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« Je sus inspirer tant d'intérêt au gouverneur des jeunes princes, que je fus présenté à l'empereur, comme un homme d'une science peu commune. L'empereur me fit plusieurs questions sur mon pays et mes voyages, et quoique sa conversation ne me laisse pas aujourd'hui le souvenir d'un seul trait au-dessus de la portée la plus ordinaire, je le quittai sous le charme, aussi émerveillé de sa sagesse que ravi de sa bonté.

<< Ma faveur était alors si haute, que les marchands avec qui j'avais voyagé vinrent me demander des recommandations auprès des dames de la cour. Je fus surpris de leur confiance, et leur reprochai avec douceur leurs mauvais procédés durant la route. Ils m'écoutèrent avec une froide indifférence, sans montrer ni confusion ni regret.

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Après quoi ils insistèrent en me faisant des offres d'argent. Mais comme j'avais été sourd à leurs prières, je le fus à leur séduction, et je les repoussai, non pour le tort qu'ils m'avaient fait, mais pour celui qu'ils pourraient faire à d'autres, les sachant capables d'employer mon crédit pour

couvrir leurs fraudes.

« Je restai dans la ville d'Agra tant que j'y trouvai matière à instruction; puis je partis pour la Perse, où je vis les restes nombreux d'une antique splen

ficence, and observed many new accommodations of life. The Persians are a nation eminently social, and their assemblies afforded me daily opportunities of remarking characters and manners, and of tracing human nature through all its variations.

« From Persia I passed into Arabia; where I saw a nation at once pastoral and warlike; who live without any settled habitation; whose only wealth is their flocks and herds, and who have yet carried on, through all ages, an hereditary war with all mankind, though they neither covet nor envy their possessions. »

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<< WHEREVER I went, I found that poetry was considered as the highest learning, and regarded with a veneration somewhat approaching to that which man would pay to the angelic nature. And yet it fills me with wonder, that, in almost all countries, the most ancient poets are considered as the best; whether it be

deur, et où je remarquai une civilisation avancée. Les Persans sont éminemment sociables. Leurs réunions me fournissaient chaque jour des observations de mœurs et de caractère, et j'y suivais le cœur humain dans toutes ses variations.

« De Perse je passai en Arabie, où je vis un peuple pasteur et guerrier, qui n'a qu'une existence nomade, dont les troupeaux font la seule richesse, et qui, sans ambition comme sans envie, a héréditairement dans tous les âges entretenu la guerre contre le reste du monde.

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<< PARTOUT j'ai vu la poésie honorée comme le plus noble des arts, et j'ai vu partout les hommes lui accorder quelque chose de la vénération qu'ils ont pour les anges. Mais je ne puis comprendre que, dans tous les pays, on regarde les plus anciens poètes comme les meilleurs. Serait-ce que les autres arts exigent une longue suite d'efforts et de travaux, et

that every other kind of knowledge is an acquisition gradually attained, and poetry is a gift conferred at once; or that the first poetry of every nation surprised them as a novelty, and retained the credit by consent, which it received by accident at first or whether, as the province of poetry is to describe nature and passion, which are always the same, the first writers took possession of the most striking objects for description, and the most probable occurrences for fiction, and left nothing to those that followed them but transcription of the same events, and new combinations of the same images. Whatever be the reason, it is commonly observed that the early writers are in possession of nature, and their followers of art; that the first excel in strength and invention, and the latter in elegance and refinement.

« I was desirous to add my name to this illustrious fraternity. I read all the poets of Persia and Arabia, and was able to repeat by memory the volumes that are suspended in the mosque of Mecca. But I soon found that no man was ever great by imitation. My desire of excellence impelled me to transfer my attention to nature and to life. Nature was to be my subject, and men to be my auditors: I could never describe what I had not seen; I could not hope to move

que la poésie est un pur don du ciel? ou bien, aux accens des premiers poètes, les nations se seraientelles laissé surprendre par le charme de la nouveauté, et ceux-ci devraient-ils au seul hasard une faveur confirmée depuis par un consentement unanime? La mission du poète étant de peindre la nature et les passions qui ne changent point, le pinceau ou l'imagination des premiers écrivains se seraient-ils emparé d'abord des descriptions les plus frappantes, des conceptions les plus heureuses, et n'auraient-ils rien laissé à leurs successeurs que la reproduction des mêmes sujets et quelques nouvelles combinaisons des mêmes images? Quoi qu'il en puisse être, il semble que la nature ait plus de part dans les productions des anciens poètes, et l'art dans celles de leurs successeurs. Aux premiers appartient la puissance qui crée, aux autres le goût qui polit.

Je brûlais de me ranger sous la noble bannière des poètes. Je lus les auteurs persans et arabes, et sus par cœur tous les volumes suspendus dans la mosquée de la Mecque. Mais je sentis bientôt que jamais on ne fut grand par l'imitation, et ma passion pour la gloire m'entraîna vers l'étude de la nature et de l'homme. La nature était mon sujet, le genre humain mon auditoire. Comment peindre ce que je n'avais pas vu? Je ne pouvais causer des émotions de plaisir ni de terreur chez

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