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eftoient infques au nombre de vingt fix. Ce faict ie leur donnay mon billet, la teneur duquel eftoit.

Que perfonne ne foit fi hardy d'emmener de ces lieux des Brafiliens, ny de les outrager par paroles, ou autrement. Qu'ils auoient pouuoir d'y bastir vne nouuelle Aldée, & y faire des plantages, & y refider tant & fi longuement qu'ils perfeuereroient en leur fidelité, s'obligeans iceux de notifier inceffamment par meffager expres à ceux des noftres qui feroient à Rio Grandé des attentats, & trahisons qui fe feroient contre nous. Fait par prouifion, & fous l'approbation des Nobles puiffans, ce vnziefme May mil fix cent quarante fept.

Cela fait, i'efcriuis les noms de tous comme fi ie les euffe enrollez, dequoy ils furent fort fatisfaits & contens.

Le douziefme deux Brafiliens & vne femme vindrent dans l'Aldée dire que l'eftois venu expres vers eux pour les emmener hors du Certan, par tromperie, ainfi que ceux de Pottegie les en auoient affuré. l'eus beaucoup de peine d'appaiser ce bruit, leur ayant demandé, d'où ils auoient apris ce mensonge, ils me refpondiret, que c'eftoit d'vn Louis Carauata Portugais, & d'vn nommé VitapiIe leur tanga, Tapuie, qui tenoit fon party.

dis, que fi ie les tenois ie leur apprendrois bien à parler,& à ne plus faire courir de mauuais bruits contre moy, cependant qu'ils euffent à fe preparer à fortir le lendemain pour aller chercher le bon viellard Iandhuy. Sur les neuf heures du matin fuiuant,nous nous trouuafmes au pied d'vne montagne', proche le riuage de Portegie, dans vne belle place fablonneuse, où.autrefois noftre armée auoit défaict quarante-huict chefs Portugais auec les Brafiliens leurs alliez.Nos gens fe repoferent en partie, le reste alla auviure, plufieurs defquels nous rapporterent de la farine de Suafu, auec du miel fauuage, &. des rats.

Le quatorziefme quelques - vns des Tapuies m'ayans dit, qu'ils auoient oublié dans l'Aldée d'où nous eftions partis le iour auparauant, vne partie des prefens que l'auois deftiné pour landhuy, auec du bois de plufieurs couleurs, retournerent fur leurs pas, & le foirme vindrent trouuer auec deux Brafiliens chargez de mil, qu'ils apportoient en mon nom, comme ayant commandement de ce faire de ma part. Ie demanday aux Tapuies qui auoient amené ces Brafiliens, qui leur auoit donné charge d'aller querir du mil en mon nom, ils me dirent, qu'ils vouloient paracheuer le dueil d'vn de leur gens mort

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& qu'il leur falloit auoir du mil,afin d'en m'clanger la farine, auec les os du mort puluerifez pour les manger. le me fachay à eux de ce qu'ils m'auoiet faict à croire qu'ils auoient oublié des prefens que ie leur auois laiffé pour Iandhuy. Ils me respondirent, que c'eftoit parce que s'ils euffent declaré leur intention, ils craignoient d'eftre efconduis, & que les Brafiliens ne leur en euffent voulu donner qu'en mon nom. Puifque vous vous feruez de mon nom à faux, difie,ie veux que ces deux Brafiliens qui l'ont apporté le rem portent, ie ne fuis pas venu pour leur ofter leur bien mais pour leur conferuer, & le defendre, puis qu'ils me font amis auffi bien que vous. Les deux Brasiliens ne voulurent, ou n'oferent reprendre le mil, difans qu'il fuffifoit qu'ils fçeuffent que les Tapuies les auoient abusez, qu'ils s'en prendroient gar de, & s'en retournerent en leur Aldée. Ce pendant ceux qui eftoient allez à la chasse, pendant ce temps de repos, rapporterent du inil & des rats, & auffi-toft fe mirent auec leurs compagnos à piller les os du mort, qu'ils meflerent auec la farine de ce mil, & mangerent le tout meslé ensemble.

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Le quinziefme apres auoir paffé la riuiere, ie pris trois hommes auec moy, laissane le refte de la troupe à la chasse des rats, &5

m'aduançay, ne voulant pas attendre les autres qui marchoient trop lentement, prenant mon chemin entre les deux Couchans, que ie continuay iufques au dix-huit, anquel iour l'enuolay vn de mes hommes à ceux que l'auois laiffé derriere nous. Ce iour le perdis deux de mes chiens, que les fangliers me tuerené.Solo.noly,

Le dix-neufuiefme ie vins à la montagne Montagina, habitée n'agueres des Brafiliens, mais pour lors le ne trouuray dans leur Aldée qu'vn viellard & deux vieilles femmes, qui me dirent, que leur chef, ou principal, dit, Diego, n'y eftoit pas, ie l'enuoiay chercher par vn petit garçon, qui me l'amena fur le foir. Il me dit, que landhuy luy auoit donné cette place pour y habiter auec les fiens, mais qu'elle n'eftoit affeurée contre leurs ennemis,ce qui estoit cause, qu'ils estoient contrains au premier bruit de guerre de la quiter & s'enfuyr dans les bois. Ie luy repartis qu'ils eftoient des coquins de nous abandonner ainfi,& leur propre nation. Il me refpondit, qu'ils n'eftoient point des coquins, n'ayant eu recours à leurs ennemis, aufquels ne pouuant refifter, c'eftoit prudence de fuyr, que la famine les preffant dans leur Aldée, ils auoient efté contraints de fe retirer vers leurs amis, pour auoir des viures, lors qu'ils

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en ont befoin. Que fans cela ils fe trouue-
roient heureux viuant paisiblement, n’estant
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que rarement attaquez de leurs ennemis,
caufe de leur pauureté,& en feureté contr'eux,
áyans les bois tout autour pour vne asseu-
rée retraitte. Que landhuy leur ayant laissé
la liberté de cultiuer ces lieux,ils y plantoient
des racines, y semoient des pois & des feues
fans ce qu'ils trouuoient dans les forefts.
Qu'ils n'eftoient ingrats enuers Iandhuy, au-
quel ils faifoient part liberalement de ce qu'ils
auoient planté & femé; qu'à l'heure qu'il par-
fe.
loit, fes gens eftoient aux roffes, pour y
mer du mil, qu'ils n'auoient point encore de
Mauiras, ou baftons de racines à faire de la
farine, mais que landhuy leur en auoit pro-
mis lors qu'au beau, temps ils defcendroient
en bas. Ie leur dis, que lors qu'ils viendroient
du costé de Rio Grande, que ie les receurois
courtoisément, & qu'ils fe donnassent gar-
de de n'offencer perfonne..

Le vingt-deuxiefme deux Tapuies vindrent à moy, difant, que landhúy fe difpofoit à s'acheminer contre l'ennemy, le me refolus auffi-toft de le ioindre. Diego me pria de l'attendre, iusques à ce qu'il cuft amassé fes gens. Sur le tard arriuerent trois garçons du viel Harhara, qui me firent prefent de miel fauuage.

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