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franche. L'envie est d'ordinaire un sentiment qu'on se renvoie de l'un à l'autre. Nous sommes long-temps à nous convaincre que le bonheur ne se trouve nulle part. Chacun croit que les autres le possèdent, afin de conserver l'espérance de l'obtenir un jour. Dans le cercle où vous avez hier passé la soirée, on voyait un enjouement et une fraîcheur d'imagination qui sembleraient appartenir à des êtres supérieurs habitant les régions où ne pénètrent jamais les soucis ni les peines; et cependant croyez-moi, prince, il n'y avait pas là une seule personne qui ne redoutât le moment où la solitude la livrerait à la tyrannie de ses réflexions.

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- Il se peut, dit le prince, que cela soit vrai les autres, puisque cela est vrai pour moi. Cependant, quelle que soit l'infortune à laquelle l'homme est condamné, il y a des états plus heureux que d'autres, et sans doute la sagesse connaît le moins mauvais choix.

- Le bien et le mal, répondit Imlac, naissent de causes si diverses, si incertaines; de combinaisons souvent si compliquées, de rapports tellement insaisissables, et sont subordonnés à tant d'événemens, que quiconque voudrait appuyer une préférence sur des raisons positives pourrait vivre et mourir au milieu de ses recherches et de ses délibérations.

- But, surely, said Rasselas, the wise men to whom we listen with reverence and wonder, chose that mode of life for themselves which they thought most likely to make them happy.

-Very few, said the poet, live by choice. Every man is placed in his present condition by causes which acted without his foresight, and with which he did not always willingly co-operate; and therefore you will rarely meet one who does not think the lot of his neighbour better than his own.

- I am pleased to think, said the prince, that my birth has given me at least one advantage over others, by enabling me to determine for myself. I have here the world before me; I will review it at leisure: surely happiness is somewhere to be found. »

Mais sûrement, dit Rasselas, ces sages, dont les paroles nous inspirent une respectueuse admiration, ont choisi pour eux-mêmes le genre de vie qu'ils croyaient le plus propre à les rendre heu

reux.

Notre manière de vivre, dit le poète, dépend rarement de notre choix. On se trouve placé dans telle ou telle condition, par des causes insensibles et puissantes qui nous entraînent involontairement; aussi est-il difficile de rencontrer un seul homme qui ne croie le sort de son voisin préférable au sien.

Je me plais à penser, dit le prince, que ma naissance me donne du moins un avantage sur les autres, le pouvoir de choisir. Le monde est devant moi, je l'examinerai à loisir ; à coup sûr le bonheur se trouve quelque part. >>

CHAPTER XVII.

THE PRINCE ASSOCIATES WITH YOUNG MEN OF SPIRIT

AND GAIETY.

RASSELAS rose next day, and resolved to begin his experiments upon life. « Youth, cried he, is the time of gladness; I will join myself to the young men, whose only business is to gratify their desires, and whose time is all spent in a succession of enjoyments. >>

To such societies he was readily admitted; but a few days brought him back weary and disgusted. Their mirth was without images; their laughter without motive; their pleasures were gross and sensual, in which the mind had no part; their conduct was at once wild and mean; they laughed at order and at law, but the frown of power dejected, and the eye of wisdom abashed them.

The prince soon concluded, that he should never be happy in a course of life of which he was ashamed. He thought it unsuitable to a reasonable being to act without a plan, and to be sad or cheerful only by chance. « Happiness,

CHAPITRE XVII.

LE PRINCE S'ASSOCIE AVEC DES JEUNES GENS ADONNÉS AU PLAISIR.

RASSELAS se leva le jour suivant résolu de commencer ses expériences sur la vie. « La jeunesse, dit-il, est l'âge de la joie : je rechercherai les jeunes gens, qui n'ont d'autre occupation que de contenter leurs désirs, et dont la vie est une suite non interrompue de jouissances. >>

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Les sociétés de ce genre lui furent bientôt ouvertes. Mais en peu de jours il y trouva lassitude et dégoût. Leur enjouement était sans imagination, leur gaîté sans motif, leurs plaisirs grossiers et sensuels; l'esprit n'y avait aucune part; leur conduite était un mélange d'audace et de bassesse. Entre eux, ils se moquaient de l'ordre et des lois; mais il suffisait, pour les réduire, de la présence de l'autorité; pour les humilier, d'un regard de la sagesse.

Le prince sentit qu'il ne pourrait rencontrer le bonheur dans un genre de vie dont il rougissait. Il trouvait indigne d'un être raisonnable d'agir sans plan et d'attendre du hasard sa tristesse ou sa joie. « Le bonheur, disait-il, doit être quelque chose de

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