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AVERTISSEMENT

DU LIBRAIRE

I Left étonnant que malgré les
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grès qu'a fait l'Anglois en en France, perfonne n'ait tenté de traduire Hudibras en notre Langue. L'eftime où ce Poëme fe foutient depuis près d'un Siecle parmi une Nation éclairée étoit un sûr garant qu'il ne déplairoit pas la nôtre. On m'a remis entre les mains une Traduction en vers de cet Ouvrage; j'ai cru faire plaifir au Public en lui en faifant part. Je n'ai rien épargné pour mériter fon fuffrage. Les Figures ont été la plupart gravées d'après les deffeins du fameux Hogarth dont les talens font connus de toute l'Europe. Un Homme de Lettres m'a confeillé de faire imprimer l'Anglois à côté du François, & il s'eft bien voulu charger à ma priere

de joindre à la Traduction quelques Notes qui facilitaffent l'intelligence des endroits obfcurs. La plupart de ces notes rappellent des Traits Hiftoriques auxquels l'Auteur fait allufion, & quelques-unes donnent des éclairciffemens fur des endroits difficiles du Texte.

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DU TRADUCTEUR.

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E Poëme, Ouvrage de Samuel Butler, fut fait durant la guerre civile, qui défola l'Angleterre fous Charles I. Cette guerre, qu'on peut nommer guerre de Religion, fut fomentée par une Ligue foi-difant Sainte, à l'exemple de celle qui avoit troublé la France fous le Régne d'Henri III. En France des Catholiques fe liguerent pour extirper le Calvinifme; en Angleterre les Prefbytériens, les Indépendans & autres Sectaires s'unirent pour abolir l'Epifcopat, la Liturgie de l'Eglife Anglicane alors établie par les Loix, & la Monarchie qui en étoit le foutien. Mais, ce qui fut commun à ces deux Ligues, fut le Fanatifme affreux qui caufa la défolation des

deux Royaumes & le meurtre des deux Rois.

Pour dévoiler l'hypocrifie & l'extravagance des Fanatiques des Sectes différentes qui s'étoient unies fans s'aimer, ni s'eftimer; l'Auteur a fait Hudibras, Héros du Poëme, Prefbytérien, & Ralpho fon Ecuyer, Indépendant; & dans les converfations & difputes qu'il fait naître entr'eux, auffi bien que dans leurs actions, il démafque leur mauvaise foi, & la turpitude de leurs Sectes. Le jugement qu'en a porté le célébre M. de Voltaire fuffit pour l'éloge de ce Poëme.

"Il y a furtout, dit-il, un Poëme »Anglois que je défefpererois de »vous faire connoître. Il s'appelle » Hudibras: le Sujet eft la guerre ci» vile & la Secte des Puritains tournée » en ridicule. C'eft Dom Quichotte, » c'est notreSatyre Ménippée fondus "enfemble. C'eft de tous les livres,

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»que j'ai jamais lus, celui où j'ai » trouvé le plus d'efprit; mais c'est » auffi le plus intraduisible. Qui croi»roit qu'un livre qui faifit tous les ri»dicules du genre humain, & qui a » autant de penfées que de mots, ne pût fouffrir la Traduction? C'est » que tout y fait allusion à des avan»tures particulieres. Le plus grand » ridicule tombe fur les Théolode du monde giens, que peu gens » entendent. Il faudroit à tout mo>>ment un Commentaire, & la plai» fanterie expliquée ceffe d'être plai» fanterie, &c.

3. Le Traducteur eft bien éloigné -de prétendre avoir fait ce qui paroît fi difficile à M. de Voltaire, c'est-àdire, une Traduction qui rende la fineffe de l'original; mais il s'eft flatté que cet effai, quelque foible qu'il soit, en pourroit faciliter l'intelligence à ceux qui favent l'Anglois médiocrement, fans autre préten

tion.

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