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gne, d'Ausay et de Rhin à très bon marché, poulaille et toutes manières d'autres vivres aussi; et leur amenoit-on devant leurs hôtels le foin, l'avoine et la litière, dont ils étoient bien servis et à bon marché.

CHAPITRE XXXIII.

COMMENT LE ROI D'ANGLETERRE SE PARTIT DE LA CITÉ DE ÉBRUICH (YORCK) ATOUT (AVEC) SON OST (ARMÉE) POUR ALLER VERS ECOSSE, ET COMMENT LES ÉCOSSOIS ENTRÈRENT EN ANGLETERRE.

Qu

UAND ils eurent là séjourné par l'espace de quatre semaines après la bataille, on leur fit à savoir de par le roi et les maréchaux que chacun se pourvut dedans cette autre semaine, de charrettes et de tentes, pour gésir (coucher) aux champs, et tous autres oualler pour devers Écosse, car le

par

tils nécessaires
roi ne pouvoit là plus séjourner.

Adone se pourvut chacun au mieux qu'il put, se

(1) Quelques manuscrits disent Ausoies, d'autres Aussy: lord Berners dit Angiew, Anjou. J. A. B.

La ressemblance du nom cité dans les manuscrits françois avec celui d'Auxois, canton de Bourgogne qui produit beaucoup de vins, pourroit faire croire qu'il s'agit ici de ce canton: mais on ne sauroit douter que le mot Ausay ne désigne l'Alsace qu'on trouve souvent appelée de ce nom dans les historiens des XIV et XVe siècles. (Voyez entr'autres la chron, de Flandre, publiée par Sauvage, in fol. Lyon 1561. P. 12 et suiv.) On sait d'ailleurs qu'à cette époque les vins de Bourgogne ne sortoient guère de la province, tandis que ceux d'Alsace étoient depuis long-temps recherchés de toute l'Europe. J. D.

lon son état. Quand on fut appareillé, le roi et tous ses barons se trairent (retirèrent) hors et allèrent loger six lieues loin de la dite cité: et messire Jean de Hainaut et sa compagnie furent logés au plus près du roi pour honneur, et pourtant (attendu) aussi qu'on ne vouloit mie que les archers qui tant les haioient (haïssoient) eussent aucun avantage sur eux. Si séjournèrent le roi et ses premières routes (troupes) deux jours pour attendre les derniers et pour mieux aviser chacun și il lui failloit (manquoit) rien. Au tiers jour après, l'ost (armée) qui étoit là se délogea et se traist (retira) avant de jour en jour, tant qu'on vint outre la cité de Durham une grande journée, à l'entrée d'un pays qu'on appelle Northumberland (), qui est sauvage pays plein de déserts et de grandes montagnes, et durement pauvre de toutes choses fors que de bêtes; et court parmi une rivière pleine de cailloux et de grosses pierres que on nomme Tyne: sur cette rivière siéd en un mont la ville et le châtel qu'on appelle Cardueil (") en Galles, qui fut jadis au

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(1) Froissart écrit Northonbrelande, comme il a entendu prononcer dans le pays. J. A. B.

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(2) Carlisle, dans le comté de Cumberland. Froissart aura entendu d'une manière peu correcte la prononciation de cette ville et aura subƐtitué un dà un 1. Quant au son isle qui se prononce à peu près aïl, et qu'il écrit ueil, il lui étoit difficile de le représenter bien exactement en françois. Lord Berners écrivoit ce mot Carlyel. Froissart met cette ville en Galles, c'est-à-dire Galloway, et il n'y a là qu'une légère erreur; les limites de la province de Galloway, qui ne comprend aujourd'hui que le Wigton shire et le Kirkudbright shire, n'étoient pas alors fort exactement tracées, et comme les Écossois et les Anglois étoient toujours en guerre sur ces provinces limitrophes, tantôt les provinces méridionales de l'Écosse s'agrandissoient aux dépens des provinces septentrionales de l'Angleterre, tantôt ces dernières s'agrandissoient aux dépens des

roi Artus, et où il se tenoit moult volontiers, età val est la bonne ville que on appelle le Neuf-châtel (New

autres. La véritable erreur géographique consiste à placer Carlisle sur la Tyne, tandis qu'elle est placée sur l'Eden, Lord Berners et Johnes ont corrigé cette erreur dans leurs traductions, et modifient à reu près ainsi le texte de Froissart.« Sur cette rivière siéd la ville de Newcastle. Là étoit le maréchal d'Angleterre pour garder le pays. A Carlisle se trouvoit un corps s considérable de Gallois sous le commandement du sire de Mowbray et du comte de Hereford. » Froissart commet de plus ici une erreur historique en parlant de Cardueil en Galles qui fut, dit-il, jadis au roi Artus. Le fait est que les possessions d'Arthur ne se trouvoient pas de ce côté. Elles étoient placées dans la province de Galles méridionale, dans la partie appelée aujourd'hui Glamorgan shire. Froissart aura confondu le pays de Galles où s'étoient réfugiés les restes des anciens Bretons avec la province Écossoise de Galloway. Dans ce siècle de chevalerie, il n'est pas étonnant que le petit chef Arthur battu par le Saxon Cerdic qui fonda l'état de Wessex (West Saexna) dans la première moitié du sixième siècle, se soit grandi à un tel point dans l'imagination superstitieuse des Bretons humiliés. Ce qui aura pu contribuer à induire Froissart en erreur, c'est qu'il y avoit en effet un Caer-leon dans le Montmouth shire contigu au Glamorgan shire, et que cette ville fut peut-être le siège de la résidence d'Arthur. Dans tous les romans de chevalerie, ce Caer-leon étoit appelé Cardueil, comme Froissart l'écrit. Le château de Carlisle est devenu plus tard la prison de Marie Stuart. Au reste Froissart n'a fait que partager l'erreur commune à tous les habitants de ce qu'on appelle les Borders (marches) de l'Écosse. En parcourant moi-même ce pays, il y a quelques années, je l'ai trouvé encore tout rempli du souvenir d'Arthur. Ainsi par exemple, entre Carlisle et Penrith, j'ai trouvé un lieu appelé la table ronde d'Arthur. Une montagne contigue au palais d'Holyrood à Édimbourg, s'appelle Arthur's seat. Dumbarton, à quelques lieues du lac Lomond est mentionnée dans le roman d'Arthur sous le nom d'Aldud, à cause de son nom Erse d'Alcluyd. Bamborough Castle est le chátel orgueilleux. A Berwick on vous indique le château de la joyeuse garde, habitation favorite de Lancelot du Lac. La forêt d'Ettrick étoit le lieu chéri de l'enchanteur Merlin enterré, dit-on, à Drummelziar. Cette forêt étoit dans le domaine d'Urien et d'Ywain. Le comté de Galloway étoit le patrimoine de Gauvain. A Stowe, dans la vallée de Gala (Wedale ou Vallis sancta de Nennius), quelques milles au dessus de Melrose, étoit l'église de Sainte Marie où Arthur déposa un morceau de la vraie croix. Enfin à Meigle, dans le comté d'Argus, entre Coupar et Forfar, on

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(1327) castle) sur Tyne. Là étoit le maréchal d'Angleterre atout(avec) grands gens d'armes, pour garder le pays contre les Écossois qui gissoient aux champs pour entrer en Angleterre. Et à Cardueil (Carlisle) aussi gissoit grand'foison de Gallois, dont le sire de Mowbray et le comte de Hereford étoient conduiseurs et gouverneurs, et pour défendre le passage de la rivière ; car les Écossois ne pouvoient entrer en Angleterre sans passer outre la dite rivière ("). Et ne purent savoir les Anglois certainement nouvelles des Écossois jusques à ce qu'ils vinrent à l'entrée d'icelui pays: mais adonc purent voir apparemment les fumières des hamelets et des villages qu'ils ardoient (bruloient) en vallées d'icelui pays; et avoient passé cette rivière si paisiblement qu'oncques ceux de Cardueil (Carlisle) ni ceux de Neuf-châtel (Newcastle) sur Tyne n'en surent nouvelles, ce disoient; car entre Cardueil (Carlisle) et Neuf-châtel (Newcastle) peut bien avoir environ vingt quatre lieues (milles) Anglesches (Angloises). Mais pour mieux savoir la manière des Écossois, je me tairai un petit des Anglois et deviserai aucune chose de la manière des Écossois. et comment ils sceivent (savent) guerroyer.

vous montre encore la tombe de dame Ganore, la belle Gwenhyfar ou Genèvre de nos romanciers. On voit donc que Froissart s'est contenté d'accueillir les traditions du pays, sans songer à examiner si elles étoient fondées ou non. J. A. B.

(1) L'Eden. J. A. B.

(2) Lisez comme dans les traducteurs anglois: l'une de ces deux rivières. J. A. B.

CHAPITRE XXXIV.

COMMENT LES ÉCOSSOIS SE GOUVERNENT ET MAINTIEN

NENT QUAND ILS SONT EN GUERRE.

LES Écossois sont durs et hardis et fort travaillans en armes et enguerre; et à ce temps là ils aimoient et prisoient assez peu les Anglois (), et encore font-ils à présent; et quand ils veulent entrer au royaume d'Angleterre ils mènent bien leur ost (armée) vingt ou vingt quatre lieues (milles) loin, que de jour que de nuit, de quoi moult de gens se pourroient émerveiller, qui ne sauroient leur coutume.

Certain est que quand ils veulent entrer en Angleterre, ils sont tous à cheval les uns et les autres, excepté la ribaudaille (2) qui les suit à pied; c'est à savoir, sont les chevaliers et écuyers bienmontés sur bons gros roncins, et les autres communes gens du pays sur petites haquenées ("). Et si ne mènentpoint de charroi, pour les diverses montagnes qu'ils ont à passer parmi ce pays dessus-dit, qu'on appelle Nor

(1) Les imprimés omettent ce qui est dit ici du peu d'estime que les Écossois faisoient des Anglois: ils omettent aussi la dernière phrase du chapitre précédent; et en général ils abrègent toujours plus ou moins. J. D.

(2) On appeloit Ribaudaille ou Ribaux les troupes légères, les enfans perdus, les goujats ou valets d'armée: ces mots furent ensuite employés pour désigner les fainéans, les libertins et les mauvais sujets de toute espèce. (Voyez le Glossaire de Ducarge au mot Ribaldi, et le supplém.de D. Carpentier.)J. D.

(3) Ces sortes de petits chevaux ont conservé le nom de Galloway's du pays qui les produit. J. A. B.

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