fon vaiffeau, auec des pieces de drap defcarlate, & huic vaches, leur en ayant lais fé quatre auec leurs viures & eau,qui eftoient dans de grands vaiffeaux de terre, que nous appellons iarres, enfemble vne bonne par tie de leur marchandife; l'or, & l'argent monnoyé montant à plus de deux cent mille efcus, qui affouuirent le defir d'amasser, qui auoir inuité noftre Capitaine à ce voiage. Ayans pris congé les vns des autres, nous continuafmes noftre route pour retournét en France, mais la fortune qui nous vou loit plus de bien, que nous n'en fouhaittions, nous fit faire rencontre d'vn vaisseau marchand fans armes, qui eftoit forti du port de Gardafu pour Xael, dans lequel eftant enproche la celebre trez fans aucune refiftance nous enleuafmes ville & port d'Adé, fcize à l'embouchu- la meilleure partie de la marchandise, qui au riuage de l'Ara- eftoit de draps de foye, & de coton, de toule treiziefme degré te forte de couleurs, auec des foyes & co→ di coté du Septen, tons non façonnez, laiffant libres les marde nations y trafi- chans & leur vaiffeaux,pour aller où ils vou Xael, eft vn bourg re de la mer Rouge, bie Heureufe, fous du quent. Louis Bar theme au liu. 2. de droient. fon voyage ch. 4. Delà, fans aucune rencontre,nous repris mes la route de Madagascar où nous anchrafmes au port de faincte Luce, au com mancement du mois de Nouembre, mil fix cent quarante trois. Et defcendifmes en noftre habitation de fainct Pierre,laquelle nous trouuasmes diminuée de quatorze hommes, & tout le refte malade de fievres chaudes, par l'intemperie de l'air, & les vapeurs des marefcages qui font tout autour, perfonne ne pouuant debarquer pour y aller fans mouiller le pied, fa fituation eftant en vn bas où l'eau de la mer s'epanche. Nous fufmes eftonnez à noftre arriuée en ce lieu, de trouuer chez Proni vne femme du pais, habillée à la Françoise, qu'il renoit fuiuant la creance des Madagascarois pour fa femme, mais fuiuant celle des François, pour concubine. Andianramac luy auoit perfuadé ce mariage, pour fe tenir plus affuré de luy & des fiens par cette alliance, cette femme nommée Andianramariuelle, estant fille de deffunt Andianmarual grand feigneur en ces lieux-là, niepce d'Andianramac, belle fœur d'Andianmachicore, & fœur d'Andianbel, tous puiffans, & nos bons amis. Enfin nous partismes de ceste isle de Madagascar pour France au mois de Mars mil fix cent quarante-quatre, y laillant trente fix de nos gens pour y habiter, ayans paffé le cap des Aiguilles, où l'on voit floter fur Nous auons parlé mer plufieurs trombes, ou rofeaux, & na- Aiguilles, celuy de ger grand nombre de chiens marins, nous fut premierement reterrafmes proche le Cap de Bonne- Efpe- par Vafques Gama, cy deffus du Cap des Bonne - Efperance connu, puis doublé à qui y font conti raporté à fon retour Ican 2,& celui cy iu prochaines, & ou feaux, le nomma de l'an 1497. & dou qui l'appella Pou rance dans vne petite ille enuironnée d'vcaufe des tourmetes ne riuiere d'eau douce, appellée Table Baye, nuelles, ce qu'ayant & par les Hollandois Baij Van. Nos Franen Portugal au Roy Cois l'appellent l'ifle à la biche. Tout nauire geant par ce moyen qui entre en ce lieu, de quelque nation qu'il que les Indes eftoiét foit, plante vn baston fur le bord, au defuertes à fes vaif- fus duquel on attache vne bouteille,& dans Bonne-Efperance,en icelle vne lettre du iour qu'il y eft arriué,& blé par le mefme d'où, auec les particularitez du voyage,nous fous le Roy de Por y trouuafes des nouuelles, des vaiffeaux tugal, Emanuel. La de Digart, & du Danois. Nous entrafmes femble celle de celuy dans cette riuiere enuiron quatre lieuës,auec den eft choigné que noftre barque, & nauire, & prenant l'occade 22. litues, comme fion du flux, nous mifmes I'vn & l'autre à ille de Table Baye,qui terre, où eftant, nous rompifmes la barque, de Bonne-Efperan- pour faire du bois à brusler, ce golphe eftant voyage que firent ceint de toutes parts de roches nues & ftedes Orientalles l'an riles. Puis ayant nettoyé nostre vaisseau par Gama l'an fuiuant figure dudit Cap,en des n'en encore du golfe & font derriere le Cap ce, fe voient dans le 1595. dehors auec de grands gratoirs de fer,& coupé auec iceux les pierres qui s'eftoient engendrées du limon de la mer, & endurcies depuis la quille du nauire iufques à la ceinture, qui eft vne groffe piece de bois, che uillée de cheuilles de fer, laquelle en fait le tour, nous le remifmes en flotte fur fes anchres à la troifiefme marée, & pendant quinze iours, nous nous pourueufines d'eau, loups marins, gros comme veaux de quatre mois, de chiens marins, de poiffons, & oy de feaux.. Les mœurs, & veste en fes nauigations feaux. Les Cafres habitans de ce lieu, vin- mens des Cafres sõr drent fur le riuage nous voir pefcher, armez raportez par Pyrard de lances & iauelots,les vns tous nuds, les au- ch, tres portans vne peau de mouton fur vne efpaulle en façon de manteau. Pour les empefcher de nous mal faire & les appriuoifer, nous leur iettafmes des loups marins, que nous auions tuez à coups de leuiers les frapant fur le nez, ils ne peuuent eftre tuez autrement. Ces barbares firent auffi-toft bocaner ce que nous leur auions ietté, & mangerent tout fans rien vuider. Ils font affreux de visage, n'ayant presque point d'vsage de raifon,& moins encore de religion, ils habitent dans des maisonnettes, couuertes de chaume, ayant les murailles de terre. Enfin s'eftant appriuoifez auec nous, ils nous donnerent pour des raffades & coral quantité de poiffons,deux bœufs,deux moutons pelus à la grande queuë, des efcailles de tortuës de terre, iaunes, noires, & blanches, figurées par deffus de lofanges, & petits carreaux: les plus rares eftoient petites comme vn œuf d'oye, les autres comme le poing. Nous cufmes encore d'eux des œufs, & plumes d'autruches, auec des dents d'elephants & de cheuaux marins pour du cui ure, & leton en plaque. Nous moüillasmes l'anchre vingt-cinq iours apres noftre de P Le plan de cette ifle auec fa defcription part de ce lieu, à la rade de l'ifle faincte Heeft au voyage queles lene, ainfi appellée par ce qu'elle fuft preIndes l'an 1595. au mierement defcouuerte le 21. May, qui eft le voyage, de Linfcot iour qui eft dedié à cette faincte. Elle eft fi Hollandois firent és dernier ch.Et dans le ch 94. tuée fous le feiziefme degré vers le Pole Antartique. L'airy eft tres-fain, & la terre tresfertilleen oranges, citrons, cheures, pourceaux, oyfons, poules d'Inde, fel, poiffons. Elle eft arrousée de plufieurs riuieres qui tombent en mer, & nonobftant ces comnoditez, elle est inhabitée, perfonne n'o fant fe l'aproprier, crainte d'en eftre depoffedé par le premier venu. Ainfi, quoy qu'elle ne foit à aucun particulier, elle demeure au milieu de la mer pour receuoir tous les voyageurs du monde, efquels, comme vne mere liberale, elle ouure fes ports, & leur fournit de rafraichiffement & de nourriture. Nous trouuafmes au principal port de cette ifle trois vaiffeaux Hollandois, & vne ramberge Angloife,de laquelle i’'ay parlé cy-desfus: nous defcendifmes en terre,où nous fif mes bonne chere auec ceux qui eftoient venus en cette ifle dans ces vaiffeaux, car outre les chofes que ie viens de nommer,defquelles elle abonde,nous y tuafmes nombre de fangliers,perdris, &ramiers & filmes prouifion de gros pourpier pour le confire dans le vinaigre & le fel, & nous en rafraichir |