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lui

que la nation anglaise jugea peu honorable pour son roi, procura, du côté de l'Allemagne, une foule de petits alliés, qui pouvaient du moins lui fournir des hommes pour de l'argent.

On vit donc, dans le cours de cette guerre, d'un côté Philippe de Valois ayant le pape dans ses intérêts et dans ses Etats, et comptant parmi ses alliés et ses protégés, en Ecosse, David de Brus; en Flandre, le comte Louis; en Artois, la postérité de Mahaud; en Bretagne, le comte de Blois et sa femme d'un autre côté, le roi Edouard III, protégé par l'empereur et servi par l'empire, protégeant et opprimant à la fois Edouard de Bailleul, secondant le factieux Artevelle, le faussaire Robert d'Artois, le rebelle Montfort, qui tous le reconnaissaient pour roi de France.

CHAPITRE XI.

Edouard prend le titre de roi de France et commence la guerre.

De l'aveu des historiens anglais, parmi tous ces alliés qui donnaient à Edouard le titre de roi de France, il n'y en avait pas un qui regardât seulement comme plausible sa prétention à cette couronne; ses sujets pensaient de la même manière; cependant ils s'épuisaient en subsides pour une expédition, qui, si elle eût réussi, eût réduit l'Angleterre à n'être qu'une province de France : ils prirent à cet égard des précautions que la conquête eût vraisemblablement rendues insuffisantes; ils déclarèrent, par un statut formel, que l'Angleterre ne dépendrait jamais de la France: mais la difficulté de la conquète les rassurait plus sur leur liberté qu'un pareil statut. Edouard le confirma par des lettres de l'an 1344, où il déclare aussi

très-expressément que son royaume d'Angleterre sera toujours indépendant de son royaume de France. Ces choses-là ne sont pas au pouvoir des rois (1).

Edouard, ayant fait ses arrangements politiques et ses armements, prit avec appareil ce titre de roi de France, porta les armes de France écartelées de celles d'Angleterre, prit, au lieu du sceau de duc d'Aquitaine, le grand sceau de roi de France, avec ces mots : Dieu et mon droit.

Ce rebelle (car ce titre était aussi pour les rois, quand ils s'armaient contre leur suzerain) révoqua tous les actes où il avait donné à Philippe le titre de roi de France, et désavoua l'hommage qu'il lui avait rendu, comme ayant été arraché à la faiblesse de son âge, par la crainte de perdre le Ponthieu et la Guienne, seules provinces qui restassent en France aux Anglais. La félonie d'Edouard ne pouvait être plus caractérisée. Philippe confisqua ces provinces, et jura que les Anglais ne posséderaient plus un pouce de terre en France.

Edouard attaqua d'abord les Français du côté de la Flandre. Pour mettre de plus en plus l'empire, dans ses intérêts, et pour défendre le comte de Hainaut, son beau-frère, qui avait pris son parti, il voulut assiéger Cambrai, dont l'évêque avait reçu garnison française; cette entreprise fut bientôt abandonnée : Edouard, sachant que Philippe était campé près de Péronne, jugea plus convenable d'aller à sa rencontre. Les deux armées furent en présence pendant une semaine entière près de Vironfosse; les deux rois se défièrent, se donnèrent jour pour combattre, s'avancèrent en ordre de bataille, s'observèrent, et s'éloignèrent. Telle fut la première campagne

(1) Gaillard,

d'Edouard contre la France; elle ressemblait assez à la première qu'il avait faite contre l'Ecosse. S'il brûla quelques villages dans le Cambrésis et dans le Vermandois, des armateurs normands prirent l'ile de Jersey, et, passant en Angleterre, brûlèrent Plimouth et Southampton: les Anglais s'en vengèrent en réduisant Tréport en cendres; mais, dans le même temps, ils perdaient tous leurs avantages en Ecosse, Bailleul était renversé du trône, de Brus triomphait, l'Angleterre même était insultée par les Ecossais.

Edouard passait sans cesse d'Angleterre en Flandre et de Flandre en Angleterre; Philippe résolut de le faire enlever sur mer à l'ouverture de la seconde campagne : les Français l'attendirent près de l'Ecluse avec une flotte de quatre cents vaisseaux, armés par les Normands et les Picards, ou fournis. par les Gépois; Edouard, avec deux cents soixante vaisseaux, vint à l'abordage, et remporta une victoire signalée. Robert d'Artois était avec lui. Les Français perdirent deux amiraux, vingt mille hommes, et presque toute leur flotte; les Anglais perdirent quatre mille hommes; Edouard fut blessé légèrement à la cuisse. «Il semblait, dit le P. d'Orléans, qu'il n'eût fait toute sa vie autre chose que de commander sur mer; il gagna l'avantage du vent avec une capacité que les plus expérimentés admirèrent. » Mais la véritable cause de sa victoire fut que les Anglais avaient une marine nationale commandée par leur roi, au lieu que les vaisseaux étrangers, dont la flotte française était principalement composée, n'obéissaient qu'avec répugnance à trois amiraux qui ne s'accordaient pas. Ces trois amiraux étaient Barbevere, Kyriel, Kervel ou Quiéret, et Béhuchet. Barbevere commandait les Génois, qui étaient les meilleurs marins de la flotte, et peut-être alors les

seuls bons; Kyriel et Béhuchet commandaient les Normands et les Picards, qui montraient du moins beaucoup de zèle, Kyriel fut tué dans le combat: Béhuchet, ayant été pris, fut pendu au mât de son vaisseau. Le cardinal d'Ossat s'étonne que « nos anciens rois n'aient tenu aucun compte de la marine, quoiqu'ils eussent un si beau et si grand royaume, flanqué de deux mers quasi tout de son long. » C'est qu'ils n'avaient pas tout ce royaume, et que la plupart des grandes provinces maritimes étaient entre les mains des grands vas

saux.

Les courtisans de Philippe voulurent lui cacher sa défaite : il n'y avait dès-lors que les fous qui osassent dire la vérité aux rois; celui de Philippe lui apprit l'échec de l'Ecluse par une plaisanterie. « Ces lâches Anglais ! répétait-il souvent d'un ton de colère. Qu'ont-ils donc fait? dit le roi. Ce qu'ils ont fait? hélas! rien les lâches sont restés tranquilles dans leurs vaisseaux, sans oser le moins du monde sauter dans la mer, comme nos braves Français et Normands leur en ont si bien donné l'exemple. »

:

Edouard, pour profiter de ses avantages, alla investir Tournay, tandis que Robert d'Artois assiégeait, dans SaintOmer, le duc de Bourgogne son rival: ni l'un ni l'autre ne réussit; les Flamands, que commandait Robert d'Artois, le secondant mal, il fut obligé de lever le siége après avoir perdu un combat sous les murs de la ville.

Philippe de Valois marcha en personne pour secourir Tournay; Edouard lui envoya un cartel, moins pour le défier peutêtre que pour le braver, en affectant de lui refuser le titre de roi de France, et de le prendre pour lui-même. Edouard date ce cartel de la première année de son règne; mais, dit un

auteur judicieux, s'il était roi de France, il l'était depuis la mort de Charles-le-Bel, c'est-à-dire depuis douze ans. Philippe répondit en substance: « Je sais des moyens plus convenables de châtier l'insolence d'un vassal rebelle; » et il continua sa route vers Tournay. Edouard, unique auteur des troubles de l'Europe, avait raison sans doute de vouloir n'exposer que lui. S'il eût succombé dans un duel, ses fils, encore enfants, n'eussent peut-être pas perpétué cette injuste querelle; mais, s'il eût vaincu, qu'aurait-il gagné? La nation française combattait pour ses lois : aurait-elle cédé le trône à l'étranger, quand Philippe de Valois avait des fils? l'eût-elle cédé même quand il n'en aurait pas eu? et n'aurait-elle pas prétendu que le dernier des Français avait des droits avant Édouard?

Celui qui porta la réponse de Philippe de Valois à Edouard était chargé de lui dire « qu'à son cartel il n'aventuroit rien du sien, et exposoit seulement la seigneurie d'autruy, ce qui n'estoit raisonnable; que s'il vouloit mettre contre le royaume de France celui d'Angleterre, encore qu'il fust notoirement beaucoup moindre, le dit roy Philippe se combattroit à luy, seul à seul, en champ clos, à condition que le vainqueur demeureroit paisible possesseur des deux royaumes. >>

Selon Froissard, le défi d'Edouard III était accompagné d'un défi de Robert d'Artois. M. Lancelot n'en croit rien, et en effet Robert d'Artois n'était point avec Edouard au moment du défi. Le jour où le cartel fut envoyé fut celui de la défaite de Robert d'Artois devant Saint-Omer.

Au défaut du duel, les deux rois rivaux allaient se mesurer à la tête de toutes leurs forces nationales et auxiliaires, tous deux brûlaient d'en venir aux mains, leurs armées parta

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