deffus, & fongé quelque temps à ce qu'il fera, ils nomment cc rauaffement, Squille : leur commande de luy apporter plufieurs racines, fueilles, herbes & fleurs, dans des longs paniers faits de cannes : fort puis apres du village faifant le tout apporter apres foy, & ranger fur les bords de la premiere fontaine, ou ruiffèau, qu'il rencontre. On luy amene auffi vn taureau,& luy apporte-on vn coq noir. Il fait attacher le taureau à vn arbre, luy fait lier les pieds, puis l'égorge, receuant le fang dans vn grand plat de bois, il en fait autant au poullet. Il mefle les fangs auec le doigt du milieu,en marque les fronts de tous les affiftans, en barbouille fa ceinture, & tout ce qui pend apres, marmotant ie ne fçay quoy entre fes dents. Cela acheue, on roule le bouf attaché par les pieds, dans le ruiffeau, d'où il eft incontinent retiré, & mis en pieces pour le manger auec le coq. Puis retournant au village, il met fa ceintu re deuant la porte de la maifon du maistre d'iceluy, de laquelle perfonne n'oferoit approcher pour la toucher. Tant qu'elle est en ce lieu, vn petit garçon tourne vn petit ais fort leger, attaché à vne corde autout de fa tefte, qui fait vn bruit approchant de celuy de nos tarteuelles, par la refiftance de l'air. Sous cette ceinture font arrangez les

paniers, auec les racines, fleurs & fueilles, defquelles nous auons parlé. Tout cela demeurant là iufques à ce qu'il pleuue, ce qui arriue bien-toft, ce galand ne ioüant pas fon tour qu'il ne voye apparence de pluye, afin de fe rendre plus recommandable. On luy donne vne vache pour fa peine.

Sa figure eft rap

4. liu. de la faculté

ch.54

Ils ont vne efpece de conuoluule les fueil- portée par Pifon, au les duquel broyées & mifes fur vne playe, la des fimples du Breguerit en peu de temps: elles font longues fil. d'vn doigt, de la figure du cœur,le tige ayant plufieurs branches, rempe & s'agraffe à tout ce qu'il rencontre, il eft de couleur du ferment, qui eft encore verd. Il porte des clochettes, de mefme que les autres conuoluules blanches, teintes d'vn peu d'incarnat, & de pourpre au fond, elles feuriffent au mois de Îuillet; de ces clochettes vient vne femence noirastre, de la groffeur d'vn pois, mais qui n'eft pas fi ronde. La racine a la forme d'vn pied d'efcreuice, graffe, & pleine d'vn ius blanc, ayant la peau de la cendre recuitte. Elle eft purgatiue, & pour cet effect on la met en petits morceaux ronds, qu'on fait secher au Soleil. Vne dragme & demye de cette pouldre infufée purge doucement.

Il y a auffi vne herbe, dont la fucille a la mefme proprieté que celle du conuoluule duquel ie viens de parler eftant broyée, fon

I'en ay veu fonuent en noftre iardin venant de la graine que

a enuoyée; mais

te iamais fleur, ny

plus haut, que le pe

eft dans Charles de

Ceux qui ont paffé

Nombre de Dios,iuf.

nom eft Dchoutchout, elle a la fleur iaune & ronde comme le foucy, la fueille est dentelée.

Les Tapates chez lefquels croift l'herbe fenfitiue, l'appellent Haeft vel, qui veut diMonfieur de Laet re herbe ayant vie, elle s'efleue en ce pays cette plante n'y por- iufques à la hauteur de deux pieds. Son tige graine, ny ne croift eft boffu, iettant fes rameaux inegallement, Tit doigt. Sa figure partie defquels s'efleue, l'autre fe couche, L'Eclufe au liu. 4 des ayant plufieurs fueilles qui fe touchent, ne plantes rares, ch. 1 tirant pas mal à celles de la fougere; Cette par l'ifthme depuis plante porte de petites boules pourprines, ques à Panama, ra- hifpides qui iettent nombre de petites fleurs content qu'il y a des de mefme couleur, qui produisent des goufbre fenfitif, auquel fes, couuertes de pointes, dans lesquelles eft auffi -toft les bran- enfermée vne petite graine noire & luisante, s'efleuent auec grad ayant la figure d'vn cœur, plate comme la bruit, & font enfem lantille, mais qui eft plus petite de la moiglobe. Pilon liu. 4 tié. Il y en a qui appellent cette herbe, chaples du Brefil, ch.96. fte, d'autres, Mimeufe. Auffi-toft qu'on en la plante & de l'ar- touche vne fueille, toutes se ployent l'vne bre fenfitif, sous le contre l'autre, & s'abaiffent auec toutes fes branches contre terre, fe releuant peu à peu vn demy quart d'heure apres.

bois entiers de l'ar

fitoft qu'on touche,

ches & les fucilles

ble la figure d'vn

des facultez des fim

donne les figures de

nom de Casco.

Marcgrauius donne

de fucre au 2. liure

L'ifle de Madagascar eft tres - fertile en la figure de la canne cannes de fucre, que les habitans machillent de l'hiftoire des pla- & fuccent, n'ayant encore l'inuention d'en Les Brefiliens la no- tirer le fucre, comme on fait à Madere & au ment Vube, & Taco. Brefil. Les Portugais leur ont donné le nom

res du Brefil ch. 16.

marée. Elle a eflé có

nuë

par les anciens,

lenient. Diofcoride

la faculté des alimés.

hiftoire naturelle c.

d'Alfeola du Zuquere, & de Canna da Zuqueré. quoy que plufieurs Elles ont des nœuds comme les autres can-la defcrite liu.2.ch. nes, le tige par le deffous a de tour trois à 75. Galien liu. 3. de quatre poulces, croiffant iufques à dix pieds Pline liu. 12. de fon de hauteur. Sa couleur eft d'vn verd iaune, s Strabon liu. s. de qui porte au deffus plufieurs fueilles en flo fa Geographie. Il eft quet, longues & aiguës, Cette plante est con- d'en tirer le fucre eft nuë en France, fans en pouuoir tirer du pro- ne s'en feruans qu'en fit, ce climat n'eftant affez chaud. Elle vient breuuage & medeci heureufement dans la Sicile & terres voifi-ayant veu comme

nes.

vray que l'inuention

nouuelle, les anciens

ne.

de Madere le tiroient, fechoient, & reduifoient en pains

transplanterent des cannes au Brefils drefferent des moulins fur l'eau & fur terre, faifane tourner ceux-cy auec des boeufs, lefquels approchent de la figure des preffoirs fous lefquels nous mettons nos vendanges, finon qu'on ne met pas les cannes de fucre fous le preffoir, mais entre deux pilliers à vis, lefquels ferrant les cannes lors qu'on les fait tourner, en expriment le ius, qui tombaut dans les tines, eft cuit dans des chaudieres, bien efcumé & paffé par le linge, puis recuit & condenfé iufques à ce qu'il ayt confifence, laquelle il n'aquiert iamais qu'on n'ayt ierté dedans du ius de limon. La façon de pláter, cultiuer, couper, & ferrer les cannes, cuire le ius, & en faire des pains de fucre, enfemble la figure des moulins, fourneaux, & autres inftrumens neceffaires pour la perfeAtion de cet ouurage, eft dans Guillaume Pifon hu. 4.de la faculté des fimpies du Brefl.ch.1.

l'adioufteray pour conclufion à ce mien

traitté, que ie m'eftonne comme cette isle, fi grande, fi peuplée, & fi fertile, ayant des habitans fort traittables, des mines de fer, d'or, & d'argent, des gommes, des refines, & du fel, que les vagues & vents de la mer laiffent dans les trous des rochers, des forests, du coton, du Mahault,* des roches entieres de cristal dans la prouince d'Anthongil, où foüiffant dans les ruiffeaux qui en fortent on trouue des efmeraudes,& des faphyrs: comme du talque dans les montagnes des

* Les habitans les nomment,vat farr re.

Machicores & Madegaffes, n'a encore attiré de noftre France des Colonies entieres, pour s'en rendre maiftres, & y eftablir la religion Romaine, à laquelle ceux du païs fe porteroient facilement, pour eftre dociles, & pour n'auoir encore fait chois d'aucune religion. Au furplus aymant extraordinairement la conuerfation des François, auec lefquels ils trafiquent librement, leur decouurant leurs fecrets, & les inuitant à prendre alliance auec eux. Outre ces raifons il n'y a point de païs au monde dont la fituation foit plus à estimer, ceste ifle eftant entre les deux Indes, comme arbitre de la conqueste des vnes & des autres, ayant tout ce qui eft neceffaire pour la nauigation, entretien, & nourriture de l'homme