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les à ces enfans, mettant dans les trous des pierres blanches, puis les prit & les porta Lous l'ombrage, où ils receurent la benediction du Diable, qui eftoit dans la calebafse; c'estoit là leur baptesme. Le soir arriuerent trois Tapuies de Preciaua, qui affurerent encore que Paiucu s'aduançoit auec fes gens. Le vieillard dit, que cela n'eftoit rien, & ordonna qu'on donnaft à manger à ces Tauies, qu'Houcha auoit dit, qu'on se tinft ioyeux. Que tous ceux qui fe vouloient marier fe preparaffent aulendemain matin, pour chaffer tout ennuy.

Cela fut faict; ils attacherent à leurs corps tant hommes, que femmes, auec des gommés des fueilles de diuerfes couleurs, il eftoit plus de trois heures apres midy auant que les futurs efpoux & efpoufées fuffent prefts, trente hommes, & femmes d'Hollande feroient pluftoft habillez qu'vn de ces fauuages. On auoit preparé vn ombrage pour cete ceremonie deuant la hute du facrifice, d'où fortirent deux forciers tenans à la main vne broche de bois pointuë, de laquelle ils percèrent les leures du deffous, & les ioües de ceux qu'on vouloit espouser, mettant dans chaque trou vne pierre blanche aigüe, & delà entrerent fous ledit ombrage, ou cabinet couuert de fueilles, où le facrifice fe

deuoit

deuoit faire du fang qui leur couloit du vi-
fage. Auant que fortir apres ce Sacrifice faict,
vn forcier prit vne pipe de tobac, & en ayant
tiré la fumée en parfuma les nouueaux ma-
riez, c'eftoit leur benediction nuptiale. Ce
faict les Tapuies s'affemblerent en trois
rangs. Au premier eftoit landhuy & fes for-
ciers tous peints fur la chair de diuerfes cou-
leurs, & chargez de plufieurs fucillages. Au.
fecond rang eftoient les hommes & femmes.
Au troifiefme les efpoux & les efpoufées,
qui fe mirent à chanter & dancer toute la
nuict. En cette fefte il y auoit de la ioye
& refiouyffance beaucoup, mais peu à boi-
re & à manger, finon du mil & de l'eau de
falpetre bracque. Ce iour-là nous cufmes
eclypfe de Soleil, qui commença à fept heu-
res du matin, & dura vne heure.

Le troifiefme le vieillard landhuy fit dire qu'apres la chaleur du iour onrecommanceroit à danfer. Les Brafiliens s'en retournerent en leur Aldée le ventre creus, parce que landhuy auoit commandé qu'on gardaft le mil pour Vvajupu. & fes gens, quand ils viendroient, & à quatre heures apres midy als fe mirent tous à danfer. Et comme ils dansoient, vn sorcier vint dire, qu'Houcha arriueroit la nuit auec cinq autres. Ils cefferent à l'inftant, & allerent dreffer dans la Hh

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hutte du facrifice vne couche de fueilles, proche laquelle ils mirent du tobac. La nuict venue, les Tapuies recommancerent leurs danfes, & Iandhuy & fes forciers vindrent à la hutte du facrifice, s'enquerant d'Hou cha de ce qui leur arriueroit. Trois voix enroüées refpondirent à la fois, vous fuyrez. Comment? dit landhuy,i'ay plus de gens que mes ennemis, sans le fecours que l'ettens des Hollandois. Vne voix feule luy repartit, tu l'attends, mais il n'eft pas encore icy. Cela oüy par tout,le vieillard, fes forciers, les hom mes & les femmes fe mirent tous à pleurer & lamenter l'efpace d'vne demie heure. Lors vne cinquiefme voix parla à Iandhuy, & dit, ne combats point auec tes ennemis fans les Hollandois, recule, & lors diffention fe mettra parmy eux, ils s'entretueront. Le peuple ayant entendu ce que deffus, fe refiouyt, & danfa comme deuant le refte de la nuict,fur le declin de laquelle le Diable fe retira.

Le vieillard m'appella le matin fuiuant,& me raconta tout ce qui c'eftoit paffé le iour precedant, il fit affembler tous les principaux de fes gens auec les forciers, pour confulter où ils fe retireroient,s'ils eftoient con traincts de fuyr. Ils eftoient d'aduis de paffer la riuiere, & venir à Rio Grandé, ie m'op pofay à cette refolution, difant, que les en

nemis les pourfuiuroient plus viuemét qu'en autre pays, trouuans dequoy fubfifter, & qu'il eftoit plus à propos de fe retirer en lieu,. où les ennemis les pourfuiuant ne pourroient trouuer à manger,qui feroit caufe de les faire retourner: que i'auois ouy dire qu'au deffus de la montagne eftoit vn chetif pays, qu'il feroit bon de s'y retirer, & que là ie les viendrois treuuer auec mes foldats. Comme nous eftions fur la refolution de la tenue du Confeil, deux Brafiliens arriuerent, nous disant, que Vvarrivvare & fes gens auoient traitté auec Pajucu contre nous. Iandhuy leur dit, qu'ils demeuraffent vers luy iufques à ce qu'il fçeuft la verité de ce qu'ils affuroient, ordonnant qu'on leur donnast à manger. Sur le foir deux de mes Negres m'apporterent du tobac & quelques bagatelles de Rio Grandé. Les Tapuies furent fort refiouys les voyant,s'imaginans qu'ils m'amenoient le fecours que ie leur auois promis. Ie leur dis, qu'il falloir que ie les allaffe querir moy-mefme, dont le vieillard ne fut pas content, me difant,que fi ie n'allois vifte & retournois encore plus diligemment, que fes ennemis & les miens, perdroient les fiens, & les miens, mefme dans Rio Grandé. Le promis de le faire, & cependant qu'il retireroit fes troupes delà la montagne Vvahu, & ne laissast rien à man

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ger derriere luy, couurant auffi les fources des fontaines qu'il rencontreroit. A ces mots • ils fe coucherent tous à terre vn forcier les af

furant que ie.difois vray,& que Houcha auoit affuré, qu'il y auroit diffention parmy les ennemis, ce qui arriueroit fi on leur oftoit le boire & le manger. Cela refiouyt les Tapuies, qui se remirent à danser comme deuant.

Enuiron les neuf heures du matin du cinquiefme Iuillet, Iandhuy n'appella, me demandant fi ie retournerois bien-tost, ie l'en afsuray, adjoustant, qu'en m'attendant, il enuoyaft quelqu'vn fur le chemin pour prendre des prifonniers des ennemis, pour sçauoir leur deffein & leurs forces, qu'il les attendit le plus long-temps qu'il pourroit, & s'il croyoit ne leur pouuoir refifter, qu'il se retiraft à Vvahu, & en ce cas qu'il m'enuoyaft deux ou trois hommes à Rio Grandé pour m'aduertir de ce qui fe pafferoit. Il me le promit ainsi, lors ie pris congé de luy, refufant la compagnie des Tapuies qu'il m'offroit

pour me conduire, leur laiffant tout le tobac, & les autres choses que les Negres m'auoient apportées, dont ils me remercierent, les priant en reconnoiffance de ce bien faict, de me donner du mil pour viure parle che

min.

Comme ic voulois fortir le iour fuiuant,

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