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d'Angleterre, il mourut, mais Louis ne resta pas sans ennemis.

CHAPITRE VIII.

Des alliances de la France et de l'Angleterre, en Ecosse et sur le continent.

Dans les guerres précédentes entre les Français et les Anglais, nous avons vu la France s'allier avec l'Ecosse, parce que la France et l'Ecosse avaient les Anglais pour ennemis; la Flandre, par une raison semblable ou par des raisons de commerce, s'alliait avec les Anglais, qui la défendaient contre la France, et qui fournissaient leurs laines aux manufactures flamandes.

Dans la grande guerre pour la succession à la couronne de France, les alliances furent déterminées par une cause particulière. Une fureur épidémique de rivalité se répandit dans plusieurs Etats. Si deux rois se disputaient la France, deux rois aussi se disputaient l'Ecosse, deux ducs la Bretagne; dans la Flandre, le brasseur Artevelle était devenu redoutable et funeste au comte, son souverain; Robert d'Artois disputait encore le comté d'Artois à la postérité de Mahaud, sa tante. Ainsi Edouard et Philippe trouvèrent des alliés dans chacun de ces Etats: la querelle des deux grands rois se nourrit des divisions particulières des petits princes; elle devint ou l'affaire ou le spectacle de l'Europe.

L'Ecosse était de toutes les puissances de l'Europe la plus intéressée aux affaires de l'Angleterre. Nous avons vu Robert de Brus, compétiteur heureux de Bailleul, affranchir son pays de la tyrannie d'Edouard Ier, et s'affermir par des succès solides pendant le règne du faible Edouard II. Sous la minorité

d'Edouard III, il voulut rendre à l'Angleterre une partie des maux qu'Edouard Ier avait fait souffrir à l'Ecosse. Lorsque les Anglais se plaignirent de l'infraction de la trève, de Brus répondit naïvement qu'il ne pouvait laisser échapper une si belle occasion de nuire à son ennemi.

Edouard, impatient de signaler cette inclination guerrière qui fut si funeste à son siècle, marche contre les Ecossais; il les cherche en vain sur ses frontières, sur les leurs, au milieu de ses Etats; ils étaient partout, et on ne les trouvait nulle part.

De Brus les avait exercés dès longtemps à un genre de guerre favorable à la nature de leur pays coupé de bois et de montagnes il les divisait en pelotons, qui, se dispersant de tous côtés, portaient à la fois leurs ravages dans les endroits les plus éloignés les uns des autres, et laissaient l'ennemi, toujours incertain du lieu où il devait porter ses efforts. Quand ils voulaient entreprendre quelque expédition plus importante, ils se rassemblaient d'après un signal convenu, paraissaient tout à coup en force où ils n'étaient point attendus, et se divisaient de nouveau en pelotons presque imperceptibles, avant que l'ennemi eût pu les joindre. Leur frugalité diminuait beaucoup pour eux l'embarras des vivres : montés sur de petits chevaux, qui trouvaient partout leur subsistance, et qui les transportaient rapidement d'un lieu dans un autre ; « tout leur bagage, dit M. Hume, d'après Froissard, consistait en un sac de farine d'avoine, que chaque soldat portait derrière lui comme une ressource en cas de besoin, avec un léger plat de fer, sur lequel il faisait cuire en plein champ un gâteau de cette farine. Mais sa principale nourriture était les bestiaux qu'il pouvait enlever. Sa cuisine était aussi prompte

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que ses autres opérations. Après avoir écorché l'animal, il en arrangeait la peau en forme de sac sur des pieux, versait de l'eau dedans, allumait du feu dessous, et s'en servait ainsi, comme d'un chaudron, pour faire bouillir ses viandes. »

Edouard, au contraire, traversant dans un grand appareil des lieux nouvellement traversés par les Écossais, avait peine à subsister dans son propre pays; à tout moment il perdait leurs traces, il fut obligé de faire des proclamations et de promettre cent livres de pension à qui pourrait en donner des nouvelles, pendant qu'ils ravageaient ses provinces. Il les atteignit enfin sur les bords de la Were: à son approche, les Ecossais rassemblèrent leurs pelotons épars, comme s'ils eussent voulu lui livrer bataille; la rivière, enflée par les pluies et les torrents, séparait les deux armées; on ne pouvait s'exposer à la passer en présence de l'ennemi. Edouard, qui ne songeait qu'à combattre, offrit aux Ecossais de les laisser passer, s'ils voulaient venir lui livrer bataille de son côté, ou de les laisser attaquer du leur, s'ils voulaient ne pas troubler son passage. Les Ecossais répondirent sensément qu'Edouard pouvait prendre le parti qui lui conviendrait; que, pour eux, ils ne faisaient rien par le conseil ni par la permission de leur ennemi. On s'observa pendant quelques jours; Douglas, général de l'armée écossaise, ennuyé de cette inaction, se détache pendant la nuit avec deux cents chevaux, passe la rivière à quelque distance des deux camps, entre dans celui des Anglais, pénètre jusqu'à la tente du roi. Le chapelain et le chambellan d'Edouard donnent l'alarme, et sacrifient leur vie pour sauver leur maître : on enveloppe Douglas; il se fait jour, et rejoint son armée, qui, après divers mouvements propres à faire espérer une bataille à l'impatient Edouard, rentra en

Ecosse avec son butin. Edouard eut la curiosité de voir le camp qu'elle avait occupé; il y trouva les chaudières de cuir attachées à des pieux, et d'autres monuments de la pauvreté frugale de ces peuples; il en fut frappé d'admiration, et se convainquit qu'avec de la frugalité, on est capable de tout à la guerre. Pour lui, mal obéi dans son armée, où les troupes étrangères étaient sans cesse aux mains avec les troupes nationales, joué au-dehors par un ennemi toujours invisible oû inaccessible, cette première leçon lui fut amère, mais elle lui fut utile.

Les Ecossais avaient vaincu Edouard sans combat, aussi ce fut en vaincu qu'il traita d'abord avec eux on fit la paix, mais à des conditions qui détruisirent l'ouvrage d'Edouard Ier. Ce conquérant avait asservi l'Ecosse; elle fut affranchie, de l'aveu du roi d'Angleterre, qui accusa d'usurpation son aïeul. L'original de l'hommage que Jean de Bailleul avait rendu à Edouard Ier, fut remis à Robert de Brus; on redonna aux deux royaumes les limites qu'ils avaient eues du temps du roi d'Ecosse Alexandre III, c'est-à-dire avant qu'Edouard Ier eût entrepris d'asservir l'Ecosse.

David, fils de Robert de Brus, épousa Jeanne, sœur d'Edouard III, et succéda bientôt à Robert. Ceux qui gouvernaient l'enfance de David de Brus ne lui apprirent pas assez à respecter les traités; les barons anglais, malgré les conventions, n'étaient point rétablis dans leurs possessions d'Ecosse, ils voulurent se venger, Edouard les seconda. Jean de Bailleul avait laissé un fils, nommé aussi Edouard, qui vivait en simple particulier dans des terres que son père lui avait laissées en Normandie, on le tira de sa solitude; des auteurs disent même qu'on le tira de prison, et qu'il y était, soit pour dettes, soit

pour quelque faute. On le met à la tête d'un parti: aidé des sécours de l'Angleterre et de l'imprudence des Ecossais, il gagne des batailles, il est couronné à Scône, il rend hommage-lige à Edouard III. David de Brus va chercher un asile en France, avec sa femme, sœur du roi d'Angleterre cependant ceux des Ecossais qui lui étaient restés fidèles, et qu'on appelait déjà d'un nom de parti (les Brussiens), parce qu'ils étaient les plus faibles, surprirent Bailleul dans un lieu où il prétendait tenir un parlement, tuèrent Jean de Bailleul, son frère, qui l'avait suivi en Écosse; le nouveau roi lui-même eut à peine le temps de se sauver sur un cheval sans selle et sans bride: les Ecossais, en le poursuivant, entrèrent sur les terres anglaises et les ravagèrent.

Jusque-là Edouard III avait laissé agir en Ecosse ses barons mécontents, et ne s'était pas déclaré contre David, son beaufrère. Bailleul demandait à épouser la sœur d'Edouard, si elle y consentait et si son mariage avec David pouvait être cassé. Edouard rougissait de la paix qu'on lui avait fait conclure avec l'Ecosse; il rougissait d'avoir désavoué son aïeul, Edouard Ier, qu'il brûlait d'imiter; il suffisait d'ailleurs, pour que cette paix lui fût odieuse, qu'elle eût été l'ouvrage de Mortemer il avait détruit ce ministre, il était maître, il était jeune, il avait à effacer l'affront de ses premières armes, bien plus qu'à soutenir ses droits; il assemble un parlement, et le charge de prendre en considération sa prétendue suzeraineté sur l'Ecosse, et les raisons de renouveler la guerre. Le parlement, pour toute réponse, exhorte Edouard à garder sa frontière, et à n'écouter què de sages conseillers. Edouard ne prit conseil que de lui-même, il entre en Ecosse, assiége Berwick, qu'il prit et qu'il annexa pour toujours à la couronne d'An

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