Изображения страниц
PDF
EPUB

pour le plus preux chevalier de Flandre et pour le temps vaillant homme, et qui le plus hardiment avoit tous dis (jours) servi ses seigneurs. Ce sire Courtrisien compagnoit et honoroit durement ces seigneurs d'Angleterre, ainsi comme vaillants hommes doivent toujours honorer étranges chevaliers à leur pouvoir; mais il en eut au dernier mauvais loyer (récompense); car il fut accusé de cet honneur qu'il faisoit aux Anglois contre l'honneur du roi de France: si que le roi commanda très étroitement au comte de Flandre qu'il fit tant, comment qu'il fut, qu'il eut le dessus dit chevalier, et que si cher qu'il l'aimoit lui fit couper la tête. Le comte qui n'osoit trépasser le commandement du roi, fit tant, je ne sais comment ce fut, que le sire de Courtrisien vint là où le comte le manda. Si fut tantôt pris et tantôt décolé (1); de quoi moult de gens furent grandement dolents de pitié, car il étoit moult aimé et honoré au pays, et en surent au comte moult mal gré.

[ocr errors]

Tant exploitèrent ces seigneurs d'Angleterre en Flandre, que ce Jaquemart d'Artevelle mit plusieurs fois le conseil des bonnes villes ensemble, pour parler de la besogne que ces seigneurs d'Angleterre quéroient, et des franchises et amitiés qu'ils leur offroient de par le roi d'Angleterre leur seigneur, sans qui ( du quel) terre et accord ils ne se peuvent bonnement ni longuement chevir (prospérer). Et tant parlementèrent ensemble qu'ils furent d'accord en telle manière qu'il plaisoit bien à

(1) Il fut exécuté à Bruges suivant Meyer, à Rupelinonde suivant quelques autres. ( Ann. de Fland. fol. 137. Vo. )J. P.

tout le conseil de Flandre que le roi Anglois et toutes ses gens pouvoient bien venir et aller à (avec) gens d'armes et autrement par toute Flandre, ainsi qu'il lui plairoit: mais ils étoient si forment (fortement) obligés envers le roi de France qu'ils ne le pourroient grever,ni entrer en son royaume, qu'ils ne fussent atteints d'une si grand' somme de florins que à (avec) grand' malaise en pourroient-ils finer (trouver); et leur prièrent que ce leur voulut suffire jusques à une autre fois. Ces réponses et ces exploits suffirent adonc assez à ces seigneurs; puis s'en revinrent arrière à Valenciennes à (avec) grand' joie. Souvent envoyoient leurs messages devers leur seigneur et lui signifioient ce qu'ils avoient besogné; et le roi leur renvoyoit grand or et grand argent pour payer leurs frais et départir à ces seigneurs d'Allemagne qui ne convoitoient autre chose.

En ce temps trépassa le gentil comte de Hainaut sept jours au mois de juin, l'an de grâce mil trois cent trente sept. Si fut enseveli aux Cordeliers à Valenciennes; et là fit-on son obsèque et chanta la messe l'évêque Guillaume de Cambray ("), et y eut grand'foison de ducs, de comtes, de barons, et de chevaliers: ce fut bien raison, car il étoit grandement aimé et renommé de tous. Après sa mort se trait (retira) à la comté de Hainaut, de Hollande et de Zélande, messire Guillaume son fils, qui eut à fem

(1) Quelques manuscrits portent treize cent trente huit. Cette leçon ne peut être admise: il est certain que Guillaume comte de Hainaut mourut le 7 Juin 1337. (Hist. gén. de la mais, de Fr. T. 2. P. 784.)·J. D. (2) Il s'appeloit Guillaume d'Auxone. (Gall. Christ T. 3. Col. 42.) J. D.

me la fille au duc Jean de Brabant; et fut cette dame, qui s'appeloit Jeanne, douée de la terre de Binch), qui est bien moult bel héritage et profitable; et madame Jeanne de Valois sa mère s'en vint demeurer à Fontenelles (2) sur Escaut, et elle usa le demeurant (res'e) de sa vie comme bonne dame et dévote en la dite abbaye, et y fit moult de biens en l'honneur de Dieu.

CHAPITRE LXVII.

COMMENT AUCUNS CHEVALIERS ET ÉCUYERS FLAMANDS ÉTOIENT EN L'ILE DE CADSAND QUI GARDOIENT COUVERTEMENT LE PASSAGE CONTRE LES ANGLOIS.

DE TOUTES ces devises et ordonnances, ainsi comme elles se portoient et étendoient, et des conforts et des alliances que le roi Anglois acquéroit par deçà la mer, tant en l'Empire comme ailleurs,étoit le roi Philippe tout informé ; et eut volontiers vu que le comte de Flandre se fut tenu en son pays, et eut attrait (attiré) ses gens à son accord: mais ce Jaquemart d'Artevelle avoit jà si surmonté toutes manières de gens en Flandre, que nul n'osoit contredire à son opinion, mêmement le comte leur sire ne s'osoit clairement tenir en Flandre son pays; et avoit envoyé madame sa femme et Louis son fils en France,

(1) Binch ou Binche, petite ville du Hainaut Autrichien. J. D.

(2) Abbaye de filles de l'ordre de Cîteaux, située à peu près à une lieue de Valenciennes. J. D.

(3) Il avoit épousé Marguerite de France, deuxième fille duroi Philippe le Long, de laquelle il eut Louis, surnommé de Male du lieu de sa naissance. (Hist. gén, de la mais. de Fr. T. 2. P. 738 et 739.) J.D.

pour doute (crainte) des Flamands. Avec ce se tenoient en l'île de Cadsand aucuns chevaliers et écuyers de Flandre en garnison, dont messire Dutres de Hallewyn (2), et messire Jean de Rhodes et les enfants de l'Estrief étoient capitaines et souverains; et là gardoient le passage contre les Anglois, et faisoient guerre couvertement (secrètement): dont les chevaliers d'Angleterre qui se tenoient en Hainaut étoient tous informés que si ils s'en ralloient par là en leur pays, ils seroient rencontrés; parquoi ils n'étoient mie bien asseur (assurés). Nonobstant ce,chevauchoient eux et alloient à leur volonté parmi le pays de Flandre, et par les bonnes villes; mais c'étoit sur le confort de Jaquemart d'Artevelle, qui les portoit et honoroit en toutes manières, ce qu'il pouvoit. Or retournerons un petit au duc de Brabant.

(1) Froissart l'appelle Gagant, c'est une île située entre la ville de l'Écluse et l'ile de Walcheren en Zélande. J. A. B.

(2) Les annales de Flandre disent mieux le Duckere (seigneur) de Hal'ewyn. J. A. B.

CHAPITRE LXVIII.

COMMENT LE DUC DE BRABANT ENVOYA SES MESSAGES PAR DEVERS LE ROI DE FRANCE POUR LUI EXCUSER DE L'ALLIANCE QU'IL AVOIT FAITE AVEC LES ANGLOIS; ET COMMENT LES SEIGNEURS D'ANGLETERRE S'EN RETOURNERENT.

QUAND le duc de Brabant (eut fait ses convenances (dispositions) à (avec) ces seigneurs d'Angleterre, si comme vous avez oui, il s'avisa que le roi de France autrefois lui avoit été contraire. Si se douta (craignit) qu'il ne fut durement informé contre lui, pour occasion des Anglois, et que s'il avenoit que l'emprisedu roi d'Angleterre ne vint à son chef, que le roi de France ne le voulut guerroyer; et lui fit comparer (acheter) ce que les autres avoient accordé. Si envoya de son conseil au roi de France monseigneur Louis de Cranehen (sage chevalier durement, et plusieurs autres de son conseil, pour le excuser, et prier au roi qu'il ne voulut croire nulle mauvaise information contre lui; car moult enuis (malgré lui) il feroit aucune alliance ou convenance contre lui: mais le roi d'Angleterre étoit son cousin germain, si ne lui pouvoit bonnement escondire (refuser) sa venue dedans son pays ni de ses gens, leurs frais payants;

(1) Les imprimés omettent tout ce qui est dit ici du dục de Brabant, et abrègent considérablement le reste du chapitre. J. D.

[ocr errors]

(2) Butkens nomme ce chevalier Léon de Crainhem, et le qualifie, sire de Grobbendonck. ( Trophées de Brabant. P. 4 25.) J. D.

« ПредыдущаяПродолжить »