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rent en ce plein pays de Vermandois: si l'ardirent (brûlèrent) et exillèrent (ravagèrent) moult durement, et y firent moult grand dommage. Une autre route (troupe), dont messire Jean de Hainaut, le sire de Fauquemont et messire Arnoul de Blankenheym étoient chefs et meneurs, chevauchoient un autre chemin, et vinrent à Origni-Sainte-Benoite, une ville assez bonne; mais elle étoit foiblement fermée. Si fut tantôt prise par assaut, pillée et robée (volée), et une bonne abbaye de dames qui là étoit et est encore, violée, dont ce fut pitié et dommage, et la ville toute arse (brulée). Et puis s'en partirent les Allemands et chevauchèrent le chemin devers Guise et vers Ribemont. Si s'en vint le roi Anglois loger à Behories (1), et là se tint un jour tout entier; et ses gens couroient et ardoient le pays de là environ. Si vinrent nouvelles au roi Anglois et aux seigneurs qui avec lui étoient, que le roi de France étoit parti de Péronneen Vermandois et les approchoit à (avec)plus de cent mille hommes. Adoncse partit leroi Anglois de Behories,et prit le chemin de la Flamengerie (pour venir vers l'Échelle (3) en Thierasche; et les maréchaux et l'évêque de Lincoln passèrent, à (avec) plus de cinq cents lances, la rivière d'Oise à gué, et entrèrent en Laonnois et vers la terre du seigneur de Coucy, et ardirent (brulèrent) La Bère, Saint Goboin et la ville de Marle; et s'en vinrent un soir loger

(1) Boheries, abbaye de l'ordre de Câteaux, au diocèse de Laon. (Gall. Christiana, T. g. Col. 636.) J. D.

(2) La Flamengerie, ou la Flamangrie, village peu éloigné de la Capelle. J. D.

(3) L'Echelle, village au sud de Nouvion. J. D.

à Vaulx dessous Laon. Lendemain ils se retrairent (retirèrent) devers leur ost; car ils surent de certain par aucuns prisonniers qu'ils prirent, que le roi de France étoit venu à Saint-Quentin, et que là passeroit-il la rivière de Somme. Si se doutèrent (craignirent) qu'ils ne fussent rencontrés; nonpourquant (néanmoins), à leur retour ardirent-ils une bonne ville qu'on dit Crecy sur Sele (), qui point n'étoit fermée, et grand'foison de villes et de hameaux là environ, et à (avec) grand'foison de pillage s'en retournèrent-ils en l'ost (armée).

CHAPITRE LXXXVIII.

COMMENT LA VILLE DE GUISE FUT TOUTE ARSE (BRULÉE); ET COMMENT CEUX DE NOUVION FURENT DÉCONFITS ET TOUT LEUR AVOIR PERDU.

OR R VOUS parlerons de la route (troupe) messire Jean de Hainaut où il avait bien cinq cents combattants. Si s'en vint à Guise, et entra en la ville et la fit toute ardoir (brûler) et abattre les moulins. Dedans la forteresse étoit madame Jeanne sa fille, femme au comte Louis de Blois, qui fut moult effrayée de l'arsure (incendie) et du convenant (disposition) monseigneur son père et lui fit prier que pour Dieu il se voulut déporter et retraire (retirer); et qu'il étoit trop dur conseillé contre lui, quand il ardoit (bruloit) l'héritage de son fils le comte de Blois. Nonobstant ce, le sire de Beaumont ne s'en voulut oncques déporter (différer) ni délaisser si eut faite son en

(1) Il faut lire vraisemblablement Crécy sur Serre, petite ville du diocèse de Laon. J. D.

treprise; et puis s'en retourna devers l'ost du roi qui étoit logé en l'abbaye de Fervaques ("). Et de mentres (pendant) que ces gens d'armes couroient ainsi tout le pays, vinrent bien six vingts lances d'Allemands, dont le sire de Fauquemont étoit chef, jusques en Nouvion en Thierasche, une bonne grosse plate ville. Si étoient communément les gens de Nouvion retraits (retirés) et boutés dedans les bois; et y avoient mis et porté le leur à sauveté, et s'étoient fortifiés de roulliz (troncs d'arbres) et de bois coupé et abattu environ eux. Si chevauchèrent les Allemands cette part; et y survint monseigneur Arnoul de Blankenheym et sa route (suite), et assaillirent ceux de Nouvion, qui dedans les bois s'étoient boutés; lesquels se défendirent tant qu'ils purent: mais ce ne fut mie grandement, car ils ne tinrent point de conroi (ordre) et nepurent durerà la longue contre tant debonnes gens d'armes. Si furent ouverts et leur fort conquis, et mis en chasse; et eny eut bien, que morts que navrés, bien quarante, et perdirent tout ce que apporté là avoient. Et ainsi étoit, et fut ce pays de Thierasche couru et pillé sans déport (délai); et en faisoient les Anglois leur volonté. Si se partit le roi Édouard de Fervaques où il étoit logé,et s'en vintà Montreuil; et là se logea un soir;et lendemain il vint,

(1) Fervaques, abbaye de l'ordre de Citeaux, dans le diocèse de Noyon, qui est maintenant détruite. Quelques manuscrits disent, Femi; il est difficile de choisir entre ces deux leçons, la marche d'Édouard ayant pu être dirigée également vers l'un ou l'autre de ces lieux. J'ai cru néanmoins devoir préférer la leçon du texte, parce que plusieurs des manuscrits dans lesquels on lit ici Femi, porient, Fervaques à la fin du chapitre. J. D.

et tout son ost, loger à la Flamengerie; et fit toutes ses gens loger environ lui où il avoit plus de quarante quatre mille hommes: et eut conseil et intention qu'il attendroit là le roi Philippe et son pouvoir,et se combattroit à lui comment qu'il fut.

CHAPITRE LXXXIX.

COMMENT LE ROI DE FRANCE FIT SES GENS LOGER A BUIRONFOSSE POUR LA ATTENDRE LE ROI D'ANGLE

TERRE; ET

COMMENT LE COMTE DE HAINAUT S'EN

VINT LE SERVIR.

LE ROI de France étoit parti de Saint-Quentin atout (avec) son plus grand effort; et toujours lui croissoient gens, et venoient de tous pays. Si exploita tant ledit roi et tout son ost qu'ils vinrent à Buironfosse; et là s'arrêta le dit roi, et commanda à toutes ses gens loger et arrêter; et dit qu'il n'iroit plus avant tant qu'il eut combattu le roi Anglois et tous ses alliés, puisqu'il étoit à deux lieues près.

Si très tôt que le comte Guillaume de Hainaut, qui se tenoit au Quesnoy, tout pourvu de gens d'armes, put savoir que le roi de France étoit logé et arrêté à Buironfosse, en espoir de combattre les Anglois, il se partit duQuesnoy à (avec) plus de cinq cents lances, et chevaucha tant qu'il vint en l'ost du roi de France, et se représenta au dit roi son oncle, qui ne lui fit mie si liée (joyeuse) chère que le comte voulut, pour cause de ce qu'il avoit été devant Cam

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bray avec son adversaire le roi Anglois et fortement apouri (apauvri) et couru Cambrésis. Nonpourquant (néanmoins) le comte s'en porta assez bellement et s'excusa si sagement au roi son oncle, que le roi et tout son conseil pour cette fois s'en contentèrent assez bien, et fut ordonné des maréchaux, le maréchal Bertrand et le maréchal de Trie (2), à soiloger au plus près des Anglois.

CHAPITRE XC.

COMMENT LA JOURNÉE FUT PRISE ET ASSIGNÉE ENTRE

LES DEUX ROIS POUR EUX COMBATTRE.

OR SONT ces deux rois de France et d'Angleterre logés entre Buironfosse et la Flamengerie en plein pays, sans nul avantage, et ont grand désir, si comme ils montrent, d'eux combattre. Si vous dis pour certain qu'on ne vit oncques si belle assemblée de grands seigneurs qu'il y eut là; car le roi de France y étoit lui quatrième de rois: premièrement avec lui étoient le roi Jean de Bohême, le roi de Navarre, le roi d'Écosse; aussi de ducs, de comtes et de barons tant que sans nombre; et toujours lui croissoient gens de tous les pays du monde. Quand le roi Anglois fut arrêté à la Capelle en Thierasche, ainsi que vous avez ouï, et il sut de vérité que le roi Philippe son adversaire étoit à deux petites lieues de

(1) Robert Bertrand seigneur de Briquebec, fait maréchal de France en l'année 1328. (Chronol. histor, milit. T. 2. P. 120.) J. D.

(2) Mathieu de Trie créé maréchal de France en 1318, J. D.

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