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n'y ayant aucune tenduë, mais feulement des pilliers qui fouftenoient le toit en façon de halles. Quatre iours, apres qu'elle fuft acheuée,les pere & mere des enfans qu'on deuoit circoncise firent du vin de mielboüilli dans de l'eau, fçauoir de deux tiers d'eau, dans vn tiers de miel. Ce vin cuit dans des terrines eft verfé dans de grands vases de terre ronds par le deffous, ayant vne groffe panfe, & l'embouchure eftroitte: ils les posent fur vne forme de feuiere large & vuide au milieu, puis on les porte fur les efpaules,iufques à ce qu'on foit arriué deuant la porte de la maifon du feigneur, où on les pofe & les range-on fur trois pierres pour empefcher qu'ils ne verfent, le cul des vafes touchant la terre, & le bas du ventre cftant fouftenu par ces pierres. On nomme ces vases Cines, & les feuieres, Tacon. Cela fait, Andianmachicore fortit de fa maifon pour aller à celle qu'on auoit preparée pour la circoncifion, au deuant de laquel le il auoit fait attacher vn taureau,à vn tronç d'arbre, qui eftoit fiché en terre pour cela. Il l'efgorge, & ayant receu le fang dans vn grand plat de bois, il en va brouiller tous les poteaux du nouueau edifice, fuiui des peres des enfans qu'on vouloit circoncire, qui marchoient l'vn apres l'autre. Celuy qui

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marchoit le premier, lors qu'il vit la cere monie du fang acheuée, prefenta à Andianmachicore du vin de miel dans vne coupe de porcelaine, il la prit, & mettant du vin en la bouche, fans l'aualler, il le ietta contre les poteaux qui eftoient barbouillez du fang du taureau.Puis ayant commandé qu'on luy apportaft vn arbre de bannanier, dit Once, auec fes fucilles & fruits, il fit ouurir la paliffade, & le planter au deuant de cette ouuerture. Cela fait, il prit la ceinture myftericufe du premier barbier de fon village, teinte dans le fang du taureau qu'il auoit efgorgé, & la pend à l'arbre; il n'eft permis à qui que foit iufques aux grands iours de leur fefte dediée pour la circoncifion, d'entrer dans la maison deftinée à cet effect, ny dans l'enclos de la paliffade, l'entrée de laquelle eft incontinent refermée auec des palis.

Lors que cette ceinture eft attachée en quelque endroit que ce foit, il n'y a perfon ne qui en oze approcher, ce peuple s’imaginant que quiconque l'entreprendroit, mourroit auffi toft.

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Cette proceffion, & myfteres acheucz, le feigneur retourné en sa maison, & le peuple chacun en fon village, les peres des enfans qu'on veut circoncire ieulnent 8. iours entiers, à commencer du premier iour de la

Lune de Mars, iufques au huictiefme, fans manger chair ny poisson, petunans le iour, & beuuans toute la nuict. Pendant ces iours de ieunes, lesdits peres promenent leurs enfans par leurs villages, liez à leurs ceintures de toile de cotton fur les feffes, & enue-. loppez dans leurs lambes, ou pieces quarrées, qui leur feruent de manteaux, l'enfant croifant les iambes fur le cofté,& tenant chacun fon pere par le col. Les ieunes gens non mariez fuiuent apres deux à deux, armez de zagaies,les blancs les premiers, puis les noirs faifans plufieurs postures,frapans la terre des pieds, battans des mains,prefentans leurs zagaies,comme s'ils vouloient attaquer l'ennemi, les peres nonobftant qu'ils foient chargez de leurs enfans en font de mesme, portant pareillement leurs zagaies, & au bout de trois tours faits autour du village, s'aduançans & reculans auec cris, s'arrestent de

uant la porte de leur feigneur appellé par eux Tampon, ou Brote, lequel nom ne fignihe autre chofe que celuy d'Andian, qui veut dire, feigneur. Alors les blancs fe feparent des noirs, & ces deux troupes s'attaquent auec leurs lances, ou zagaies, cryans effroya*blement, haussant le corps, l'abaiffant, frapans leurs lances I'vne contre l'autre, eflcuans les mains gauches,& fermans les poings

auec menaces, & grimaffes effroyables,eftendans, fecoüans, & roidiffans le iarret,fe meflans, puis fe feparans, iufques à ce qu'eftans las & recreus ils s'affirent fur des nattes qu'on leur auoit preparées au deuant du logis d'Andianmachicore, qui pour les rafraichir leur fit apporter par fes domeftiques vne d ne de vin de miel, dans laquelle ils plongeoient vne poche ditte par eux Cada, faitte d'vne moitié de noix de cocos, emmanchée d'vn baston, puis la verfoient, eftant pleine de vin à ces vaillans combatans, qui le receuoient dans vne large fueille de latanier, qui feruoit à chacun d'eux de taffe, puis l'auallerent tout d'vne traitte. Cela fait,apres auoir receu chacun vn morceau de bœuf, qu'Andianmachicore leur fit diftribuer, ils fe retirerent tous en leurs logis, fçauoir les peres, qui n'estoient de Mannhale, en leurs villages auec leurs enfans,& les autres en leurs maifons.

Le lendemain fe prefenta vn homme à Andianmachicore, fe difant prophete, affurant que les enfans qu'on deuoit circoncire, eftoient poffedez par Zine, qui veut dire Efprit, lequel il chafferoit s'il vouloit. Il luy permit, & auffi toft il fe fit apporter deux tambours, il en mit vn és mains d' AndianraZe, mere d Andianmachicore, ce que nous appel

lent mere, eft en leur langage. Rene. Il donna l'autre à vn des domestiques du logis.Ces tambours estoient d'vn pied & demy de longueur, de douze poulces de largeur partoute leur circonference, faits d'vn tronc d'arbre creux, couverts des deux costez d'vne peau de bouc bien tendue, retenuë par vn cercle auec des cordes, de mefme façon que les noftres, finon qu'on luy ofte le poil auec vn coufteau apres eftre tendue. Andianraze fit pendre ce tambour à fon col, qu'elle mit fur les genoux, apres s'eftre affize, battant les deux coftez, de fa main d'vn costé, & d'vn bafton de l'autre, fans aucun relache. Pendant qu'elle battoit ce tambour, le pretendu prophete, s'eftant rayé le vifage de couleurs rouges & blanches, monta fur le toict de la maifon d'Andianmachicore, tenant vne perche fort legere de fix à fept pieds de longueur, ayant vne fiffelle attachée à la pointe, qui retenoit vn panier par l'anse, au fond duquel eftoit vn petit poullet, retenu par les pieds auec vne autre fiffelle. Ce prophete fouftenoit cette perche de la droitte, ayant vn plat de bois au bras gauche, à guise d'vn boudier, retenu par deux courroies, tenant en main vn coufteau long d'vn pied & demi,appellé Anchesyllabe, onze dardilles,nommées par eux, Leff maceyzay, c'est à dire, darts

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