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mes quatre-vingt bœufs,qu'il emmena,auce fix barrils de fel de roche, qu'il fit porter par des noirs. Cet achapt fe fit en troc de raffades.

Pendant ce temps Sebastien Droüard,Gilles Regimond fils de Gilles Regimond,Bonuallot, Gelmain, &'autres iufques au nombre de douze,furent aux Antauarres & Amboimenes pour faire couper les bois d'ebene que ie leur auois marqué : leur malheur vou lut que Bonuallot mauuais garnement, ne pouuant fouffrir qu'vn Negre euft defrobé quelque chofe de peu de valeur dans fa hutte, luy coupa les oreilles, & les cloüa furyn tronc d'arbre. Ce Negre ainfi mal traitré, vint de nuict auec vntifon ardent pour mettre le feu en ceste hutte, qui n'eftoit faite ny couuerte que de branches & fueilles de ba lifiers. Bonuallot ayant reconnu le feu, tira vn coup de fuzil, qui caffa la cuiffe au Negre, nonobftant quoy, le bleffé ne laiffa pas de ce trainer iufques à la riuiere voifine qu'il paffa à nage. Il fut trouué le lendemain par nos François fur l'autre bord, qui attacherent aux pieds de ce miferable vne boëtte de perrier chargée de deux liures de pouldre, à laquelle ayant mis le feu, il mourut incontinent.Les affaffins ietterent le corps dans la riuiere, Andianpalola feigneur de la prouince

tuer,

ayant fçeu ce meurtre,arma fes gens, & quelques jours apres rencontrant ces meurtriers dans la prouince des Antauarres, les fit tous fors vn ieune homme de Calers aagé de dix-huit ans qui efchapa, nonobstant qu'il cuft efté perfé de cinq coups de zagaïe, fe retirant en fa hutte, où eftant, il fe faifit de fon fuzil, & chaffa ceux qui le poursui uoient, qui creurent qu'il mourroit des coups qu'il auoit receu. Ces barbares ou urirent le ventreà Bonuallotapres qu'ils l'eu÷ rent tué, luy arracherent le cœur, luy couperent la nature qu'ils luy mirent dans la bouche; puis letterent le corps dans la ri uiere, les autres furent tuez à coups delances & de dardilles.

Regimond pere ayant fçeu cette trifte nouuelle eut deffein de fe vanger des bare bares, mais fongeant, que s'il l'entreprenor il luy en pourroit mal bafter, & qu'en tout ca's, ils affaffineroient tous ceux quieftoient en l'habitation des Matatanes. Par effect ces meurtriers en auoient le dessein, lequel cuft efté executé fi le ieune homme efchappé de leurs mains ne fe fut retiré vers Sebastien Droüard, qui eftoit demeuré dans le maga zin d'ebene, qui eftoit fur la riuiere proche l'habitation que nous auions és Matatanes, à cause qu'il eftoit bleffé en vn pied.Droüard

en aduertit diligemment vn de nos commis qui eftoit au village d'Andianpalòla, nom→ mé Herault,lequel le vint trouuer auffi-toft, y laiffant toute la poudre, armes & marchandife que nous auions en celieu. En ce temps noftre barque qui auoit porté de l'ebene à Saincte Luce, retourna bien heureusement pour le sieune homme, Drouard & Herault, qui fe mirent dedans, & s'en allerent auec ceux qui eftoient dans la barque, au port faincte Luce. Il fachaà Andianpalola d'es ftre foupçonné participer à ce crine, il enuoya fix des fiens à Andianramac pour s'en excufer auquel ceux-cy firent prefent de deux menilles, ou bracelets d'or, quatre d'argent, vn gros collier à cinq rangs,entremeflé de canons d'or, grains d'or ronds & creus, de coral fin, de cornalines longues, & de raffades rouges, le tout enfilé dans du cotton. Ils y adioutèrent des cannes de fucre, du ris en paille, des feues, phafioles, & pois, auec deux habits, I'vn pour Andiana ramac, l'autre pour la femme, ils appellent cos habits Lambes, deux Quilambos, ou ceintures, vn Sarrauoi, ou braye, le tout tissu de corton & de foye. Parmy ces fix deputez eftoit yn orfeure du pays, qui fut quelque· remps à faire fon meftier en cette prouince des Madegaffes. Il auoit des creufets de ter

rebrune, de laquelle ils font leurs vaiffelles, dans lefquels il mettoit de l'or du pays, qui eftoit tres fin, qu'il fondoit fans aucun ingredicht, fouffant par la Bouche dans vne canne, contre les charbons allumez qui eftoient fous lefdits creufets, il en faifoit autant de l'argent. Il grauoit fur des pierres tendres, comme nos argentiers fur les os de feiches, tout ce qu'il vouloit, puis iettoit def fus ce qu'il auoit fondu, qui prenoit telle figure & proportion qu'il luy auoit pleu grauer y à quoy ibadiuftoit d'autres piecest pour acheuer ce qu'il auoit deffeigné, fe feruant au lieu de borax pour la foudure de pes tits pois du pays, trempez dans du ius de li mon, dans lequel il mettoit le bout d'vne plume d'aile de poule, puis en frotoit les pieces qu'il vouloit joindre ensembley & auec des pincettes les mettoit dans de feu! couuert de charbon's, qu'il allumoit de fon fouffe paffant par la canne & auffi-toft la foudure eftoit prife. Tous ceux de cette prouince admirans ce feerer, luy porterent lor & l'argent qu'ils auoient pour le mettre en ceuure, il pefoit dans des balances ce que chacun luy confioit, & le rendoit de mefme poids. On nomme en ce pays vne ba? lance Langaye, & les poids Milanaye? WE I 21 Mais tous ces presens, & cette nouucau

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té d'orfeuerie ne resiouït point Andianramac, qui regrettoit ceux qui auoient esté cruellement meurtris aux Antauarres, notamment Gilles Regimont fils, & vn pein tre, qui luy auoit naguieres promis de letirer au naturel. Il fut luy mefme confoler le pere, & m'enuoya dire, que ie le vinffe trouuer, Ecauffi-toft Regimond m'efcriuit, que ie trouffafle bagage, qu'il auoit deffein de mettre les voiles au vent dans peu de iours & m'emmener auec luy.. Ce me fut vne du re feparation, puifqu'il me failloit laifferma maifon, mon jardin, & vne partie de mes meubles, & ce qui plus me fachoit, quitter Andianmachicore,qui m'aimoit infiniment; ma consolation fut, que ie luy laiffois ce que ie ne pouuois emporter. Il me vint conduire iufques à Fanzaire, où ie pris congé de luyì pour aller trouuer Andianramac qui cftoit chez Regimond, dans nostre habita→ tion de faint Pierre. 2

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Apres plufieurs plaintes, pleurs & regrets, nous nous preparafmes à nous feparer; nous mifmes dans le fond du vaiffeau pour le les fter la pefanteur de deux cent tonneaux de bois d'ebene, de fix à fept pieds de long, que nous faifions conduire dans des canoes du pays, nommées Laaques, iufques à fon Bord, tant de lebene delaprouince où nous.

estions,

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