pour toutes les bar defia nommé Andiampalola, vint à nous dans *Ce nom eft general vne canoë, qu'ils appellent* Lacque,à huict ques, mais celles qui rames de chaque bord, tirées par des Noirs, me celle-cy, en ont qui voguoient debout, Andiampalola en va particulier fça- tenant vne autre derriere la poupe, qui fer vont à 8.rames.com. Moir, Lauejare. uoit de gouuernail. Sur la proue eftoient plantées dix-fept Sagaies, & arrangez autant de boucliers, appartenans à ceux qui eftoient en laditte barque: ils mirent tous pied à terre à noftre veüe,ayant pris leurs armes, & attaché leur canoë à vn tronc d'arbre qui fe trouua fur le riuage. Le Roy vint à moy, me difant falame, qui veut dire,boniour, me ferrant la main, me demandant fi ie me portois bien, en ces mors, Anau farraco. Puis s'eftant affiz fur vne natte, que ces gens luy auoient apportée,il me fit affoir aupres de luy fur la mefme natte, me demandant qui m'auoit conduir vers luy. Le luy fis refponfe par la bouche du maistre du village, qui m'auoit accompagné, que le nauire dans lequel i'eftois venu de France en cette ifle de Madagascar, s'en eftam retourné, & ne pouuant fouffrir plus grande charge que celle qu'il auoit ramené, i'eftois resté auec quatre de mes compagnons, que i'auois laiffé chez les Madegaffes, pour luy venir baifer les mains, & luy faire prefent de quelque marchandise que l'auois. Il me prit ayant le col blanc. par la main, me fit leuer, & me mit en fon canoë auec mon maistre de village, on enuoia charger mes gens auffi-toft dans vn au tre canoë, qui nous fuiuit. Cependant chacun reprit la place, le Roy m'ayant commandé de m'affeoir proche de luy à la poupe,le maistre de village s'affift à la proue, d'où ayant apperçeu quelques oifeaux de riuiere, & m'en ayant donné aduis, ie paffay vers luy faisant ceffer les rames lors que je me visà la.. portée du fuzil, lequel ie dechargeay auffitoft que l'eu mis en ioue, & de ce coup ie tuay deux canars, vne farcelle, & *vn vingeon. Cet oifean eft plus Mes Noirs qui venoient apres nous, faute- gros qu'vne farcelle, rent incontinent dans l'eau,& allerent prendre le gibier, qu'ils prefenterent à Andiampalola, qui en vifita les bleffeures, s'eftonnant de l'effect de mon fuzil, & difant aux siens, qu'il m'estoit beaucoup plus facile de tuer des hommes, que des oyeaux, qu'il failloit viure en amy auec moy. Puis changeant de difcours, comme il m'auoit oüy ioüer du flagcollet fur le bord de la riuiere, lors qu'il venoit à nous, il me pria d'en ioüer, ce que ie fis, auec grand applaudissement de tous ceux qui eftoient dans noftre canoë. Ilfaut remarquer en paffant, qu'encore que cette riuiere foit large de plus de trois cent pas, & profonde de fept à huict pieds d'eau du moins, qu'elle n'a point diffuë à la mer quoy qu'elle en foit fort proche, fe perdant comme d'autres defquelles nous auons defia parlécydeffus, dans des fables, que la mer a amaffe il y a long-temps fur les bords de cette Isle. Comme nous fufmes defcendus dans le village d'Andiampalola, il nous conduifiten fa maison, & delà, en vne autre eftant àl'vne de fes femmes, qui vint loger en la fienne, où il nous enuoia des poulets & cabrils. Cette maifon eftoit à l'entrée d'vn grand parc fermé de troncs d'arbres ronds, pointus par les bouts, dans lequel il y auoit trois rangs de maifons, chacune ayant fon magazin, où estoient les prouifions de celles qui les habitoient, sçauoir eft d'autant de femmes qu'il y auoit de maifons, chaque femme auec fon valet & fa feruante, Andiampalola les auoit toutes efpoufées à la mode dupaïs, & alloit coucher tantoft vers l'vne, tantoft versľautre ainfi qu'il luy plaifoit, les Noirs ayans autant de femmes qu'ils en peuuent nourir, & entretenir. Quand ces peuples veulent fe marier, ils vont demander au peres leurs filles, ou aux parens, files peres font decedez. Les parties eftant demeurées d'accord celuy qui fe veut marier, donne au pere, ou parens de la fille, des bœufs, vaches, moutons, coliers, chaifnes, & . nes & autres bagatelles. Si la femme eft repudiée, elle retourne en la maison de fon pere fans rien emporter. Que fi elle quitte fon mari, fon pere, ou fes parens font obligez de reftituer au mary ce qu'ils ont receu de luy, en faueur du mariage. Comme ie frequentois les femmes d'Andiampalola, ie m'équis d'elles,fi elles eftoient contentes de leur mari, & fi elles n'auoient point de ialoufies les vnes contre les autres: elles me dirent, que non, que la coustume du païs eftant d'obeir à leur Seigneur, elles y estoient obligées, fans y contrediré. Vne d'elles venant à accoucher, lors que i'y eftois, vne autre luy feruit de bonne femme, laquelle feule entra dans la maifon, fer ma toutes les portes, fit vne tenduë de nates autour du foier, proche lequel eftoit le lict de la gifante, qui ne confiftoit qu'en deux nates,entre lefquelles,& quelques draps de cotton elle fe couchoit. Apres qu'elle fut accouchée, on luy frota le vifage du ius d'vne racine iaune, que ceux du païs appellent, Auly, qui le rendit de mefme couleur : au bout d'vne Lune elle quitta le logis, la tefte couuerte d'vn * bonnet de ionc, en- Ils l'appellent Sarichi de patenoftres, & de coral fin, la tefte ointe d'vne huille appellée Menach. Ses cheueux efpars tomboient fur les iarets. Elle de * E Et vn arbriffean groffeur de la deux poulces, qui iette vne fueille co gay, la tige pour que velue & piquan me la vigne ayant portoit en la droite vn long cousteau, dit,. cinq pointes, verd Anchesyllabe. Et de l'autre main vn petit baprée, iettant vne co let de fueilles de latanier,defcoupées en coute, comme le chaftai- roiës, ce ballet s'appelle Miffaf. Lequelcougnier, das laquelle il fteau, & balet elle ne quitta point, qu'apres Y a fix grains de la façon de nos fauiol- trois Lunes, à compter du iour de son acdrée, qui eftans fe- couchement. les, de couleur cen chez au Soleil, & preffés, főt vne huil. le de mefme nom. Pendant huict iours que nous arrestames en ce lieu,ie voulus en reconnoiftre laffiette, ie remontay quatre lieuës le cours de la riulere, iufques aux montagnes voisines,cou uertes d'ebeniers & autres arbres, & peuplées de quatre villages; cette prouince a douze lieues de long, & plus de quarante de large, abondante en hommes, prairies, & beftail, & encore plus en fucre, duquel ils font leur boiffon. Ayans quitté cette prouince, nous entrafmes en celle des Antauarres au bout de quatre iours, ayans paffé fix riuieres fur des flotes d'arbres, n'ofans nous mettre à la nâge crainte des crododiles, qui y font en grand nombre. Ce païs eft marefcageux eftant les plaines proches de la mer, & les montagnes efloignées de quinze à feize lieuës, il a vingtlieues de long, & trente de large, & eft peuplé de douze villages, par les chemins que ie fuiuis, fans ceux qui font és montagnes, lef |