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dessus est dit. Or vous conterons du roi de France et d'aucunes de ses ordonnances qu'il fit depuis qu'il sut que le roi Anglois étoit arrivé en Flandre.

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CHAPITRE CXXIV.

COMMENT LE ROI PHILIPPE, QUAND IL SUT LA VENUE DU ROI ANGLOIS, SE PARTIT DE THUN L'ÉVÊQUE

ET ENVOYA BONNES GENS D'ARMES EN GARNISON SUR LES FRONTIÈRES DE FLANDRE.

QUA UAND le roi Philippe de France sut la vérité de son armée sur mer, comment ils avoient été déconfits, et que le roi Anglois son adversaire étoit arrivé paisiblement en Flandre, si en fut durement courroucé, mais amender ne le put: si se délogea et se retraist (retira) vers Arras, et donna à une partie de ses gens congé, jusques à tant qu'il orroit (entendroit) autres nouvelles. Mais il envoya messire Godemar du Fay à Tournay pour là aviser des besognes, et penser que la cité fut bien pourvue;car il se doutoit plus des Flamands que d'autrui; et mit le seigneur de Beaujeu en Mortagne pour faire frontières contre les Hainuyers; et envoya grand' foison de gens d'armes à Saint-Omer, et à Aire, et à Saint Venant, et pourvey (pourvut) suffisamment tout le pays sur les frontières de Flandre.

En ce temps régnoit un roi en Sicile qui s'appe

loit Robert, et avoit la fame (réputation) et la renommée d'être très grand astronomien, et défendoit tant comme il pouvoit au roi de France et à son conseil que point ne se combattit au roi Anglois, car le dit roi Anglois devoit être trop fortuné en toutes ses besognes; et eut le dit roi Robert vu volontiers qu'on eut les dessus dits rois mis à accord et à fin de leur guerre; car il aimoit tant la couronne de France qui enuis (avec peine) eut vu sa désolation. Si étoit le dit roi venu en Avignon devers le pape Clément et le collége, et leur avoit montré les périls qui pouvoient être en France, par le fait des guerres des deux rois; et encore avec ce prié et requis qu'ils se voulsissent (voulussent) ensonnier (prendre soin) d'eux appaiser, pourtant

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(1) Robert dit le Ban, roi de Naples et comte de Provence, petit-fils de Charles d'Anjou qui per lit la Sicile par suite des Vépres siciliennes, C'est à tort que Froissart appelle Robert roi de Sicile, puisqu'il ne possé la jamais cette île. Quoiqu'il ne fut que le troisième fils de Charles II dit le Boiteux, il parvint à éliminer son neveu de la succession de ses élats de Naples et de Provence qu'il se fit conférer par le pape Clément VI. Il fut longtemps le chef du parti Guelfe en Italie, et après une vie très agitée, il mourut en 1343 dans son royaume de Naples quelque temps après être revenu d'un voyage qu'il avait fait dès l'année 1338 en Provence, comme le dit justement Froissart, pour empêcher, s'il étoit possible, la guerre déclarée entre l'Angleterre et la France et intéresser en sa faveur le pape Bénoit XII contre Pierre fils de Frédéric, qui avoit pris le titre de roi de Sicile, Robert avoit beaucoup d'amour pour les lettres, et c'étoit à son érudition pédantesque, exaltée par les gens de lettres comblés de ses bienfaits, bien plus qu'à la prospérité de son pays et à la gloire des armes, qu'il dut sa réputation d'être le roi le plus sage de la chrétienté. Pétrarque en 1341 fit choix de Robert, pour lui faire subir son examen avant son couronnement. J. A, B.

(2) On a déjà observé que Benoit XII vivoit encore et ne mourut qu'en 1342. J. D.

(attendu) qu'il les véoit (voyoit) si émus en grand' guerre où nul n'alloit au devant. De quoi le pape Clément VI et les cardinaux lui en répondirent tout à point, et dirent qu'ils y entendroient volontiers, mais (pourvu) que les deux rois les en voulsissent (voulussent) ouïr.

CHAPITRE CXXV.

COMMENT LE ROI D'ANGLETERRE TINT SON PARLEMENT A VILLEVORDE OU CEUX DE FLANDRE, DE HAINAUT ET DE BRABANT JURÈRENT EN LA MAIN DUDIT ROI A EUX ENTR'AIDER A JAMAIS CONTRE QUI QUE CE FUT.

OR RETOURNERONS au parlement qui fut à Villevorde, si comme dessus est dit. A ce parlement qui fut à Villevorde furent tous ces seigneurs ci-après nommés: premièrement le roi Édouard d'Angleterre, le duc Jean de Brabant, le comte de Hainaut, messire Jean de Hainaut son oncle, le duc de Gueldres, le marquis de Juliers, le marquis de Brandebourg, le marquis de Misnie et d'Osterland, le comte de Mons, messire Robert d'Artois, le sire de Fauquemont, messire Guillaume de Duvinvorde, le comte de Namur, Jaquemart d'Artevelle, et grand' foison d'autres seigneurs et de toutes les bonnes villes de Flandre, de Brabant et de Hainaut, trois ou quatre vaillants bourgeois de chacune par manière de conseil. Là furent parlementés et conseillés plusieurs avis et statuts entre les seigneurs et leurs pays; et

accordèrent et scellèrent les trois pays, c'est à savoir, Flandre, Hainaut et Brabant, qu'ils seroient de ce jour en avant aidants et confortants l'un l'autre en tous cas et en tous affaires, et s'allièrent par certaines convenances que si l'un des trois pays avoit à faire contre qui que ce fut, les deux autres le devoient aider, et s'il avenoit qu'ils fussent en discord ni en guerre au temps à venir les deux ensemble, le tiers y devoit mettre bon accord; et s'il n'étoit fort pour ce faire, il s'en devoit retraire (retirer) au roi d'Angleterre, en qui main qui main ces convenances et alliances étoient dites et jurées à tenir fermes et stables, qui comme ressort (garant) les devoit apaiser; et furent plusieurs statuts là jurés, écrits et scellés, qui depuis se tinrent trop mal. Mais toutes fois, par confirmation d'amour et d'unité, ils ordonnèrent à faire forger une monnoię coursable (de cours) dedans les dits trois pays, que on appeloit compagnons ou alliés

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Sur la fin du parlement il fut dit et arrêté et regardé pour le meilleur que environ la Magdelaine le roi Anglois s'émouveroit et viendroit mettre le siége devant la cité de Tournay; et là y devoient être tous les seigneurs, dessus nommés, avec leur mandement de chevaliers et d'écuyers, et le pouvoir des bonnes villes. Si se partirent sur cet état pour eux retraire (retirer) en leur pays et appareiller suffisamment, selon ce qu'il appartenoit, pour

(1) C'est-à-dire en la main de qui. Froissart se sert souvent de cette tournure et emploie quel et qui dans le sens du cujus des Latins. J.A. B.

être mieux pourvus quand le jour et le terme viendroit qu'ils devroient être devant Tournay.

CHAPITRE CXXVI.

COMMENT LE ROI PHILIPPE ENVOYA TRÈS NOTABLE CHEVALERIE EN LA CITÉ DE TOURNAY POUR LA GARDER ET GARNIR DE POUR VÉANCES, POur ce que le rOI ANGLOIS LA DEVOIT ASSIÉGer.

OR SUT le roi Philippe assez tôt après le département de ces seigneurs qui à Villevorde avoient été, la plus grand'partie de l'ordonnance de ce parlement, et tout l'état et comment le roi Anglois devoit venir assiéger la cité de Tournay. Si s'avisa qu'il la conforteroit tellement et y envoieroit si bonne chevalerie que la cité seroit toute sûre et bien conseillée. Si y envoya droitement fleur de chevalerie, le comte Raoul d'Eu, connétable de France et le jeune comte de Ghines son fils, le comte de Foix et ses frères, le comte Aymeri de Narbonne, messire Aymart de Poitiers, messire Geoffroy de Chargny, messire Gi-, rard de Montfaucon, ses deux maréchaux, messire Robert Bertrand et messire Mathieu de Trie, le seigneur de Cayeu, le sénéchal de Poitou, le seigneur de Châtillon et messire Jean de Landas. Cils (ceux-ci) avoient avec eux chevaliers et écuyers preux en armes et très bonnes gens. Si leur pria le dit roi chèrement qu'ils voulussent si bien penser et soigner de Tournay que nul dommage ne s'en prit; et ils lui enconvenancèrent (promirent).

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