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liers et écuyers (1) atout (avec) gens d'armes qu'il leur sembla bien qu'ils étoient hors de tous périls; et tous les jours leur croissoient gens d'armes ainsi qu'ils alloient avant. Si eurent conseil entre eux madame la reine et les barons, chevaliers et écuyers qui venus étoient encontre li(elle), qu'ils iroient droit à Bristol (2) atout (avec) leur pouvoir, là où le roi se tenoit adonc (3) et (ainsi que les Spensers), qui étoit bonne ville, grosse et riche et fortement fermée, séant sur un bon port de mer; et si y a un châtel trop durement fort séant sur mer qui flotte tout entour. Là endroit se tenoit le roi, messire Hugh Spenser le père qui étoit près de l'âge de quatre vingt et dix ans, messire Hugh Spenser le fils maître conseiller du roi qui tous les mauvais faits lui conseilloit, le comte d'Arundel (4), qui avoit à femme la fille mes

(1) Le comte de Norfolk grand maréchal d'Angleterre, le comte de Leycester, les évêques d'Ely, de Lincoln, d'Hereford, de Dublin, furent des premiers à embrasser le parti de la reine. (Walsing. P. 101.)J. D.

(2) Avant de se présenter devant Bristol, la reine publia un manifeste dans lequel elle exposoit que son unique but étoit de délivrer l'église et l'état du mauvais gouvernement d'Édouard II et de la tyrannie des Spensers. Ce manifeste est daté de Wallingford le 15 octobre 1328. (Rymer, T. 2. Part. 2. P. 169.) J. D.

(3) Le roi n'étoit point dans Bristol lorsque cette ville fut assiégée; ne se sentant pas en état de résister à la reine, il s'étoit embarqué avec le jeune Spenser etle chancelier Baldock pour se rendre à Chapstow dans le pays de Galles espérant pouvoir atteindre aisément l'île de Couday sur la Saverne, qui étoit parfaitement approvisionnée de tout et où on eut pu faire une heureuse défense à cause de sa situation imprenable, mais les vents contraires l'empêchèrent d'aborder et ayant été jeté par la tempête sur les côtes du comté de Glamorgan, ils se réfugièrent dans l'abbaye de Neath. J. A. B.

(4) Il s'appeloit Edmon Fitz-allan, et descendoit d'une fille de la maison des Albini comtes d'Arundel. Son fils Richard Fitz-allan, et non pas lui, avoit épousé Isabelle fille de Hugh Spenser qu'il répudia par la suite. (Imhoff. Tabula 17.) J.D.

sire Hugh Spenser le jeune, et aussi plusieurs chevaliers et écuyers, qui repairoient (restoient) entour le roi et entour la cour, ainsi que gens d'état repairent volontiers entour leur seigneur. Si se mit madame la reine et toute sa compagnie, messire Jean de Hainaut, ces comtes, ces barons d'Angleterre et leurs routes (suites) au droit chemin pour aller celle part, et par toutes les villes où ils entroient on leur faisoit fête et honneur, et toujours leur venoient gens à destre (droite) et à senestre(gauche) de tous côtés, et tant firent par leurs journées qu'ils vinrent devant la dite ville de Bristol et l'assiégèrent à droit siége fait.

CHAPITRE XX.

COMMENT CEUX DE BRISTOL SE RENDIRENT A LA REINE,

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ET COMMENT MESSIRE HUGH SPENSER LE VIEUX ET LE COMTE D'ARUNDEL FURENT AMENÉS DEVANT LA

REINE.

LE ROD ROI et messire Hugh Spenser le fils se tenoient volontiers au château; le vieux messire Hugh le père et le comte d'Arundel se tenoient en la ville de Bristol et (ainsi que) plusieurs autres qui étoient de leur accord. Quand ces autres et ceux de la ville virent le pouvoir de la dame si grand et si efforcé (fort) et presque toute Angleterre étoit de leur accord; et voyoient le péril et le dommage si apparent(), ils

(1) On avoit répandu le bruit que le pape avoit délié les sujets Anglais du serment de fidélité et excommunié ceux qui s'opposeroient à la

eurent conseil qu'ils se rendroient, et la ville avec, sauves leurs vies, leurs membres et leur avoir. Si envoyèrent traiter et parlementer devers la reine et son conseil qui ne s'y voulurent mie accorder ainsi, si elle ne pouvoit faire du dit messire Hugh et du comte d'Arundel sa volonté; car pour eux détruire étoit-elle là venue. Quand ceux de la ville de Bristol virent qu'autrement ils ne pouvoient venir à paix ni sauver leurs biens ni leurs vies, au détroit ils s'y accordèrent et ouvrirent les portes; si que madame la reine, messire Jean de Hainaut et tous les barons, chevaliers et écuyers entrèrent dedans et prirent leurs hôtels dedans la ville de Bristol, et ceux qui ne s'y purent loger si se hébergèrent dehors. Là furent pris le dit messire Hugh le père et le comte d'Arundel, et amenés par devant la reine pour faire d'eux sa pure volonté. Et aussi lui furent amenés les siens autres enfans jeunes, Jean son fils) et ses deux fillettes qui furent là trouvées en la garde messire Hugh. De quoi la dame eut grand'joie quand elle vit ses enfans que vus n'avoit de grand temps; et aussi eurent tous ceux de son côté qui point n'aimoient les Spensers (2), et si avoient grand'joie entre eux selon ce que pouvoient avoir grand deuil le roi et messire Hugh Spenser le fils, qui étoient en ce fort château enclos et qui voyoient le meschef (danger) si grand

reine. On disoit même que deux cardinaux accompagnoient la reine pour faire valoir les décrêts du pape. J. A. B.

(1) Jean, surnommé d'Etham. Jeanne qui fut mariée à David Bruce roi d'Écosse, et Aliénor qui épousa Regnault duc de Gueldres. (Imhoff, Tab. 6.)J. D.

(2) Les imprimés abrègent beaucoup la fin de ce chapitre.

qui leur couroitsussi apparemment, et voyoient tout le pays tourner avec la reine et son aîné fils, et dresser et émouvoir contre eux; dont ils eurent douleur et peur et assez à penser, ce ne fait ce ne fait pas à demander.

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CHAPITRE XXI.

COMMENT MESSIRE HUGH SPENSER LE VIEUX ET LE COMTE D'ARUNDEL FURENT MIS A MORT.

QUAND la reine et tous les barons et autres furent hébergés à leur aise, ils assiégèrent le château au plus près qu'ils purent; et puis fit la reine ramener messire Hugh Spenser le vieuxet le comte d'Arundel devant son aîné fils et devant tous les barons qui là étoient et leur dit que elle et son fils leur feroient droit,loi et bon jugement selon leurs œuvres. Adonc répondit messire Hugh et dit: «< Ha madame, Dieu nous doint (donne) bon juge et bon jugement! et si nous ne le pouvons avoir en ce siècle, si le nous doint (donne) en l'autre. » Adonc se leva messire Thomas Wage (bon chevalier, sage et courtois, qui étoit maréchal de l'ost (armée) et leur raconta tous leurs faits par écrit et tourna en droit sur un vieux chevalier qui là étoit, afin qu'il rapportât, sur sa féauté, que à faire avoit de telles personnes par jugement et de tels faits. Le chevalier se conseilla aux autres ba

(1) Il est nommé Thomas Wake dans Rymer, T. 2.Part. 2. P.169. J. D. Johnes dans sa traduction anglaise l'appelle sire Thomas Wager. J.A. B.

rons et chevaliers et rapporta par pleine suite (délibération) qu'ils avoient bien mort desservie (méritée), pour plusieurs horribles faits qu'ils avoient là endroit ouï raconter et les tenoient pour vrais et tous clairs hérites (hérétiques), et avoient desservi (mérité), par la diversité de leurs faits, à être justiciés en trois manières, c'est à savoir, premier être traînés, après décolés, après pendus à un gibet. Tout en telle manière qu'ils furent jugés, furent-ils tantôt justiciés devant le château de Bristol, voyant le roi et le dit messire Hugh le fils ("), et tous ceux de laiens (dedans) qui grand dépit en eurent; et put chacun savoir qu'ils étoient à grand meschef(mal-aise) de cœur. Cette justice fut faite l'an de grâce м. CCC et XXVI, le jour saint Denis en octobre (2).

CHAPITRE XXII.

Comment le ROI D'ANGLETERRE ET MESSIRE HUGH LE JEUNE FURENT PRIS ET AMENÉS DEVANT LA REINE.

APRÈS Ce que cette justice fut faite, si comme vous avez ouï, le roi et messire Hugh Spenser, qui se voyoient assiégés en telle angoisse et à (avec) tel

(1) Ona remarqué précédemment qu'ils n'étoient plus à Bristol. J.D. (2) Cette date n'est pas exacte: la fête de St. Denis est le 9 octobre, et le 15 du même mois Isabelle n'étoit point encore partie de Wallingford pour aller à Bristol; mais elle étoit en possession de cette ville le 26 octobre au plus tard, jour où les seigneurs de son parti élurent le jeune Édouard gardien ou régent du royaume; et il paroît qu'alors le vieux Spenser et le comte d'Arundel avoient été exécutés. On

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