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Rousseau, c'est un traité conclu il y a plus de vingt siècles. Si l'on entend, au contraire, des révélations chimériques, des dogmes ridicules, qui ont ensanglanté la terre, et enrichi quelques tonsurés, les écrivains quotidiens ou hebdomadaires font d'étrange diplomatie. Autant vaut proposer un traité de paix entre la raison et la démence, entre la liberté et le despotisme, entre la médecine et la peste.

LES

NOUVEAUX SAINTS.

1802.

Gloria in excelsis Deo!

GLOIRE à Dieu dans les hauts! Disons nos patenôtres.

C'est peu qu'un successeur du prince des apôtres.
Dans ses filets vieillis, et rompus quelquefois,
Prétende repêcher les peuples et les rois;
Un culte dominant va réjouir la France:
Telle est des nouveaux saints la dévote espérance.
Ils sont nombreux, zélés; ils prêchent des sermons,
Des journaux, des romans, des drames, des chansons.
Nous entendrons encor disputer sur la grâce,
Non celle de Parny, de Tibulle, et d'Horace,
Mais celle d'Augustin, la grâce des élus,

Qui vaut bien mieux que l'autre, et qui rapportait plus.
Courage, marguilliers! N'entendez-vous pas braire
Les fils, les compagnons de l'âne littéraire?

« Oui, par Martin Fréron, le triomphe est certain! « Dit Geoffroi: venez tous, héritiers de Martin, «< Et vous surtout, Clément, son émule intrépide, « Philoctète nouveau de ce nouvel Alcide!

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Soyons gais, buvons frais; honneur à tout chrétien! << Dieu prend soin de sa vigne; et les Débats vont bien. « La dîme reviendra; nous en aurons la gloire; Vivent les oremus et la messe après boire! « Pour la philosophie, oh! c'est le tems passé : « Grâce à Clément et moi, Voltaire est renversé. << Nous avons longuement disserté sur Alzire, « Sur Tancrède et Gengis, sur Mérope et Zaïre; « On est désabusé de ces méchans écrits,

<<< Si bien que nos extraits font bâiller tout Paris. << Rousseau, Buffon, Raynal, vrais fous, prétendus sages, Qui du siècle dernier captivaient les hommages;

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Aujourd'hui sans égards vous les voyez traités,
Réimprimés, vendus, lus, relus, tourmentés;

<< Dans la bibliothèque, aux camps, sur la toilette,
<< Partout vous les trouvez; tout passant les achète.
« On ne tourmente pas Guyon, frère Berthier,
<< Chaumeix et Patouillet, Nonotte et Sabathier;
<< Ils sont, loin des lecteurs, à l'abri des critiques,
« Gardés avec respect dans le fond des boutiques,
«< Ainsi que des trésors, des joyaux précieux,

Qu'un possesseur jaloux dérobe à tous les yeux. »

De ces grands écrivains imitateurs fidèles,
Vous serez conservés auprès de vos modèles.
Croyez, c'est fort bien fait, et propagez la foi;
Dieu vous gard'! Mais, de grâce, ingénieux Geoffroi,
Et vous, léger Clément, pour l'honneur de l'église,

OEuvres anciennes. III.

En matière de foi craignez quelque méprise: Tenez, vous croyez vivre; on s'y trompe souvent: Vous êtes morts, très-morts; et Voltaire est vivant.

Non loin de ces frélons, nourris dans l'art de nuire, Et corrompant le miel qu'ils n'ont pas su produire, J'aperçois le phénix des femmes beaux-esprits. Son libraire lui seul connaît tous les écrits Dont madame Honesta daigne enrichir la France. Vous n'y trouverez point cette heureuse élégance, Cet esprit délicat, dont les traits ingénus Brillaient dans Sévigné, Lafayette, et Caylus; C'est un lourd pédantisme, un ton sévère et triste; C'est Philaminte encor, mais un peu janséniste. « De la France avec moi le bon goût avait fui, « Dit-elle; après dix ans j'y reviens avec lui. Plaignant du fond du cœur ma patrie en délire, « J'arrive d'Altona pour vous apprendre à lire. « J'ose même espérer de plus nobles succès: « Je voudrais, entre nous, convertir les Français. « Plus d'un, sans réussir, a tenté l'entreprise; « Vous n'aviez point encor des mères de l'église. « Si la philosophie a pu vous abuser,

<< Si des noms trop fameux qu'on voudrait m'opposer << Forment dans la balance un poids considérable, << Mes trente in-octavo sont d'un poids admirable: << Pour faire pénitence il faut les méditer. « J'aurais bien plus écrit; mais je dois regretter

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Quelques beaux jours perdus loin de mon oratoire:

« C'était un vrai roman; le reste est de l'histoire,
« Et de la sainte encor: vingt ans j'ai combattu
<«< Pour la religion, les mœurs, et la vertu. »

Peste! ce ne sont là des matières frivoles :
Vous n'êtes point, madame, au rang des vierges folles;
Vons n'avez point caché sous le boisseau jaloux
La flamme dont le ciel fut prodigue envers vous;
Mais, faisant au public partager cette flamme,
Croyez qu'un ton plus doux lui plairait mieux, madame.
Vous êtes sainte: eh bien! chaque chose a son tour;
Soyez sainte, aimez Dieu : c'est encor de l'amour.
Aux jours de son printems Magdeleine imprudente
Se repentit bientôt, mais ne fut point pédante:
Quand elle crut, l'amour fit sa crédulité;
Et toujours ce qu'on aime est la divinité.
Voyez Thérèse encor: quelle sainte adorable!
Elle aime, elle aime tant, qu'elle a pitié du diable,
Et, pour l'époux divin se laissant enflammer,
Plaint jusqu'au malheureux qui ne peut plus aimer.

Ah! vous parlez du diable? il est bien poétique, « Dit le dévot Chactas, ce sauvage érotique.

Neptune approche-t-il du grand saint Nicolas? « Les trois sœurs de l'amour avaient quelques appas; « Ces beautés cependant sont fort loin d'être égales <<< Aux trois hautes vertus qu'on dit théologales.

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