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guerre au royaume de France, tant pour l'arsure (incendie) de la terre de Chimay, comme pour celle de Haspre. Si fut là ordonné que on défieroit le roi de France, et puis entreroit-on au royaume à effort. Et de porter ces défiances fut prié et chargé l'abbé de Crespy, qui pour le temps s'appeloit Thibaut (1). Si furent les lettres des défiances écrites et scellées du comte et de tous les barons et chevaliers du pays. En après le dit comte remercia très grandement tous ses honneurs pour la bonne volonté dont il les vit; car ils lui promirent confort et service en tous états.

Je n'ai que faire de demener cette matière trop longuement. L'abbé de Crespy se partit, et vint en France apporter au roi Philippe les défiances, qui n'en fit pas trop grand compte, et dit que son neveu étoit un fol outrageux, et qu'il marchandoit bien de faire ardre (brûler) tout son pays. L'abbé retourna arrière devers le comte et son conseil, et leur conta comment il avoit exploité, et les réponses que le roi en avoit faites. Assez tôt après le comte se pourvey (pourvut) de gens d'armes, et manda tous chevaliers et écuyers parmi son pays, et aussi en Brabant et en Flandre; et fit tant qu'il eut dix mille armures de fer de bonne étoffe, tous à cheval. Si se partirent de Mons en Hainaut, et de là environ; et chevauchèrent vers la terre de Chimay: car l'intention du comte et de son oncle le seigneur de Beaumont étoit telle qu'ils iroient ardoir (brûler) et essillier (ravager)

(1) Thibaud Gigos. (Gall. Christiana, T. 3. Col. 101.) J. D.

la terre du seigneur de Vervins, et aussi Aubenton en Thiérasche.

CHAPITRE CII.

COMMENT LE COMTE DE HAINAUT S'EN VINT ATOUT (AVEC) SON OST DEVANT AUBENTON OU IL EUT MOULT DUR ASSAUT, ET COMMENT LES HAINUYERS GAGNÈRENT LES BARRIÈRES (1)

BIEN se doutoient(méfioient) ceux de la ville d'Aubenton du comtede Hainaut et de son oncle: sile signifièrent au grand bailly de Vermandois qu'il leur voulsist (voulut) envoyer gens pour eux aider à tenir et défendre contre les Hainuyers, qui leur étoient trop prochains voisins: et bien leur convenoit qu'ils eussent avec eux bonnes gens d'armes; car leur ville n'étoit fermée que de palis. Dont le dit bailly y envoya bons chevaliers de là environ, premièrement le vidame de Châlons, messire Jean de Beaumont, messire Jean de la Bove; le seigneur de Loré et plusieurs autres. Si étoient les dessusdits chevaliers et leurs routes (troupes), où bien avoit trois cents armures de fer, mis dedans Aubenton, et la pensoient bien tenir contre les Hainuyers; et la réparèrent et fortifièrent encore en aucuns lieux où ils sentirent et virent qu'elle étoit la plus foible; et étoient tous confortés et pourvus d'attendre les Hainuyers, qui

(1) Les imprimés abrègent considérablement ce chapitre.

ne firent pas long séjour, depuis qu'ils furent assembles à Mons en Hainaut: mais se partirent vitement et en grand arroi, si comme ci-dessus est dit, et s'acheminèrent vers Chimay, et passèrent par un vendredi les bois que on dit de Thiérasche, et exploitèrent tant qu'ils vinrent à Aubenton, qui étoit une grosse ville et bonne et pleine de draperie. Les Hainuyers se logèrent ce vendredi assez près, et avisèrent et considérèrent auquel lez (côté) elle étoit plus prenable. Lendemain ils vinrent tous ordonnés pardevant pour l'assaillir, leurs bannières tout faiticement (régulièrement) tout devant, et les arbalétriers aussi et se partirent (partagèrent) en trois connétablies (compagnies), et se traist (retira) chacun à sa bannière, dont le comte de Hainaut eut la première bataille, avec lui grand' foison de bons chevaliers et écuyers de son pays: si le sire de Beaumont son oncle eut la seconde livrée, aussi atout (avec) grand'foison de bonnes gens d'armes; et le sire de Fauquemont avec grand' foison d'Allemands une autre. Et se traist (retira) chacun sire à sa bannière et entre ses gens celle part où ils furent ordonnés et envoyés pour assaillir. Si commença l'assaut grand et fort durement, et s'employèrent arbalétriers de dedans et dehors à traire (tirer) moult vigoureusement; par lequel trait il en y eut moult de blessés des assaillants et des défendants. Le comte de Hainaut et sa route (suite), où moult avoit d'apperts (experts) chevaliers et écuyers, vinrent jusques aux barrières de l'une des portes. Là eut grand assaut et forte escarmouche, Là étoit le vidame de Châlons un appert (expert)

chevalier, qui y fit merveilles d'armes, et qui moult vassalement (vaillamment) se combattitet défendit; et fit à la porte mêmement trois de ses fils chevaliers, qui aussi se acquittèrent moult bien en leur nouvelle chevalerie, et y firent plusieurs appertises d'armes, mais ils furent si fort requis et assaillis du comte de Hainaut qu'il les convint retraire (retirer) à la porte, car ils perdirent leurs barrières. Là eut un moult grandet dur assaut. Sur le pont mêmement, à la porte vers Chimay, étoient messire Jean de Beaumónt et messire Jean de la Bove. Là eut très grand assaut et forte escarmouche, et convint les François retraire (retirer) dedans la porte; car ils perdirent leurs barrières, et les conquirent les Hainuyers et le pont aussi. Là eut dure escarmouche forte, et grand assaut et félonneux, car ceux qui étoient montés sur la porte jetoient bois et mairain contre val, et pots pleins de chaux et grand'foison de pierres et de cailloux, dont ils navroient (blessoient) et méhaignoient (maltraitoient) gens s'ils n'étoient fort armés. Et là fut atteint du jet d'une grosse pierre et

(1) Le continuateur de Nangis (Spicileg. T. 3. P. 101) et l'auteur des Chroniques, Chap. 17, racontent en peu de mots la prise d'Aubenton et disent formellement que le seigneur de Vervins n'y étoit point. Suivant leur récit, Jean de Hainaut avoit trouvé le moyen de l'en faire sortir ainsi que la plupart des chevaliers, en leur proposant de se trouver le jour du jeudi-saint 1337 (1340) dans un lieu indiqué, pour lui faire raison du pillage de Chimay et de l'incendie de Haspre. Le seigneur de Vervins fut exact au rendez-vous; mais Jean de Hainaut qui avoit voulu le tromper, ne s'y trouva point et investit ce jour là même Aubenton dont il s'empara. Quoique ce récit ne porte aucun caractère évident de fausseté, celui de Froissart, beaucoup plus détaillé et composé sur les mémoires de Jean le Bel qui vivoit presque habituellement à la cour de Hainaut, paroît mériter la préférence. J. D.

vilaine, un bon écuyer de Hainaut, qui se tenoit tout devant pour son corps avancer, Baudouin de Beaufort, et reçut un si dur horion sur sa targe (bouclier), que on lui écartela et fendit en deux moitiés, et eut le bras rompu dont il la portoit; et le convint retraire (retirer) pour le vilain horion, et porter au logis, ainsi que celui qui ne se put depuis aider ni armer de grand temps, jusques à tant qu'il fut sané (sain) et guéri. Si sachez qu'il ne faisoit mie bon approchersion n'étoit fort armé et bien pavoisé.

CHAPITRE CIII.

COMMENT LA VILLE D'AUBENTON FUT PRISE ET CONQUISE PAR FORCE ET TOUTE PILLÉE ET ROBÉE ET ARSE (BRULÉE), ET TOUS CEUX QUI DEDANS ÉTOIENT MORTS

ET PRIS.

CE E SAMEDI au matin fut l'assaut moult grand et très fierà la ville d'Aubenton en Thiérasche, et se mettoient les assaillants en grand' peine et en grand péril pour conquérir la ville. Aussi les chevaliers et écuyers quiétoient dedans rendoient grand'entente (intention) de eux défendre, et bien le convenoit; et sachez que si ne fussent les gentils hommes qui dedans Aubenton étoient et qui la gardoient, elle eut été tôt prise et d'assaut, car elle étoit fort et dur assaillie de tous côtés et de grand'foison de bonnes gens d'armes. Si y convenoit de tant plus grand avis et plus grand hardiment (intrépidité) pour la défen

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