font efleuez de terre de fix pieds, le plancher fouftenu fur des pillotis ; pour empefcher que les rats ne les mangent, il y a vn aiz plat au deffus de chaque pillotis qui s'aduance de tout cofté d'vn demy pied, & cet ais ainsi debordant empesche les rats de grauir plus haut. Ces racines feruent de pain à ces Infulaires fix ou fept mois durant, apres la recolte; Ils en font diffiper l'humeur fous la cendre, puis les mettent fur la braife, & les mangent apres les auoir fait refroidir. Leur goufst approche de celuy du pain. On en met auffi au pot auec de la viande au lieu. de nauets. Ces racines, & fueilles font femblables à celles de l'herbe à-la Lune, les fueiles & tiges embrafferoient les perches & arbres, & monteroient iufques au deffus, s'il y en auoiť, ou qu'on leur permit de croistre. Mais ces racines font plantées dans des champs decouuerts, qu'ils laiffent repofer vn an auant que de les y planter,& les fueilles de temps à autres coupées pour faire groffir les racines en les empefchant de trop ietter de branches, farclans pour le mefme fubiet les mauuaifes herbes qui croiffent à lentour. Les Ovuiares ont les racines groffes comme le poingt de differantes formes telles que font nos treufes, ou Toupinambous, on les tire trois mois apres qu'elles ont esté mifes en terre, à mesure qu'on s'en veut feruir, elles font viollettes, d'où elles prennent leurs noms, Ovui, comme nous auons dit fignifiant racine, Ares, violettes. Elles font plus humides que les precedentes, ayant les fueilles & queues de couleur violettes, on les mange comme les Ovuifouches. Les Ovuicambares, ont les racines groffes comme vn pain d'vne liure, de differentes. formes ainfi que les precedentes, d'vn gris violet, laquelle couleur, que nous appellons gris de lin, eft auffi aux fueilles & tiges. Elles font de mefme gouft, que les Ovufouches, mais moins humides. Les Ovuimeintes, font femblables à cellescy, finon en ce que ces racines font noires. Meinte, veut dire noir. Les Mavuondres, ont des racines comme nos efcheuris, de couleur iaune, ayant le bout d'embas rond, d'vn gouft fucrin, & les branches & fueilles plus menuës que les precedentes. Elles font rares, & fe & fe mangent penIl y a plufieurs efpe. dant que les autres & le ris font en terre. le Brefil, defcriptes Lors que la fechereffe, ou les trop grandes & figurées par Marc. pluyes ont gafté ces racines, les Madagascafous le nom de Tajao- rois ont recours aux choux Caraibes, def4.ch ss. Les Toupi- quels ils mangent les racines,& nous les fucil ces de ces choux das grauius liu. 1, ch. 17 ba Et dans Pifon liu. nambous, les nom-les dans nos potages. ment fuiuant de Le ry, en fon Amerique ch. 13. Caiona. Toutes les fois que le Roy veut faire plan ter fes racines, ce qui fe fait au mois de Nouembre, il fait aduertir vne partie des villages voifins, fes fubiets hommes & femmes, conduits par leurs maistres, ayant chacun vn lochet de fer proprement emmanché, grand comme la main en façon de triangle, duquel ils raclent premierement par la terre le deffus, pour en ofter les herbes & pierres, puis ils tendent en droittes lignes des cordes faittes de la peau del'arbre de Mahau, tant que le champ a de lõgueur,& font auec leurs lochets, fuiuant le cordeau, des fosses d'vn pied de toute efcarrure, en chacune defquelles ils mettent vne portion des racines defquelles nous venons de parler, qui leur font données par les femmes qui les ont coupées auparauant,puis mifes & apportées aux hommes fur le champ qu'on plante dans des paniers, faits d'vne canne fendue en quatre qu'ils appellent, Haze malaime, c'est à dire, bois mol, puis couurent les racines de terre, efloignées l'vne de l'autre de deux pieds & demy. Ils nomment cette façon de planter, Amboulé. Voyla la premiere coruée qu'ils doiuent à leur Prince. La feconde eft, quand il faut femer le ris, le mil, les febues, & pois, Et la troifiesme quand il en faut faire la recolte. Le ris fe feme en Mars & Auril apres auoir la canne de fucre, du pois rouges & noirs, dans le voyage que les Hollandois firét en 1600. ch. 33. La figure du ris, de efté trempé huict iours dans l'eau, ce qui fe mil ou millet, des fait en le mettant dans des paniers, & les padu gingembre & de niers dans la riuiere. Ils font conduire dans la maniguette, font des champs qu'ils veulent femer quarente ou és Indes Orientales Cinquante bœufs, plus ou moins, fuiuant la continance du lieu, & ce apres auoir ofté l'eau qu'ils auoient mife huict iours auparauant pour preparer ces champs à receuoir la femence. Ces bœufs font conduits à coups de baftons par des petits garçons qui font dans la boue iufques à my-iambes, prenant garde foigneufement qu'il n'y ayt aucun endroit, qui ne foit bien petri par les pieds de ces animaux. Cela fe fait par deux fois. Au troifiesme iour on y feme le ris, fur lequel on remet l'eau & en fuitte les bœufs, qui ne font plus conduits par des petits garçons, mais par des Negres hommes faits. La terre ayant esté bien foulée & meflée, on detourne l'eau, iufques à ce que le ris ayt pouffé, & alors s'il y a fechereffe, on la remet dans le champ, qu'on enferme d'vn foffé, & d'vne haye viue, iufques à ce que le temps de la recolte arriue, qui eft en Decembre & Ianuier, alors ils coupent à belles mains les efpics, ne fe foucians de la paille, pour s'en feruir, ils les pilent dans des mortiers de bois, puis le nettoient au vent. Le ris dans l'efpic eft appellé par cux Vare; eftant nettoyé. Fouche Fouche - Vare, Blanc ris. Le mil fe feme en Fevrier dans vne terre fablonneufe, qu'ils nettoient auec le lochet, puis leuent d'vn feul coup la terre, y coulent trois ou quatre grains,& la laiffent tomber deffus. Les trous font efloignez les vns des autres d'vn pied. La femence eft comme le cheneuy, l'efpic comme le milet. Ils appellent le mil, Empembe. Els fement en mefme temps leurs pois & feues, qui font de couleurs & formes differentes. Il y y en a aux Malegaffes & Tapates, qui ont les racines bulbeufes comme des treufes, qui fe plantent ainfi que les oignons de tulippes, en engendrant plusieurs. Leur · couleur eft blanche, ayant le gouft de noifettes eftant euittes dans la cendre. Les fueilles font efpoiffes & diuifées en trois parties, de la largeur d'vn fol, reffemblantes au treAlier, venant en toufes, les fruits estant au pied dans terre. Ils ont des phaseoles, par eux appellées, Vvoiguembes. Ie ne peux paffer fous filence leur façon de faire pour euoquer la pluye, lors que la fechereffe tue leurs racines & femences. Ils appellent leur Marabou,qui veut dire bar¬ bier, ou medecin, lequel ayant efgratigné fa planche, de laquelle nous auons parlé cy Y ཉ |
