de deux Tatous que nous auions tué auec l'aide de mes chiens, & les fleches des Tapuies, qui estoient auec moy, & Murotti, fans auoir aucune chofe à boire. Le trofiefme tirans d'Occident au Nort nous paffafmes des campagnes pierreufes & efpineufes iufques à la fource de ladite ri uiere de Monipabu, où nous feiournafmes, pendant qu'vn de nos Tapuies s'aduança dans la montagne voifine, pour y chercher vn fien compagnon qui venoit fouuent en icelle. Dés le point de l'Aube fuiuante nous marchafmes iufques au Midy parmy des roches, où nous prifmes des rats appellez Yperie, que nous filmes roftir, & lefquels nous mangeafmes auec du miel fauuage. Le cinquiefme du courant ayans trouué la piste d'vn homme, & icelle fuiuie, nous retournasmes à ladite fource de Mompabu, delà à celle d'vne petite riuiere fans nom, où noftre fouper fut d'vn peu de miel fauuage, Le fixiefme & feptiesme paffez auec langueur & peu de chaffe, nous vifmes la montagne, où il nous failloit aller pour trouuer les Brafiliens, & peu de temps apres nous arriuafmes dans l'Aldée Terapiffima, le chef, de laquelle eftoit Iean Vvioauin,qui nous re 27. 28. 29. ceut amiablement, & nous donna à manger du Mays, qu'on appelle en France bled de Turquie,des pois & feues, & nous fit boire du miel fauuage. Nous trouuafmes auec luy les Tapuies, la piste desquels nous auions fuiuis depuis la fource de la riuiere de Mompabu. Le huictiefme Vvioauin me vint trouuer, auquel ayant demandé ce qu'il faifoit dans ces bois fi efloigné de nous, & de fes compatriotes, il me dit, que c'eftoit à cause de la guerre, entretenant la paix auec ses voisins les Tapuies, leur donnant librement de ce qu'il auoit lors qu'ils le venoient vifiter. Que les ennemis auoient pourtant efté deux fois chez luy, pour tascher à le tirer à leur party. Ce qu'ils auoient faict auffi à Iandhuy, depuis vn mois, & ne fçauoit ce qu'ils auoient refolu ensemble, ne fçachant autre chofe fur ce fubiect que ce qu'il en auoit ouy dire à des Tapuies, qui ne demeuroient qu'à deux iournées de luy. Ie le priay de me dire ou eftoit le bon viellard Iandhuy. Il me repli qua, qu'il eftoit dans les bois auec fes gens pour chercher à viure,qu'il n'y auoit pas longtemps qu'il eftoit venu en fon Aldée pour vifiter fes roffes, qu'il y retourneroit lors quelles feroient meures. Que fans me mettre en peine que ie l'enuoyasse chercher, & fça qu'auffi-roft il me viendroit trouuer, chant bien qu'il m'aymoit, luy ayant fouuent oüy parler de moy. l'enuoiay de bon matin chercher le viellard, & enuiron midy, vn de ceux que ie luy auois enuoyé, nommé Mandubi,retournant me dit, qu'il amenoit vne grande trouped de Brafiliens, qui venoient pour habiter aupres de l'Aldée de Vvioauin, fiie leur voulois donner vn billet d'affurance. Ie leur demanday comme ils fçauoient mon arriuée, & pourquoy ils me demandoient ce billet,s'ils auoient fait tort à quelqu'vn puis qu'ils vouloient changer de demeure. Ils me repartirent, qu'ils fçauoient tres-bien mon arrivée, que les officiers des Brafiliens qui demeuroiết plus bas, les menaçoient à tous momens de les chaffer, c'eft pourquoy ils s'eftoient refolus de chercher vne autre demeure que la leur, & fe ioindre aux Tapuies, pour recouurer facilement des viures dans les bois, pour eux, leurs femmes,& enfans, qui fouffroyent · beaucoup au lieu qu'ils vouloient quiter, qu'ils pouuoient refifter à leurs ennemys, & feruir à leurs amis, estant dans les bois, où ils auoient deffein de baftir vne grande Aldée, & se maintenir en paix par leur nombre fans rien craindre, & fouftenir l'effort de la guerre s'ils y eftoient neceffitez. A tool, Ie proposay à tous ces Brafiliens, que s'ils me vouloient promettre de ne rien attenter contre les Hollandois, & leurs alliez, au contraire, de fuiure leur party, & interefts enuers & contre tous, estre amis de leurs amis, ennemis de leurs ennemis, & me donner aduis de tout ce qui fe brafferoit contr'eux, dans Rio Grandé, où eftoit ma demeure, que ie les receurois en ma protection & fauue-garde. Ils me le iurerent ainfi, me promettant de m'amener incontinent tous ceux de leur brigade pour faire le semblable, en leur donnant le billet d'affurance qu'ils me demandoient, attendant l'approbation des Nobles puiffans, & l'adueu de Meffieurs de la Compagnie des Indes Occidentales. Le Soleil à peine eftoit leué, que le principal de l'Aldée Ican Vvioauin, enuoja fes gens à la chaffe, & à la quefte du miel fauuage, nous vefcumes de ce qu'ils apporterent. Le onziefme fur les dix heures du matin les Brafiliens du bas arriuerent en l'Aldée où nous eftions, les habitans de laquelle les receurent auec grands cris de ioye, & propos d'allegreffe.c -JACela faict,vils me demanderent tous vn billet d'affurance afin qu'aucun officier Brafilien n'euft à les contraindre de fortir de leurs demeures, defirant s'establir en ce lieu où l'e ie où l'eftois, s'il n'y eftoient point moleftez, par les officiors Brafiliens, la domination defquels ils ne peuuent foufrir, sinon qu'ils s'en iroient fi loing, que perfonne ne les pourroit trouuer, aymans mieux obeyr aux eftrangers qu'à ceux de leur nation. le leur dis qu'encore que ie leur donnasse vn billet de ma main que cela leur feruiroit de peu, fans l'aprobation des Nobles puiffans mes maiftres, aufquels ie parlerois auffi toft que ie ferois au Reciffe,& que ie leur enuoyerois ce qu'ils me demandoient incontinent que je l'aurois receu. Ils repartirent, que i'çuffe à leur donner le billet d'affurance qu'ils requeroient par prouifion, attendant la confirmation de Meffieurs, parce que dans le Certan, il y auoit, & des Tapuies,& des Brafiliens, qui emmenoient tous ceux qu'ils trouuoient, ce qui caufoit vne grande rumeur entr'eux: mais que quand ie leur aurois donné vne fauue-garde, qu'ils ne s'eftonneroient plus d'aucune chofe,& diroient à tous ceux qui les viendroient chercher, qu'ils n'auoient plus de pouuoir fur eux, cftans à ceux de ma nation, & nonà autres, -me promettans de luy demeurer fidelles, & defcouurir les trahifons qui fe trameroient contre elle moyennant falaire. Ils me le iurerent tous ainfi, & leurs chefs auffi, qui Dd 30% 31. |
