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natte vn carreau de mefine eftoffe remply de coton, fur lequel Andianmachicore fe vint affeoir dés la pointe du iour, où il receut les prefens que luy firent les meres des enfans qu'on vouloit circoncire, qui n'eftoient que des escheueaux de cotton fin, blanc,& bien filé. A mefure que chacune prefentoit fon efcheueau, il mettoit en efcharpe celuy de la premiere, tirant de la droitte à la gauche : & celuy de la feconde, de la gauche à la droitte; puis de la troifiefme de la droitte à la gauche,& ainfi des autres confecutiuement. Lors qu'il n'cuft plus rien à prendre, il feleua du lieu où il eftoit, & s'alla affeoir fur vn autre carreau qui luy eftoit preparé au milieu de la chambre : où estant, les peres luy presenterent leurs enfans par ordre, fur vne pierre carrée, qui eftoit entre fes jambes : les plus proches parens de l'enfant luy tenoient les bras, & les cuiffes, le pere le tenant par desLes Mahometans fous les effailles, alors Andianmachicore ne font pas de melme, ils mortifient la Coupa le prepuce à l'enfant en trois coups de petites tenailles, if en fit autant au fecond, & au troifiefme puis la coupent d'vn qu'on luy prefenta. Et comme l'eftois premettant ie ne fay fent à cette ceremonie, m'imaginant que cet qui guerit la playe, tel cruauté prouenoit de ce que le cousteau B oftere que l'enfat ne coupoit pas bien, l'offris vn razoir que s'en retourne fans 'auois en plainte. T'auois en poche à Andianniachicore, quile prit, & alors ie connu qu'il y auoit dumy

peau,enla ferrat auec

coup auec le rafoir,

quelle poudre deffus

& la douleur.

De forte que

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ftère, & que ce n'eftoit la faute du coufteau, puifqu'il coupa à trois fois le prepuce aux derniers, comme il auoit fait aux premiers. Je fus encore dauantage eftonné de voir qu'Andianmachicore apres l'auoir coupé & prefenté aux parens, le plus habille d'eux le rauiffoit des mains d'iceluy & l'aualloit. Le perc de l'enfant auffi-toft que la playe eftoit faitte efgorgeoit fon poulet,& faifoit diftiller le fang deffus, puis le liant à fon costé comme auparauant, le portoit à fa mere,qui eftoit auec les autres en vne maifon voisine, crians & lamentans la foufrance de leurs enfans, efquels auffi-toft qu'ils font arriuez,elles prefentent du miel auec des œufs, lequel mangé, elles prennent encore du fang des poulets mellé auec le fang des taureaux qu'on a efgorgez deuant la maifon de la circoncifion, & l'appliquent fur les glandes des enfans auec du cotton qu'elles lient autour. La circoncifion acheuée, Andianmachicore fe leua & s'affit fur vne natte à la porte de fa maison,à droitte eftoient auffi affis fur des nattes les peres des enfans circoncis, & à gauche les parens ayant tous les iambes croyfées. Ce feigneur me pria de refioüyrla compagnie auec ma mufette, ce que ie fis au grand eftonnement des efcoutans, qui difoient qu'il y auoit des efprits enfermez de

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dans, ou des hommes qui parloient quand je voulois, & qu'Andianmachicore eftoit bien heureux de m'auoir, & pour le refiouyr l'enrichir, me prians tous inftamment de les aller voir en leurs villages auec mon inftrument de mufique, & qu'ils me donneroient de tout ce qu'ils auroient.

& pour

Eftant de retour en ma maifon ils m'enuoierent quatre morceaux des taureaux immolez, ayant partagé le refte entr'eux, & enuoyé au feigneur fon droict, qui estoit les échines de tous. Ils pafferent la nuit à danfer, les hommes fe fuiuans deux à deux fans fe tenir,chantans & fautans, efquels les femmes auffi deux à deux s'entretenant par les mains refpondoient les mesmes choses que les autres auoient dit, s'arreftans de temps à autre pour boire du vin de miel qu'ils auoient apporté, tant hommes que femmes fans distinction, les noirs & noires dans des gondoles de fueilles de raues, les blancs, & les blanches dans des gobelets de terre noire, qu'ils appellent, lounies.

Quelques jours apres ces ceremonies, on me vint dire la mort d'Ifaac Meldron, qui s'eftoit fepaté de moy,& de mes compagnons ily auoit plus de huict mois, pour aller demeurer à vn village duquel eftoit maistre le pere de Rafatene femme d'Andianrazo, ba

ftard d'Andianramac, que Meldron entretenoit. Ce village s'appelloit Razemene, qui veut dire rouge & blanc, les montagnes voisines estant rouges, & les roches blanches. Ie veux vous en dire l'hiftoire.

Meldron ayant fçeu mon voyage au port S. Augustin, croyant que i'y eullefait fortune, & ialoux de ce que l'eftois retourné de la baie d'Antongil, voulut entreprendre la mefme chofe, fans m'en parler. Ce malheureux,qui abufoit de la femme d'Andianrazo fut fi mal aduifé que de fe feruir de luy pour le conduire, n'ayant autre compagnie qu'vn petit Negre, & Iacques du Val fon camarade, au lieu qu'Andianrazo auoit quatre domestiques, & fon beau frere auec luy. Eftans arriuez à la montagne d'Amboule, qui eftoit haute de trois lieuës, Andianrazo communiqua à son beau frere le deffein qu'il auoit de maffacrer Meldron,au fublet que nous auons dit; lequel n'y voulant confentir, il perfuada Meldron de prendre vn autre deffein que celuy qu'il auoit d'aller à Antongil, à caufe de la difficulté des chemins qui eftoient fort facheux & difficilles à tenir, outre que les prouinces par lefquelles il feroit contraint de paffer eftoient en guerre auec leurs voisins.

Čela fut cause qu'ils tournerent du cofté

de la prouince des Tapates, & allerent coucher au village de Manabarre chez Andianmousse, vn des seigneurs, qui eftoit âgé de plus de cent ans, d'où eftant party ils furent difner au village de Rannefouche, où ils trouuerent vn homme qui m'ayant fait compagnie en tous mes voyages,s'offrit de les conduire, ce qu'Andianrazo ne voulut pas,crainte que cet home n'empefchaft le deffein qu'il auoit de fe deffaire de Meldron, lequel eftant venu à trois lieuës delà, comme il prenoit du tabac fous des arbres, euft le col percé d'vne lance que le vallet d'Andianrazo luy darda par le commandement de fon maistre; vn autre Negre en voulut autant faire àdu Val,mais comme il eftoit proche de Meldron ayant oùy le bruit, il fe leua, receuant dans fon chapeau le coup de lance qu'on auoit deftiné pour le tuer. Auffi-toft,il mit la main à l'efpée, pourfuiuit long-temps les affaffins de Meldron,qui fuyoient deuant luy, & comme il ne les cuft pû atteindre, il retourna vers le mort,duquel il prit l'efpée, qu'il m'ap porta dans Mannhale, où m'ayant raconté cefte hiftoire tragique, i'en fis mes plaintes à Andianmachicore, qui enuoya auffi-toft vn homme exprés à Andianramac fon beau pere, pour luy demander iuftice de ce meurtre.. Ce qui fut fait fi promptement, qu'en

retournant.

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