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Prisant peu la tolérance:

Messieurs La Harpe et Naigeon?

Entre eux il s'élève un schisme :
L'un, étant grave docteur,

Ferré sur le catéchisme;
L'autre, athée inquisiteur.

Tous deux braillaient comme pies;
Déistes ne sont leurs saints:

La Harpe les nomme impies;
Naigeon les dit capucins.

A ces oracles suprêmes,
Bonnes gens, soyez soumis
Nul n'aura d'esprit qu'eux-mêmes;
Ils n'ont pas d'autres amis.

Leur éloquence modeste
Amollit les cœurs de fer;
La Harpe a le feu céleste';
Et Naigeon le feu d'enfer.

Partout ces deux Prométhées
Vont créant mortels nouveaux:
La Harpe fait les athées;
Et Naigeon fait les dévots.

V.

SUR MADEMOISELLE RAUCOURT,

JOUANT LE RÔLE DE PHÈDRE.

O Phèdre! dans ton jeu que de vérité brille!
Oui, de Pasiphaé je reconnais la fille,
Les fureurs de sa mère, et son tempérament,
Et l'organe de son amant.

VI.

LA HARPE, dans un écrit sur la langue révolutionnaire, avait proscrit le verbe FANATISER, et avait posé, comme règle générale, qu'aucun adjectif en IQUE ne peut produire un verbe en ISER.

Si par une muse électrique
L'auditeur est électrisé,
Votre muse paralytique
L'a bien souvent paralysé;
Mais, quand il est tyrannisé,
Parfois il devient tyrannique:
Il siffle un auteur symétrique,
Il rit d'un vers symétrisé,
D'un éloge pindarisé,

Et d'une ode anti-pindarique.
Vous avez trop dogmatisé :
Renoncez au ton dogmatique;
Mais restez toujours canonique,
Et vous serez canonisé.

VII.

SUR L'ENTRÉE D'UN VIEIL ABBÉ A L'ACADÉMIE FRANÇAISE.

Ce timballier philosophique,

Admis parmi les vétérans,

Dans le fauteuil académique

Prend la palme des mécréans.

Mais qu'on plaisante ou qu'on raisonne

Sur ce choix tant que l'on voudra:

Il est certain qu'il est mieux là
Qu'il ne fut jamais en Sorbonne.

VIII.

SUR CARION DE NISAS,

Qui venait de faire jouer sa tragédie de PIERRE LE GRAND, à l'époque où Bonaparte fut fait empereur.

1804.

Prince Carion! s'il vous plaît:

Quittez le cothurne tragique;

Vous serez mieux dans le comique:

Vous êtes un si bon valet!

IX.

SUR ROEDERER.

Jean Roederer, ennuyeux journaliste,

De son squelette a fait peindre les traits.

Vingt connaisseurs, rassemblés tout exprès,
Sont à loisir consultés par l'artiste.
Çà, mes amis, est-il bien ressemblant?
A ce visage avec soin je travaille.

Nul ne répond; chacun regarde et bâille;
Bon, dit le peintre: on bâille; il est parlant.

X.

RÉPONSE AU MÊME.

Jean Roederer, et vous, Martin Ferlus,
Glosant, prosant, rimant de compagnie,
Grands écrivains, très-sifflés, mais peu lus,
Qui tous les jours compilez de génie;
Mes bâillemens vous semblent criminels!
Soit à vos vœux je suis prêt à souscrire.
Ces bâillemens ne sont pas éternels:
Ils cesseront, si vous cessez d'écrire.

XI.

SUR LA RÉÉLECTION DU CARDINAL MAURY A L'ACADÉMIE FRANÇAISE, EN 1807.

Dubois aux enfers a bien ri,

Quand il a vu l'académie,

Puisant dans son histoire une loi d'infamie,

Donner du monseigneur au cardinal Maury.

O parbleu! s'écria le cuistre:

J'étais, j'en conviens aujourd'hui,

Vil, insolent et vénal comme lui;
Mais le drôle n'est pas ministre.

XII.

ÉPITAPHE D'ATALA.

Ci-gît la pudique Atala,
Qui, pour garder un pucelage
Qu'à Dieu sa maman consacra,
Très-chrétiennement préféra
Un suicide au mariage.

FIN DU TOME III DES OEUVRES ANCIENNES.

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