ble Tayuaddey.

reconnoiffoient pas qu'il y auoit vn createur de toutes chofes, qui recompenfoit les bons, & chaftioit en ce monde & en l'autre les meschans, ils me refpondoient, qu'ils fçauoient bien qu'il y auoit vn diable, qui leur enuoioit les maladies, & la fterilité, & vn Dieu qui les faifoit mourir, de forte que ce dernier eftoit plus à craindre que le pre.mier. Que tous les hommes auoient efté creés d'eux-mesmes, & qu'indifferemment bons & mauuais alloient au ciel apres la mort. Que c'eftoit affez que ces derniers fuffent punis en ce monde, & par le diable qui les Ils appellent le dia- tourmentoit, & par les hommes qui les chaftioient fans exception de qui que ce fust; comme ie l'auois fouuent veu. Il y a pourtant apparence que la mefme loy de Mahomet qui eft fuiuie par les peuples leurs voisins, qui habitent la terre ferme oppo fée à leur ifle foit venue iufques à eux, en ce qu'ils obferuent la circoncifion, quoy qu'anec d'autres ceremonies que les Turcs, & qu'ils ne trauaillent point le vendredy, iuf ques à ce point, qu'Andianmandombe freLe jour du vendredy re aifné d'Andianramac, s'enfermoit tous les eft le iour de repos vendredis dans fa chambre, fans vouloir vois Belle-Foreft, liu. parler à qui que ce fut. Mais de fçauoir ce phic,ch.8.où il par- qu'il y faifoit, c'est ce que ie n'ay pû encore apprendre, quoy que ie luy fuffe fort fa

des Mahometans,

2. de fa Cofmogra

le de la religion & police des Turcs.

milier,

Turcs.

milier, non plus que des ceremonies, & façon de faire en leurs mariages, que personne d'eux ne m'a voulu reueler. Quoy que par l'apparence, ils tiennent du Mahometan, qui eft obligé à vne femme, & qui ne laif- Poftel en fa Rep. des fe d'auoir plufieurs concubines, ce que leur faux Prophete leur a permis pour la multiplication de ceux de fa fecte, laquelle eftant adonnée à la guerre, fait par cet indult de grandes armées, tout fon monde eftant foldat, fans fçauoir ce que c'eft de chicane, qui affoiblit toute la Chreftienté, par le grand nombre qui s'y adonne, viuant du bien des autres, fans fonger à porter nos armes contre les ennemis de la foy,

Nous auons auffi dit cy-deffus, que le mari repudiant fa femme, luy laiffe & à fon beau pere ce qu'il luy a donné de dot pour l'auoir, & que fi la femme quitte fon mari, elle doit lay rendre tout ce qu'il a donné pour l'auoir en mariage, ce qui eft pris de la loy de Mahomet, qui appelle cette forte de mariage, Chebin, qu'il n'y a qu'vne pierre debout au lieu où ils font enterrez, auec quelque figure de fantafie: & que la plus grande partie de ceux de cette ifle ne mangent point de porc, qu'ils facrifient des bœufs, & des poulets, que fur leurs fepulchres, de mesme qu'aux coins des autels des luifs, on y plan

s'il

y

toit des cornes de bœufs, que leur Marabou leur est comme vn facrificateur pour immoler les victimes,& à son deffaut les blancs, comme hommes venus d'vne race innocente, telle qu'eftoit celle de Sem, & non pas les noirs, comme race de Cham, qu'ils coupent par morceaux le boeuf efgorgé & le diftribuent à vn chacun ; referuant feulement la queue auec vne partie de l'eschine pour le Roy, vn merceau de la mesme, vn morceau de cœur, & vn morceau de foye pour celuy qui l'a efgorgé. Et eft à remarquer, que a vn Chreftien parmy eux, ils le prient de faire cet office, ie ne fçay par quelle defference, mais ils m'ont fait fai refouuent ce mestier, ie croy quec'eftoit parce que ie n'y prenois aucune part, ou par ce que les blancs font les maiftres de l'ifle, & que ceux-là mefme qui font blancs, qui se disent venir des Indes Orientales, refpe&tent les Europeans, comme eftant plus blancs qu'ils ne font. A cette caufe ils appellent le Chreftien, Kaza, c'est à dire tresblanc, defferant tant à ce mot, qu'ils appellerent vne petite fontaine que l'auois fait paffer par des cors dans ma maifon à Mannhale Ranne vaza, qui veut dire la fontaine du Chreftien, ou du blanc. Ils en firent au ́tant d'vn petit moulin à vent que l'auois

fait au mefme logis pour tourner la broche deuant le feu. Il n'y auoit perfonne au commancement,qui ne m'apportaft de la viande pour la voir cuire deuant luy, tant ils admiroient ces petits ouurages.

*

Danza.

Ce qui ne perfuade encore qu'ils ont beaucoup du Mahometan, s'eft que non seulement les ifles de Comore, qui font entr'eux, & la terre ferme de l'Ethiopie inferieure, font pour la plus grande partie habitées d'Arabes & Perfans, qui fuiuent la religion de Mahomet, & mefme que cette pointe de s'eft le Cap de l'ifle qui l'auoifine en a auffi, & que les pre- Tean Barros en fon miers d'icelle qui fçauent efcrire, efcriuent hiftoire des Indes. en Arabe. Outre ce,ils ne mangent point aucun animal, qui n'ayt efté faigné, abhorrans tout ce qui a efté fuffoqué. Et ne reçoiuent aucun pour leur parler,ny pour manger, qu'ils ne foient affiz les iambes croyfées fur vn tapis, ou nattes à la mode des Turcs; & ne font aucune ceremonie fans auoir efté lauez.

Ils fçauent le cours du Soleil qu'ils appellent Manffuandre, & de Voulle, ou la Lune. Ils diuifent leur année en quatre faifons,& douze mois Lunaires, auec quelques iours intercallaires. La Lune a quatre fepmaines,& chaque fepmaine fept iours. Ils la commencent par le iour qui luy eft dedié, fçauoir

Decade 1. liu.8.ch.4.

le lundi, qu'ils nomment, Litenin, le mardi, Tallat, le mecredi, Allaroubie, le ieudy, Camis, le vendredy, auquel iour ils ne trauaillent point, Zoma, le famedy, Sabouffe, le Dimanche, Allahade. Le iour, Andre, & la nuict, Alle. S'ils veulent dire la nuict paffée, ils dient, Lefalle, la nuict prefente, Anhalle, demain matin, Amaray Ampiffe.

Ils fçauent les temps propres à planter & femer, & comme leur nourriture, & la vie defpendent principallement de ces deux cho fes, ils puniffent ceux qui defrobent les plantes & graines, de mefme que les larrons de beftail, coupant à tous les deux mains. Et comme la femme fait vn larcin au mary, lors qu'elle s'abandonne à d'autres, elle eft punie de mefme fupplice. Pour l'homicide il eft fans delay puny de mort.

Les fils, de mefme qu'en beaucoup de pays des Indes Orientales, ne fuccedent point és principautez, ny gouuernemens de leurs peres, ains les gendres. Le fils, ny le frere d'Andianramac ne fuccederont pas à la principauté des Malegaffes, mais fon gendre.

Au refte l'ifle eft fort fertille en grands bœufs qui ont vne groffe loupe excellente à manger, entre le çol & les espaulles, toute de graiffe,