Изображения страниц
PDF
EPUB

personne n'y pense, agit avec franchise et candeur; mais son père, qu'on a souvent trompé, est tou jours porté à la défiance, et quelquefois même à la fraude. La témérité du jeune âge fait le supplice des vieillards, dont les timides scrupules sont un objet de dédain pour la jeunesse. Aussi, à mesure qu'on avance dans la vie, l'affection diminue de plus en plus chez la plupart des enfans et des pères; et si ceux que la nature a si étroitement unis né sont les uns pour les autres que des objets de tourment, où chercher dans ce monde de la tendresse et des consolations?

Il faut, dit le prince, que vous ayez mal choisi vos sociétés. Je me refuse à croire qu'une invincible nécessité doive inévitablement à la longue altérer ainsi la douceur du plus tendre des liens.

Les divisions domestiques, répondit-elle, ne sont pas la condition fatale et nécessaire de la destinée sociale; mais il n'est pas facile de les éviter. Tous les membres d'une famille ne sont pas également vertueux; les bons s'entendent mal avec les méchans, et les méchans plus mal encore avec ceux qui leur ressemblent. Les hommes vertueux euxmêmes cessent quelquefois d'être d'accord: il suffit que leurs vertus soient de différente nature et portées à l'exagération. En général, les parens les plus respectables sont aussi ceux qui obtiennent le plus

Many other evils infest private life. Some are the slaves of servants whom they have trusted with their affairs. Some are kept in continual anxiety by the caprice of rich relations, whom they cannot please, and dare not offend. Some husbands are imperious, and some wives perverse and as it is always more easy to do evil than good, though the wisdom or virtue of one can very rarely make many happy, the folly or vice of one may often make many miserable.

:

-If such be the general effect of marriage, said the prince, I shall, for the future, think it dangerous to connect my interest with that of another, lest I should be unhappy by my part

ner's fault.

- I have met, said the princess, with many who live single for that reason; but I never found that their prudence ought to raise envy. They dream away their time without friendship, without fondness, and are driven to rid themselves of the day, for which they have no use, by childish amusements or vicious delights. They act as being under the constant sense of some known inferiority, that fills their minds with rancour, and their tongues with censure. They are peevish at home, and malevolent abroad;

de respect de leurs enfans; car le mépris ne peut s'attacher à une conduite honorable.

«

Beaucoup d'autres peines encore affligent les existences privées. Les uns sont esclaves des domestiques à qui ils ont confié leurs affaires; les autres, en butte aux caprices de riches parens, éprouvent le tourment continuel de ne pouvoir pas leur plaire, et de n'oser pas les offenser. Il y a des maris impérieux, des épouses coupables; et comme il est toujours plus aisé de faire le mal que le bien, la perversité d'un seul homme fait plus d'infortunés que sa sagesse ou sa vertu ne peut faire d'heureux.

[ocr errors]

+

-S'il en est généralement ainsi du mariage, dit le prince, je regarderai dorénavant comme une chance périlleuse l'union de ma destinée à celle d'un autre je ne veux pas devenir malheureux par la faute de ma compagne.

J'ai rencontré, dit la princesse, beaucoup de gens qui restent célibataires par cette raison; mais je n'ai jamais trouvé que tant de prudence dût leur être enviée. Leur existence est un songe que n'embellit ni l'amitié ni la tendresse; ils sont réduits à tromper par des amusemens puérils, ou par des plaisirs blâmables, la longueur de leurs jours inoccupés. On voit percer dans toutes leurs actions le sentiment d'une évidente infériorité qui remplit leur esprit d'aigreur et leurs paroles d'amertume; ils sont moroses chez eux, médisans dans le monde;

and, as the outlaws of human nature, make it their business and their pleasure to disturb that society which debars them from its privileges. To live without feeling or exciting sympathy, to be fortunate without adding to the felicity of others, or afflicted without tasting the balm of pity, is a state more gloomy than solitude; it is not retreat, but exclusion from mankind. Marriage has many pains, but celibacy has no plea

sures.

What then is to be done? said Rasselas; the more we inquire the less we can resolve. Surely he is most likely to please himself that has no other inclination to regard. »

CHAPTER XXVII.

DISQUISITION UPON GREATNESS.

THE Conversation had a short pause. The prince, having considered his sister's observations, told her, that she had surveyed life with prejudice, and supposed misery where she did not find it. «< Your narrative, said he, throws yet a darker gloom upon the prospects of futur

et, placés en dehors de la loi commune, leur seule affaire, leur seule joie, est de troubler la société qui les a déshérités de ses priviléges. Vivre sans exciter quelque affection et sans en éprouver soimême; être heureux sans rien ajouter au bonheur des autres, ou souffrir sans pouvoir goûter le baume de la pitié, c'est un état plus triste mille fois que solitude; ce n'est pas la vie d'un ermite, c'est celle d'un exilé. Si le mariage a beaucoup de peines, le célibat n'a aucun plaisir.

la

Que faut-il donc faire? dit Rasselas; plus nous cherchons, moins nous approchons du but. Assurément, l'homme qui a le plus de chances pour se plaire en ce monde, est celui qui n'a jamais à consulter d'autre inclination que la sienne. >>

CHAPITRE XXVII.

DISSERTATION SUR LA GRANDEur.

IL se fit un moment de silence. Après avoir réfléchi sur les observations de sa sœur, Rasselas soutint qu'elle avait vu les choses d'un œil prévenu, et qu'elle supposait beaucoup de malheurs qui n'existaient pas. « pas. « Votre récit, ajouta-t-il, répand de trop sombres couleurs sur notre avenir. Les prédic

« ПредыдущаяПродолжить »