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« Beaux seigneurs, le gentil comte de Hainaut viendra un de ces jours à (avec) si grand ost contre les François, qu'il nous délivrera à (avec) tat honneur de ce péril et nous saura grand gré de ce que si franchement nous serons tenus. » Ainsi reconfortoient les trois dessus dits les compagnons qui n'étoient mie à leur aise; car pour eux plus grever et plutôt amener à mercy, ceux de l'ost leur jetoient et envoyoient par leurs engins chevaux morts et bêtes mortes et puants pour eux empunaiser; dont ils étoient là dedans en grand'détresse, car l'air étoit fort et chaud, ainsi qu'en plein été; et furent contraints par cet état, plus que par autre chose. Finalement ils regardèrent et considérèrent entr'eux que cette mésaise ils ne pouvoient longuement souffrir ni porter, tant leur étoit la punaisie abominable. Si eurent conseil et avis de traiter une trève à durer quinze jours; et là en dedans signifier leur pauvreté à messire Jean de Hainaut, qui étoit régent et gardien de tout le pays, afin qu'ils en fussent confortés; et s'ils ne l'étoient, ils rendroient la forteresse au dit duc de Normandie. Ce traité fut entamé et mis avant: le duc leur accorda et mit en souffrance tous assauts, et leur donna trèves quinze jours, qui firent moult de bien aux compagnons du dit fort; car autrement ils eussent été tous morts et empunaisés sans mercy, tant leur envoyoit-on de charognes pourries et d'autres ordures par les engins (machines). Si firent tantôt partir Ostelart de Somaing par le traité devisant, qui s'en vint à Mons en Hainaut, et trouva le seigneur de Beaumont qui

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(1340) avoit ouï nouvelles de son neveu le comte de Hai-naut, qui revenoit en son pays, et avoit été devers l'empereur et fait grands alliances avec lui, aussi aux seigneurs de l'empire, le duc de Gueldres, le marquis de Juliers, le marquis de Brandebourg et tous les autres. Si informa le sire de Beaumont le dit écuyer Ostelart de Somaing, et lui dit bien que ceux de Thun l'Évêque seroient bientôt confortés, mais (pourvu) que son neveu fut revenu au pays.

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CHAPITRE CXVI.

COMMENT LE COMTE DE HAINAUT FIT SON MANDEMENT A TOUS SES ALLIÉS POUR ALLER SECOURIR CEUX DE THUN L'ÉVÊQUE.

LA TRÈVE durant qui fut prise entre le duc de Normandie et les soudoyers (soldats) de Thun, si comme vous avez ouï, revint le comte de Hainaut en son pays; dont toutes manières de gens furentréjouis, car moult l'avoient désiré. Si lui recorda le sire de Beaumont son oncle comment les choses étoient allées depuis son département, et à (avec) quelle puissance le duc de Normandie étoit entré et séjourné dans son pays, et ars (brûlé) et détruit tout par là Valenciennes, exceptées les forteresses. Si répondit le comte qu'il seroit bien amendé et que le royaume de France étoit assez grand pour en avoir satisfaction de toutes ces forfaitures; mais briévement il vouloit aller devant Thun l'Évêque et con

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forter ses bonnes gens qui gissoient là si honorablement, et qui si loyalement s'étoient tenus et défendus. Si fit le comte son mandement et ses prières en Brabant, en Gueldres, en Juliers et en Allemagne, et aussi en Flandre devers son bon ami Artevelle; et s'en vint le dit comte à Valenciennes, à (avec) grand'foison de gens d'armes, chevaliers et écuyers de son pays, et des pays dessus nommés; et toudis (toujours) lui croissoient gens. Et se partit de Valenciennes en grand arroy de gens d'armes, de charrois, de tentes, de traits, de pavillons et de toutes autres pourvéances (provisions), et s'en vint loger à Nave sur ces beaux plains (plaines) et ces beaux prés, tout contre val la rivière d'Escaut. Là étoient les seigneurs de Hainaut avec le dit comte et en bon arroy: premièrement messire Jean de Hainaut son oncle, le sire d'Enghien, le sire de Werchin sénéchal de Hainaut, le sire d'Antoing, le sire de Ligne, le sire de Barbençon, le sire de Lens, messire Guillaume de Bailleul, le sire de Haverech châtelain de Mons, le sire de Montigny, le sire de Marbais, messire Thierry de Wallecourt maréchal de Hainaut, le sire de la Hamaide, le sire de Gomignies, le sire de Roisin,le sire de Trazegnies, le sire de Brifeuil, le sire de Lalaing, le sire de Mastain, le sire de Sars, le sire de Wargnies, le sire de Beaurieu et plusieurs autres chevaliers et écuyers, qui tous se logèrent de-lez (près) leur seigneur. Assez tôt après y revint le jeune comte Guillaume de Namur moult étoffément à (avec) deux cents lances, et se logea aussi sur la rivière d'Escaut en

l'ost du comte; et après revinrent le duc de Brabant à (avec) bien six cents lances, le duc de Gueldres, le comte de Mons, le sire de Fauquemont, messire Arnoul de Blankenheym et grand'foison d'autres seigneurs et gens d'armes d'Allemagne et de Westphalie. Si se logèrent tous, les uns après les autres, sur la rivière d'Escaut, à l'encontre de l'ost François; et étoient plentureusement (abondamment) pourvus de tous vivres qui leur venoient tous les jours de Valenciennes et du pays de Hainaut voisin à eux.

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CHAPITRE CXVII.

COMMENT LE ROI PHILIPPE ENVOYA DOUZE CENTS LANCES EN L'OST DE SON FILS ET ASSEZ TOT APRÈS Y VINT LUI-MÊME COMME SOUDOYER.

QUAND CE

UAND ces seigneurs se furent logés ainsi que vous avez entendu, sur la rivière d'Escaut, et mis entre Nave et Ywis, le duc Jean de Normandie qui étoit d'autre part de la rivière, avecques lui moult belle gent d'armes, vit que l'ost du comte de Hainaut croissoit durement. Si signifia tout l'état au roi de France son père, qui se tenoit à Péronne en Vermandois, et étoit tenu plus de six semaines à (avec) grands gens. Lors fit le roi de rechef une semonce très spéciale, et envoya jusques à douze cents lances, de bonnes gens d'armes en l'ost son fils; et assez tôt

après il y vint comme soudoyer du duc son fils (1); car il ne pouvoit nullement venir à main armée sur l'empire, si il vouloit tenir son serment, ainsi qu'il fit(); pourquoi le duc son fils fut toudis (toujours) chef et souverain de cette emprise, mais il s'ordonnoit par le conseil du roi son père. Quand ceux de Thun l'Évêque virent leur seigneur le comte de Hainaut venir si puissamment, si en furent moult joyeux; et fut bien raison, car moult l'avoient désiré, et bien pensoieut à en être délivrés.

Le quatrième jour après qu'ils furent là venus et hôtelés (logés) à (avec) ost, vinrent ceux de Valenciennes en grand arroy, desquels Jean de Vassy qui prévôt étoit pour le temps, se faisoit maître et gouverneur. Si très tôt que ceux de Valenciennes furent venus, on les envoya escarmoucher aux François sur la rivière de l'Escaut, pour ensonnier (harasser) ceux de l'ost, et pour faire à ceux de la garnison de Thun voie. Là eut grand'escarmouche des uns aux autres et plusieurs carreaux (flèches) traits et lancés, et maints hommes navrés et blessés. Entrementes (pendant) qu'ils entendoient à paleter (escarmoucher), les compagnons de Thun l'Évêque, messire Richard de Limosin et les autres se partirent du châtel (3) et se mirent en l'Escaut; et leur

(1) Il s'étoit rendu à l'armée plus d'un mois'auparavant, selon les autres historiens (Voy. ci-dessus rote 1. P. 316 ); mais Jean le Bel étoit plus à portée qu'eux d'être instruit de ce qui se passoit en Cambrésis, surtout quand les événemens intéressoient la maison de Hainaut, à laquelle il étoit attaché. J. D.

(2) On voit qu'on avoit dans ce siècle une étrange idée de la manière de tenir un serment: l'extérieur étoit tout. J. A. B.

(3) La plupart des Chroniqueurs ajoutent qu'ils mirent le feu au château avant d'en sortir. J. D.

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