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quelles font couuertes d'ebeniers,qu'ils nomment Aze-minthe, qui fignifie du bois noir. le vifitay cette prouince, n'ayant feiourné au principal village que peu de iours. Ie ne vis iamais tant de ruches à miel, faictes de troncs de bois, il n'y a habitant qui n'en aye quantité, ie leur apris à faire la cire, leur promettant à mon retour d'en prendre en troc de ma marchandise. Auparauant, ils la mangeoient auec le miel. Ie leur la fis fondre,& fa verfer dans des creus de rofeaux, gros comme le bras. Quelques particuliers m’ayans faict prefent de deux liures d'vne gomme tannée, ditte par eux QuiZi-meinte, c'est à dis re, gomme noire,ie la fis depuis effaier, eftant de retour en noftre vaiffeau à vn chirur gien, qui la treuua de la qualité de la fcamonée, mais qui purgeoit plus doucement. Ils ont auffi vne gomme, qu'il nomment fouche, c'eft à dire, blanche, femblable à celle qui vient de l'Arabie,& vne autre iaune. Ils fe feruent de ces deux efpeces pour s'efclairer la nuict, les mettant en des petits creufets de terre, en façon de lampes, ces morceaux encore mols prennent le feu auffi-toft qu'on leur à prefenté, & en font vn beau & trefodorant. l'ay veu des arbres defquels ils tirent la gomme iaune par incifions. Ils l'appellent Mongue mongue, qui veut dire, iaune.

Ils font comme les fapins à l'efgard du tronc, ayans en haut fix ou fept membres, chargés de petites branches, desquelles fortent des fueilles comme celles du laurier, excepté qu'elles font plus eftroittes, & fans odeur, & que leur verd est plus obfcur.

Ayant feiourné quinze iourschez les Antauarres, qui tous font noirs, ou Negres, armez d'vn grand bouclier, & d'vne zagaie longue comme nos piques, ie fuiuis toufiours la cofte de la mer tirant au Nord de l'ifle de Madagascar, iufques à ce que fuffe arriué auec les miens en vne prouince, qui estoir ceinte du cofté gauche de grandes montagnes rouges, qui ont donné aux peuples qui l'habitent le nom d'Amboitfmenes, Amboits, font des montagnes, Mene, fignifie rouge. Ceux-cy ont abondance de beftail, graines & racines. Eftant venu à l'embouchure d'vne grande riuiere, fur le riuage de laquelle il y auoit nombre de pruniers, nous nommasmes le port voifin, le port aux prunes. L'embouchure eft entrapée de plufieurs rochers, ce qui eft caufe qu'on n'y peut entrer qu'auec vne chaloupe. Plus haut, ily a vn village à vn quart de lieuë du port, où celuy qui y commandoit, auoit nom Diamangay, qui nous vint prendre auec des canoes de noftre bord, & nous mena loger chez luy, où

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nous fulmes huict iours. La plus grande partie des habitans de cette Prouince, de mefme que ceux des Antauarres, font habillez d'vne eftoffe bien tiffuë de plufieurs couleurs, faicte des filets qu'ils tirent de l'efcorils ce du Mahaut, apres l'auoir bien battuë, en font leurs manteaux, par eux nommez lambes,& leurs ceintures larges de huict poulces, longues de deux aulnes, qu'ils appellent Quilambouc. Depuis ce village iufques à vn autre qui eft dans la prouince d'Anthongil,appellé par les Portugais Angeada, il y a bien trente cinq lieues à cheminer, & dix-huict villages affez grands, & peuplez, mais les habitans font mal veftus, n'y ayant que les plus riches qui s'habillent de drap de cotton, non que la terre ne leur foit bonne mere, pour les nourrir suffisamment, mais parce qu'ils font pareffeux, & ne veulent trafiquer.

Nous trouuafmes au village d'Angoada, deux Hollandois, que leur Capitaine qui nous vint vifiter au port faincte Claire,comme nous auons dit cy-deffus, y auoit laiffé pour y achepter des Negres, & les tranfporter en l'ifle Maurice, & au Brefil, lors que les leurs les viendroient prendre. Le prix, à ce qu'ils me dirent, d'vn ieune esclaue, eftoit de quatre reaux d'Espagne, d'vne fille

trois reaux, d'vn garçon de dix à douze ans, deux reaux, d'vne femme auec fon enfantà la mammelle cinq reaux. Mais ils en eurent encore à meilleur marché du Roy de la prouince, qui voulut feul trafiquer auec eux d'efclaues. Car luy faifant prefent d'vne picce de cotton blanche, raiée de noir›en petits carreaux, venant des Indes Orientales, & ne portant que deux aulnes de long,il luy donnoit le chois de tel qu'ils vouloient. Outre que les menant auec luy à la guerre contre les montagnarts, qui fouuent le venoient attaquer, il leur laissoit la troifiefme partie des prifonniers, qui augmentoient beaucoup le nombre de leurs efclaues.

Ayant demeuré neufiours auec ces Hollandois, ie les priay de me conduire dans l'ifle faincte Marie, ce qu'ils firent, elle n'eft efloignée de Madagascar que d'vne demic lieuë, ayant vn village au milieu, enuironné de forts pallis, le maistre duquel nous fit boire du vin de bananes, que nous appellons en France, Coufcou. Cette ifle a au cofté Meridional vne langue s'eftendant au Sud-Eft demie lieuë en mer, ayant vn efcueil derriere qui de loing paroist vn voile. Le bout Austral eft conioint au Septentrional par deux autres efcueils, elle est belle & fertille. Entre cette cy, & l'ifle de Mada

gafcas paffe vn flux bien roide, du Nord, Nord-Eft, vers le Sud-Oüest, de quinze à vingt braffes de profondeur. On prend des baleines en ce deftroit: en voicy la façon. Les infulaires fe mettent dans des canoës, qu'ils pouffent à coups de rames à l'endroit où paroiffent ces monftres;lors qu'ils fe fentent affez prez, ils dardent des fers barbelez au bout, attachez à des cordes qui font d'efcorces d'arbres de Mahaut, par des boucles qui font à l'autre bout du fer: la befte le fentant bleffée, fe tourmente & tire les cordes qu'on lache, enfemble les canoës, dequoy ceux qui font dedans ne s'eftonnent, eftans tous parfaits nageurs:lors que la baleine cefse de se debatre,ils la tirent à bord, & latuent à coups de haches,la tranchent en morceaux, & la mangent.

le retournay de cette ifle auec les deux Hollandois, au village d'Angoada, d'où ie partis incontinent pour aller reconnoistre la baie d'Antongil, qui eft plus haut. Cette baie eft enuironnée de montagnes, qui diminuant peu à peu, laissent aller à fon aise vne belle riuiere, qui s'y descharge, ayant deux grands villages fur le port, l'vn à gauche, l'autre à droitte de ceux qui y arriuent par mer. Celuy-là a efté nommé par les Hollandois, * Spakembourg, celuy-cy par les Por

* Ils le nommerent ainfi en l'an 1595.

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