fes foldats, ils le mettoient au milieu de leurs rangs, afin que fi le combat s'opiniaftroit, chacun s'oppofalt à l'ennemi pour le fauuer,& qu'auffi-toft qu'ils auoient de l'auantage ils pourfuiuoient la victoire iufques à ce qu'ils cuffent mis tous les fuyards à mort.

Ces paroles émeurent vn de ces maistres de village,il fe leua foudain,battant des pieds la terre, & difant que i'auois raifon, & qu'il eftoit preft de conduire au combat ceux qui le voudroient fuiure, pendant qu'Andianmachicore regarderoit en toute affurance d'où il eftoit ce qu'il fçauroit faire. Sept maiftres le fuiuirent, & enuiron deux cent foldats qu'on detafcha de nos troupes. Mais nonobftant cefte grande refolution,perfon

ne d'eux n'euft bougé, fiie ne me fuffe auan cé auec mes gens pour mener Fauant-gara de, apres auoir pris congé d'Andianmachicore. A peine auois-ie faict mil pas, que ie decouuris vne partie des ennemis, qui fou poient couchez à terre entre deux montagnes de trois de nos bœufs qu'ils auoient ruez. Ie les allay furprendre par derriere, me coulant par lesbois qui les enuironnoient,& m'eftant approché d'eux,ie déchargeay mon mousquet sur dix qui mangeoient ensemble, puis prenant mes fuzils des mains de mes domeftiques, ie tiray fur les autres, qui laif ferent quatre de leurs hommes tuez fur la place, & quelques bleffez, le refte prit la fuitte & les nostres apres, qui ne firent beaucoup d'exécution, puis qu'ils ne tuerent que ceux que l'auois bleffez. Noftre butin fut de foixante bœufs, de ceux qu'ils nous auoient enleuez, & du peu qu'ils auoient preparé pour leur fouper. Ie fis tout porter & conduire au deffus de la montagne voifine, ou il y auoit bon pafturage, ayant les bois de tous coftez à plus de mille pas, crainte que les Machicores, qui s'eftoient retirez dedans, ne vinffent fe ietter fur nous à l'improuifte. 3 La nuict fermée, ie pofay des fentinelles auancées pour prendre garde à tout, & quel ques corps de garde pour les fouftenir,pen

dant

dant que le reste soupoit & dormoit. Au point du iour nous retournasmes vers.Mannhale, faifant porter deuant nous huict teftes de nos ennemis, fur les pointes des lances. On n'entendoit que cris d'allegreffe par tout où nous paffions. Sur le Midi nous rencontrasmes Ândianramac, qui aduerti de noftre deffein, vchoit à noftre fecours auec fix cent foldats, & vn grand nombre d'hommes & femmes qui portoient les vtenfilles de fa cuifine. Plufieurs Negros, qui les fui uoient chargez de ris & de plufieurs racines conduifoient foixante bœufs. Ce Roy eftoit affifté d'Andianceron, & Andianradame fes gendres; d'Andianmandombe so frere,d'Andianradame Finare,& Andiamboule fes r nep ueus,&d'Andiambelfon beau frere, qui tous venoient au fecours d'Andianmachicore, quoy qu'Andianramac ne fut pas bien à L'heure auec celuy-cy, mais le falut commun fut caufe de ce prompt fecours. Et comme Andianmachicore eftoit bon,il en remercia fon beau pere, & fes parents, à tous lefquels il donna à fouper, enfemble aux foldats au xiliaires, lors que nous fufmes arriuez auvillage de Mannhale. Le iour fuiuant apres plufieurs paroles de respect & d'amitié, Andianramac fe retira chez foy, ie le fuiuis auec Andianmachicore, qui ne me vouloit point

K.

abandonner.Eteftant à Fanzaire feiour d'At dianramac, i'affiftay à la ceremonie que ic

vous veux descrire.

[ocr errors]

Le feu auoit confumé la maison d'An diantamac dés l'an mil fix cent trente sept, & depuis ce temps, il eftoit demeuré dans vne autre, telle que nous l'auons deferite cy-deffus. Ses fubiets en bastirent vne en la mefme place qu'auoit esté la premiere. Ils en enleuerent les reftes, applanirent la terre, allerent couper du bois és montagnes, qui estoient à quatre lieues delà, auec de petites cognées, qu'ils appellent Fefques. Ils chargent les troncs denuez de branches fur leurs efpaules, & les portent au lieu destiné pour bastir. Pour les ais,comme ils n'auoient point en ce temps l'vfage de la scie, ils dechargoient les troncs auec leurs cognées, puis auec des coufteaux de fer d'vn pied de long, qu'ils nomment Hanches, & d'autres d'vn pied & demy, par eux appellez Hanches Syllabes, ils les applaniffoient, & en fin des polliffoient auec de petits rabots, qui ont le fer de la largeur d'vn poulce, reduifant l'ais à l'efpeffeur qu'ils luy vouloient laiffer. -Leur bois eft dur & de la couleur de nos chefnes. Ils commancent à grauailler le pre mier iour de la Lune, & continuentiufques au quinziefme, puis font fix fepmaines de

« ПредыдущаяПродолжить »